L'Office national des statistiques (ONS) vient d'annoncer un taux d'inflation national de 3,9% pour l'année écoulée, contre 5,7% en 2009 et 4,8% en 2008. Une baisse qui semble à contrario de la réalité et réfute, pourtant, la situation critique qui a généré des émeutes populaires. La cherté de la vie est constamment déplorée par le citoyen qui éprouve de plus en plus de mal à remplir son couffin. Cependant, l'ONS affirme que les prix à la consommation ont augmenté de 2,7%, situant l'évolution annuelle en 2010 à peine à 3,9%, soit une nette baisse comparativement à l'année 2009. Le taux d'inflation reste, selon l'office national des statistiques, en deçà de celui relevé en 2009 qui était alors de l'ordre de 5,7% et légèrement supérieur à celui prévu par la loi de finances 2010 qui l'avait estimé à 3,5%. Les explications seraient dues au " (…) résultat de la nette décélération du rythme de hausse observée, notamment pour les produits agricoles frais ". Une " variation " qui trouve ses origines " (…) notamment dans une hausse relativement importante des prix des biens alimentaires qui sont de 4,2%, avec notamment 2,11% pour les produits agricoles frais et 6,04% pour les produits alimentaires industriels ". Le manque de " clarté " des chiffres avancés par l'Office national des statistiques serait dû, selon l'expert auprès de la Banque mondiale, M'Hamed Hamidouche, principalement à deux facteurs, celui de la gouvernance au niveau de l'ONS et l'échantillonnage opéré par cet office. M. Hamidouche soutient que " le problème de l'ONS réside dans sa gouvernance qui se trouve balisée par le côté politique des gens qui sont censés n'avoir rien avec l'Etat ". Il explique aussi cette " baisse " de l'inflation par le fait de " l'échantillonnage et du nombre des produits ciblés ". Selon cet expert " les produits alimentaires et agroalimentaires ont enregistré une baisse durant le premier semestre de l'année et ont connu une hausse au deuxième semestre. L'été 2010, les prix de matériaux de construction ont connu une hausse au troisième trimestre ". Il y aurait eu un peu plus de clarté si l'ONS procédait par trimestre, comme partout dans le monde. A mon avis, 3,9 % est un chiffre représentant une moyenne annuelle qu'il est difficile d'évaluer du fait de son caractère annuel. D'autant que la tendance était à la baisse durant le 1er et le 2éme trimestre autant sur le plan national que sur le plan international. Dans un article publié il y a trois années et rédigé par M. Hamidouche, ce dernier expliquait les mécanismes d'évaluation de la politique économique où il est fait appel à la fameuse grille mise au point par l'économiste N. Kaldor et connue sous le nom de carré magique. Celle-ci est " une représentation des principaux objectifs de la politique économique selon quatre paramètres, à savoir la croissance économique évaluée par le taux de croissance du produit intérieur brut (PIB), la situation de l'emploi mesurée par le taux de chômage en pourcentage de la population active, la stabilité des prix (le taux d'inflation en pourcentage) et, enfin, l'équilibre des comptes extérieurs, c'est-à-dire le solde de la balance des paiements en pourcentage du produit intérieur brut (PIB) ". Notre croissance, en 2010, a été de 4 %, le taux de chômage a été évalué à 10 % et le PIB tournant autour de 150 milliards de dollars.