Avec la Tunisie comme pays d'honneur le salon littéraire "Le Maghreb des livres" qui s'est ouvert samedi à l'Institut du monde arabe (IMA), aura passé en revue toutes les lettres tunisiennes dans un moment où la révolution du jasmin a fait le tour du monde et a ému plus d'un. Le bal fut donc ouvert en présence d'écrivains, journalistes et artistes, venus participer à l'hommage qui fut rendu à la littérature tunisienne dans cette 17e édition. Articulée autour d'une rotation triennale entre les trois pays du Maghreb, ce sera par la suite le tour du Maroc en 2012, puis de l'Algérie en 2013 d'être à l'honneur de cette manifestation, le 16e ayant déjà été consacrée à la littérature algérienne. Intervenant lors de cette inauguration, George Morin, président de l'association "Coup de soleil", initiatrice de l'événement, a déclaré que cette rotation décidée pour la Tunisie cette année "arrive au moment du printemps tunisien qui nous a tous rendus très fiers d'un peuple qui se remet debout". "Nous n'avons ni prévu la révolution, ni changé notre programme de cette manifestation, en fonction des évènements de Tunisie et nous aurons à nous rencontrer avec l'ensemble des écrivains, journalistes, universitaires qui viennent de Tunisie et apporteront leur témoignage sur ce qui s'est passé au cours de ces dernières semaines", a-t-il ajouté. Intervenant à son tour, le maire de Paris, Bertrand Delanoë, qui a ouvert cette année les portes de l'Hôtel de ville pour abriter cette manifestation culturelle, a affirmé que "Le Maghreb des livres" est "un moment pour le partage de l'intelligence, de la beauté, de la création, du talent et j'aime que le Maghreb soit chez lui à Paris". "La liberté et le respect de tous les êtres humains est absolument indispensable pour que l'on puisse éclore le meilleur du génie humain. Et voila que chaque fois qu'il y un espace de liberté qui s'ouvre, je pense que c'est une quête de la culture, de la création, des arts et de la connaissance", a jouté ce natif de Tunisie. Il faut rappeler que l'organisateur de cet unique rendez-vous où l'on passe en revue les créations pas toujours prolifiques du Maghreb a pour objectif, de mettre en lumière les apports multiples du Maghreb et de ces populations à la culture et à la société françaises se définit Coup de Soleil. Il y aura comme invités algériens outre Anouar Benmalek, Maïssa Bey, Malek Chebel, Abdelkader Djemaï, Yasmina Khadra, Youcef Merrahi, Mohamed Fellag, Fadéla M'rabet, Leïla Sebbar, Slim ou encore Habib Tengour. Tous ou presque ont signé des ouvrages en 2010, et c'est sans doute pas ça qui a motivé ces invitations puisque la plupart de ces écrivains notamment Yasmina Khadra, Maïssa Bey ou encore Anouar Benmalek sont des habitués. Puisqu'il y aura plein feu sur la Tunisie, une librairie a été installée spécialement pour les auteurs de ce pays qui mettront dedans plus de 500 titres paraphés en 2010 chez les éditeurs de France et du Maghreb. Faut pas croire que ça sera que des romans, puisque dans le Maghreb des livres comme dans une foire exceptionnelle on trouve aussi des essais, de la poésie, du théâtre et des nouvelles. En plus des discussions qui se sont faites autour de Cafés littéraires, des tables rondes, des rencontres, ainsi que des lectures de textes par de jeunes comédiens, il y a eu la présence de lycéens de l'Ile-de-France et de Provence qui présenteront leurs travaux sur " La Chine est encore loin " un film censuré en Algérie et signé Malek Bensmaïl. Un hommage a retenu l'attention : ça sera celui que rendront les organisateurs à l'islamologue algérien Mohamed Arkoun décédé en fin d'année et la poétesse et chanteuse algérienne, Taos Amrouche. "L'évolution des structures familiales au Maghreb" fut l'un des thèmes abordés par l'universitaire Fatma Oussedik tandis que l'historien Daho Djerbal animera un débat autour de l'histoire de 1940 et les mouvements nationalistes au Maghreb après la défaite de la France. Nadjet Khadda, universitaire et présidente du jury d'attribution du prix Mohammed Dib donnera une conférence sur "Le mécénat culturel et la place du livre au Maghreb: l'exemple tunisien".