En novembre 2007, le puissant cyclone Sidr faisait des milliers de victimes au Bangladesh, réduisant à néant une partie de la récolte de riz du pays. Un an après, le Bangladesh devenait le premier pays à mettre au point une stratégie de lutte contre le changement climatique de plusieurs milliards de dollars. L'objectif : doper la production agricole et améliorer la sécurité alimentaire afin d'anticiper une dégradation des conditions météorologiques. "S'il est un pays sensibilisé et mobilisé, c'est bien le Bangladesh", affirme Maria Sarraf, économiste senior pour les questions d'environnement à la Région Asie de la Banque mondiale. "Alors que d'autres pays se projettent dans une situation de changement climatique, le Bangladesh en subit déjà les conséquences". À l'instar du Bangladesh, l'économie de la majorité des pays en développement repose sur l'agriculture. Soixante-quinze pour cent des pauvres dans le monde sont des ruraux et la plupart dépendent de l'agriculture pour vivre. Dans ces conditions, la croissance économique sera deux à quatre fois plus efficace pour lutter contre la pauvreté si elle est basée sur l'agriculture. Or, alors que depuis plusieurs décennies les investissements dans l'agriculture et le développement rural sont insuffisants, la satisfaction des besoins futurs en exige encore beaucoup plus. Selon les experts, la production agricole devra augmenter de 70 % d'ici 2050 si l'on veut nourrir une population mondiale de 9 milliards d'individus. Quant aux modèles climatiques, ils prédisent une situation nettement plus incertaine dans les décennies à venir. Une nouvelle étude du projet Foresight consacrée à l'avenir de l'alimentation et de l'agriculture (L'avenir de l'alimentation et de l'agriculture - pdf (a)) met en garde contre les risques de disparition des terres agricoles, à l'horizon de 40 ans, sous l'effet de l'urbanisation, de la désertification, de l'élévation du niveau de la mer et de la salinisation croissante de l'eau - un phénomène auquel peu de cultures peuvent s'adapter. Selon ce rapport, les événements climatiques extrêmes risquent également de s'aggraver et de se multiplier, renforçant la volatilité de la production et des prix alimentaires. Ce sont des conditions climatiques défavorables qui ont contribué à la crise alimentaire de 2008 tandis que les sécheresses, les précipitations excessives et les inondations ont affecté les récoltes des grands producteurs céréaliers et alimenté une augmentation des prix tout au long de l'année 2010. L'indice des prix alimentaires de la Banque mondiale a augmenté de pratiquement 30 % l'année dernière et, selon le Food Price Watch, cette flambée des prix aurait plongé près de 44 millions de personnes dans l'extrême pauvreté. R.A.