Le Copa-Cogeca (organisations agricoles et coopératives de l'UE) et le Coceral (Comité du commerce des céréales, aliments du bétail, oléagineux et agrofournitures) ont, chacun, publié, vendredi, leurs prévisions pour les récoltes de céréales de 2011 dans l'Union européenne. La production céréalière totale des 27 Etats membres est attendue à 284,7 Mt (+3,7 %) selon le Coceral, à 282,1 Mt (+2,4 %), selon le Copa-Cogeca. " Face à une situation tendue sur le marché mondial des céréales et à une augmentation de la demande en céréales, le Copa-Cogeca demande des mesures pour augmenter la productivité des céréales dans l'UE ", a-t-il souligné, dans un communiqué. " Le marché mondial du blé devrait resté tendu jusqu'à la fin de la campagne actuelle du fait d'une demande mondiale en aliments pour animaux plus élevée.(...). La production de blé tendre pourrait se situer à 131,4 millions de tonnes (Mt) selon le Coceral, en hausse de 3,4 % par rapport à 2010, avec des semis en hausse de 1,1 %. Pour le Copa-Cogeca, elle pourrait atteindre 129,7 Mt, en progression de 2,7 %, avec des surfaces pratiquement stables. Les nouvelles prévisions pour les céréales du Copa-Cogeca pour cette saison montrent une légère augmentation de la production en blé de seulement 2,3 %, avec des producteurs confrontés à des coûts de production élevés et des taux de croissance des rendement faibles ", a souligné Ian Backhouse, président du groupe de travail en charge des céréales de l'organisation. Pour rappel, le dernier rapport de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) prévoit une hausse de 3,4% de la récolte mondiale de blé en 2011, à 676 millions de tonnes, en raison d'un accroissement des surfaces cultivées dans de nombreux pays. Les producteurs ont également semé davantage en réaction à la montée des prix, souligne la FAO dans ses premières prévisions pour 2011. Elle évoque aussi une augmentation des rendements, notamment en Russie. La récolte de blé en 2011 restera néanmoins en deçà des fortes productions enregistrées en 2008 et 2009. Il est trop tôt pour donner une prévision pour l'ensemble de la production mondiale de céréales, estime la FAO, car les grains hors blé et riz n'ont pas encore été semés dans l'hémisphère nord et la perspective est contrastée dans l'hémisphère sud. Selon la FAO, les prix mondiaux du blé ont reculé lors des trois premières semaines de mars pour atteindre un niveau inférieur d'environ 40% à celui touché en mars 2008, lorsque la flambée des céréales avait provoqué des "émeutes de la faim" dans le monde. L'agence onusienne a par ailleurs revu en hausse ses données concernant la production mondiale de céréales en 2010, évoquant désormais un total de 2,237 milliards de tonnes (contre 2,229 milliards de tonnes précédemment). Aux Etats-Unis, la récolte de blé est attendue en recul de 5,8% à 56,6 millions de tonnes, soit son plus bas niveau depuis 1970. A l'inverse la Russie, où la sécheresse a plombé la production céréalière en 2010, devrait voir sa récolte de blé bondir de 32,5% à 55 millions de tonnes.il faut savoir dans ce sens que la ministre russe de l'Agriculture Elena Skrynnik a annoncé vendredi que Moscou allait prolonger la mesure jusqu'à octobre prochain. La ministre a par ailleurs précisé que fin septembre-début octobre, après calcul du volume de la récolte, un éventuel prolongement des mesures d'embargo pourrait être décidé. "Pour l'instant, notre principale tâche est d'effectuer de façon efficace et à temps les semis de printemps sur 50 millions d'hectares, dont ceux de céréales sur au moins 30 millions d'hectares, ce qui nous permettra d'obtenir une récolte de 85 millions de tonnes de céréales", a ajouté Elena Skrynnik. La semaine dernière, le Premier ministre Vladimir Poutine a indiqué que la Russie avait effectué 20% de moins de semis d'hiver que ce sur quoi tablaient les prévisions, des conditions climatiques défavorables l'empêchant d'être conforme à ses objectifs. En conséquence, les semis de printemps devront être considérablement augmenté. Notons que les marchés agricoles vont tourner leur attention dans les prochains jours vers un rapport très attendu du département américain de l'Agriculture (USDA) sur la répartition des surfaces cultivées aux Etats-Unis, alors que les prix du blé et du maïs sont repartis en nette hausse. Ce document, qui doit être publié jeudi, "donnera une indication de la répartition des surfaces cultivées en 2011 aux Etats-Unis", ont expliqué les analystes de Barclays Capital. "Nous anticipons une augmentation de la surface totale, avec comme principaux bénéficiaires le maïs et le coton. En plus des surfaces, les conditions météorologiques et les rendements seront des éléments clés pour évaluer la production américaine", ont-ils poursuivi. "Les inquiétudes nées ces derniers temps d'un possible printemps humide dans les zones de culture de maïs pourrait impliquer plus d'hectares consacrés au soja plutôt qu'au maïs", ont-ils prévenu. Le centre des Etats-Unis a connu des premiers jours de printemps très humides, avec des chutes de neige, ce qui pourrait pousser les agriculteurs à attendre pour semer, ce qui favoriserait le soja, semé plus tard que le maïs. Si ces conditions humides ont soutenu les prix du maïs sur la semaine écoulée, c'est à l'inverse la sécheresse des plaines du Sud du pays qui a dopé les cours du blé. Dans ces régions, le blé d'hiver a besoin de précipitations pour leur croissance. Le maïs a également été soutenu par des rumeurs d'achat par la Chine d'une quantité importante de cette céréale aux Etats-Unis, confirmées en fin de semaine par l'USDA. Après deux semaines marquées par une brusque chute des prix suivie d'un petit rebond, les marchés faisaient du surplace depuis lundi. " Le plus important rapport de l'année sur les cultures est attendu jeudi de la semaine prochaine, avec les intentions de semis et le relevé trimestriel sur les stocks ", a souligné Frank Cholly, de Lind-Waldock, en référence à la publication du département américain de l'Agriculture attendue le 31 mars. " Après tous ces brusques mouvements... on est passé d'achats exagérés à des ventes exagérées, on essaie d'opérer quelque part au milieu jusqu'à ce que le rapport soit publié ", a ajouté l'analyste. Vers 15H00 GMT/16h00 HEC vendredi, le boisseau (environ 25 kg) de maïs à échéance en mai s'échangeait à 7,0750 dollars sur le Chicago Board of Trade, contre 6,85 dollars vendredi dernier. Le contrat de blé à échéance identique montait à 7,43 dollars, contre 7,23 dollars sept jours plus tôt. Le boisseau de soja pour livraison en mai s'établissait à 13,60 dollars.