Massés autour du port pétrolier de Brega, les insurgés libyens se préparaient jeudi dernier à lancer une contre-offensive contre l'armée de Mouammar Kadhafi, qui a repris depuis trois jours sa progression dans l'est de la Libye. L'information faisant état de la défection, du ministre libyen des Affaires étrangères, Moussa Koussa, durant la journée du mercredi, a mis du baume au coeur des rebelles, contraints depuis mardi dernier de lâcher prise face aux différents assauts des forces gouvernementales, et ce, malgré le soutien aérien de la coalition occidentale. Le porte-parole des insurgés à Benghazi, fief de l'insurrection, Moustafa Gheriani a estimé que "c'est le début de la fin pour le régime de Kadhafi". De son coté, le chef d'état-major de l'armée américaine a toutefois jugé que Mouammar Kadhafi et ses hommes n'avaient pas dit leur dernier mot. "Nous avons sérieusement dégradé ses capacités militaires (...) Nous avons réduit ses forces de 20 à 25%. Cela ne signifie pas qu'il soit proche de la rupture du point de vue militaire, parce que ce n'est pas le cas", a expliqué l'amiral Mike Mullen. Il faut noter que les forces rebelles, repliées près de Brega où des combats ont eu lieu jeudi dernier, ont prévu de reprendre leur progression vers l'Ouest. "Si Dieu le veut, il y aura aujourd'hui d'autres raids aériens (de la coalition contre les kadhafistes) mais de toute façon nous avancerons", a laissé entendre Mouneim Moustafa, un combattant armé d'un fusil d'assaut AK-47. Cela intervient à un moment ou l'idée de livrer des armes aux rebelles est évoquée par Washington, Paris et Londres. Des responsables américains ont cependant avancé que Barack Obama avait autorisé la CIA, les services secrets, à mener des opérations clandestines pour appuyer les insurgés. Selon des experts, des membres des forces spéciales seraient déjà sur le terrain pour aider les avions alliés à localiser et à frapper leurs cibles. Le secrétaire américain à la Défense, Robert Gates, s'est refusé cependant à commenter les activités de la CIA tout en assurant qu'il n'y avait pas de "bottes" américaines sur le terrain. En France, le ministre de la Défense, Gérard Longuet, a également affirmé que la France n'avait pas déployé de troupes au sol en Libye et a ajouté que la livraison d'armes aux rebelles n'était "pas à l'ordre du jour". L'Otan, qui a concrètement pris jeudi le commandement des opérations, a souligné qu'elle entendait faire appliquer strictement la résolution de l'Onu imposant un embargo sur les armes destinées à la Libye. "Nous sommes là-bas pour protéger le peuple libyen, pas pour lui donner des armes", a dit à Stockholm son secrétaire général, Anders Fogh Rasmussen. Un prêtre apostolique à Tripoli a fait savoir qu'une quarantaine de civils avaient trouvé la mort lors de bombardements aériens alliés sur la capitale libyenne. L'Otan a déclaré qu'elle enquêtait sur ces allégations et que pour le moment aucun élément ne venait les étayer. A Paris, un porte-parole de l'état-major a souligné qu'aucun appareil français n'avait opéré dans la zone de Tripoli.