Les participants à un atelier d'évaluation sur la relance de la culture de la tomate industrielle ont appelé, à Guelma, à "davantage de mesures réglementaires en faveur de la relance de cette filière qui ambitionne de réaliser une production nationale de 60.000 tonnes pour la saison en cours". Les recommandations ayant sanctionné cette rencontre tenue mercredi à l'initiative du conseil national interprofessionnel de la filière tomate, en présence du secrétaire général du ministère de l'agriculture et du développement rural, de cadres agricoles et de producteurs, ont mis l'accent sur l'élaboration d'un programme de travail regroupant tous les acteurs activant dans ce domaine. Les grandes lignes de ce programme portent sur des mesures "susceptibles de réunir les conditions pour une amélioration substantielle de la production à travers un meilleur soutien financier et technique aux producteurs et aux transformateurs". Les recommandations préconisent, entre autres, le développement de l'irrigation selon le système du goutte à goutte et la mécanisation de la filière ainsi que des "solutions aux pertes subies par les producteurs et les transformateurs". Soulignant le recul important de la production de tomate industrielle, qui est passée de 89.000 tonnes en 1989 à 40.000 tonnes actuellement, les participants ont appelé à un "redressement urgent" de cette filière afin qu'elle puisse satisfaire progressivement les besoins de la consommation nationale, évalués à 80.000 tonnes annuellement. Rappelons que pour préparer la campagne 2010-2011, le comité interprofessionnel de la filière tomate industrielle séances de travail visant à fixer les objectifs de la campagne en cours, qui sont de 12 900 ha pour une production de l'ordre de 400 000 tonnes de tomate fraîches, dont 314 000 tonnes seront transformées pour un équivalent de 60 000 tonnes de double concentré de tomate (DTC), soit une croissance de 50% comparativement à la campagne écoulée. La tomate industrielle est principalement cultivée au niveau de quatre wilayas de l'est du pays (Annaba, Guelma, Skikda, El Tarf) sur une superficie de 13 500 hectares (2009-2010) assurant une production de 380 000 tonnes fraîche, ayant permis de produire 40 000 tonnes de double concentré de tomate. Par ailleurs, dans la continuité des efforts du comité interprofessionnel visant à assurer un développement durable de la filière, par la modernisation progressive des techniques de production, il est prévu la tenue courant mars 2011 d'un atelier national sur la culture de la tomate devant regrouper les professionnels ainsi que l'ensemble des intervenants dans la filière à savoir : la recherche-développement, les structures techniques, les finances et assurances etc.. Pour rappel, le comité interprofessionnel constitue un espace de concertation et de proposition dans lequel sont impliquée toutes les pages de la filière tomate qu'ils soient agriculteurs, transformateurs et autre opérateur économique. Notons que la tomate a enregistré une production record en 2010, avec 7 millions de quintaux, soit une croissance de près de 100% par rapport aux 3,8 millions de quintaux de l'année d'avant, toujours selon des données officielles. Cette hausse de la production est due à la relance des conserveries, au nombre de 13 situées à l'est du pays pour la plupart. La production nationale de la tomate industrielle a augmenté en 2010, atteignant une moyenne de 290 quintaux à l'hectare contre 120 en 2009, alors qu'elle ne dépassait pas les 89 quintaux à l'hectare dans les années 1990. Ainsi, la production de la tomate industrielle en 2010 a atteint le record de 99 000 tonnes sur 15 000 hectares. Il est fort à signaler qu'une grande partie (95%) de ce rendement est issue des quatre wilayas de l'est : El Tarf, Guelma, Annaba et Skikda. Par conséquent, l'augmentation du rendement à l'hectare met fin à plusieurs années de stagnation de la production à l'origine de la fermeture de 10 conserveries sur les 17 en activité à l'est du pays. Vu l'augmentation de la quantité de tomate industrielle récoltée, qui s'est accompagnée d'une amélioration de la qualité du produit, les dix conserveries ont pu fonctionner à plein régime pour une capacité de production globale de 11 100 tonnes/jour. Dans ce contexte, les producteurs et les conserveurs attribuent ce bon résultat particulièrement aux subventions accordées par l'Etat et l'effacement des dettes des agriculteurs. Chose qui a poussé ces derniers à vouloir battre le record de cette année et atteindre une production de 700 quintaux à l'hectare en 2011. Pour autant, les conserveurs sont aussi optimistes. Stimulés par les 50 000 tonnes de concentré de tomate produites durant la campagne 2010, ils souhaitent répondre aux besoins nationaux de l'ordre de 75 000 tonnes en 2011. Les conserveurs se concentrent à produire suffisamment pour le marché national et ensuite exporter à partir de 2015. A cet effet, ils préconisent une meilleure protection des récoltes en se préservant notamment de l'araignée. D'autre part il est aussi fort à signaler que l'augmentation du rendement à l'hectare de la tomate industrielle ne s'est pas faite au détriment de la tomate dont la production a dépassé 29 000 tonnes, en 2010. Cette redynamisation de la filière tomate industrielle s'est répercutée positivement sur l'emploi dans la région est du pays. Des agriculteurs et des conserveurs affirment que la filière avec ses activités en amont et en aval, a créé quelque 30.000 postes de travail permanents et saisonniers. Alors que la filière de la tomate industrielle était au plus mal ces dernières années, elle a perdu quelque 25 000 hectares de surface cultivable, passant de 32 000 à 7 000 hectares de 1998 à 2008.