Les chefs d'entreprise provençaux adhérents à l'Association pour le développement du partenariat industriel en Méditerranée (Adeci) présents au Maghreb maintiennent leurs efforts pour favoriser les partenariats entre les deux rives de la Méditerranée. Réunis à Marseille récemment par l'Adeci, une dizaine de chefs d'entreprise provençaux ont fait le point sur les conséquences des crises sociopolitiques sur la rive sud de la Méditerranée. "Les bouleversements dans ces pays ne changent rien au niveau de la démarche de notre association. Nous maintenons nos efforts de développement dans cette zone et nous continuerons à travailler en 2011 avec nos partenaires locaux habituels", affirme Hicham El Mérini, président de l'Adeci. Il prépare, a-t-il ajouté, selon un communiqué publié sur le Net, l'extension de son catalogue d'offres de partenariat à l'international de PME travaillant dans les secteurs de l'environnement ou des énergies. Publié à l'automne 2011, il comprendra 250 propositions d'entreprises françaises (région Paca), algériennes, marocaines, tunisiennes, libanaises et égyptiennes. Les 15 et 17 novembre 2011, une centaine de patrons méditerranéens des deux rives se retrouveront à Marseille pour des journées B to B avec la collaboration des pôles de compétitivité français EA Eco-entreprises, CapEnergies, Risques et SCS (Solutions Communicantes Sécurisées). "Les changements vont probablement créer une dynamique pouvant conduire à une concurrence plus ouverte, permettant de libérer, encore plus, l'initiative, notamment celle de la nouvelle génération des chefs d'entreprise des pays tiers méditerranéens, favorisant ainsi l'emploi et le renouveau de l'économie. Ils vont permettre de redonner toute sa place à un partenariat nord-sud entre PME des deux rives de la Méditerranée empreint de solidarité et animé par la recherche d'un bénéfice partagé", se félicite Hicham El Mérini. L'Adeci s'engage également au quotidien avec ses clubs d'entreprises Paca Maghreb. "Ils réunissent des entrepreneurs membres de l'association, déjà implantés ou effectuant des flux d'échanges commerciaux réguliers et significatifs dans un ou plusieurs pays du Maghreb", commente Jean-Claude SItbon, directeur de l'Adeci. "En soixante-douze heures, nous avons vécu la première révolution arabe. Le vendredi tout éclatait. Le samedi nous fermions l'usine et le lundi nous ouvrions à nouveau." explique Michel Poli, P-DG marseillais de Politext, délocalisant, en 1990, à Sousse, une partie de sa production (vêtements techniques pour les cyclistes et les triathlètes). "Présents en zone offshore, nous nous contentons de transformer sur place et ne vendons pas sur le marché tunisien. Notre personnel a surveillé l'outil de production ", a-t-il ajouté. Le P-DG français note un "changement dans les mentalités et un optimisme extraordinaire ainsi que l'envie de créer et de produire dans ces pays maghrébins. En septembre 2010, il a investi 500 000 € dans le transfert de son usine et dans l'achat des murs et continue à s'impliquer dans ce pays. "Je voudrais monter une franchise de magasins et je viens de devenir sponsor de l'équipe tunisienne de cyclisme. Mon objectif est de créer dès 2011 une compétition amateur puis professionnelle en 2012 et enfin une Coupe du monde en 2013," dévoile le patron de Politext. Le spécialiste des capteurs solaires Giordano, basée à Aubagne près de Marseille, est implanté en Tunisie depuis 1996, et au Maroc depuis 1998. En 2011, il déménageait son usine tunisienne à Grombalia (près de Hammamet) dont il réexporte 20% de la production. "Aujourd'hui l'activité est normale", assure Jean-François Petit, responsable du développement international chez Giordano. Patrick Boukobza travaille, quant à lui, en Algérie depuis 1985. Il a créé, en 1992, la société CIME (matériel de traitement d'air) en France, dans la région de Marseille. Une activité essentiellement tournée vers l'Algérie . "Il faut être là malgré les problèmes. Nos clients nous préfèrent malgré la concurrence qui arrive des Espagnols, Chinois, Turcs et Libanais, tout simplement car nous sommes présents ici depuis vingt ans." L'entreprise compte trente-deux salariés dont vingt en Algérie et le capital de la filiale algérienne est plus important que celui de la structure française. "Je ne me sens absolument pas en danger en Algérie. Les difficultés ne se situent que sur le plan de la lourdeur administrative et bancaire", assure Patrick Boukobza. Prestataire de service dans l'automatisme et l'informatique industriels depuis vingt-sept ans, dont dix-sept ans en Algérie, François-Marie Tirand croit toujours au potentiel de l'Algérie. "Il existe encore un marché énorme en Algérie mais il faut être patient d'autant plus que les lois changent. C'est vrai que la lourdeur et la lenteur du système algérien bancaire pèsent sur nos activités." Travaillant beaucoup avec le Maroc via sa société Amesys Intyernational (systèmes électroniques destinés à l'énergie et l'environnement), Hicham El Merini dresse un parallèle entre les points positifs." Les projets d'infrastructures se développent et l'évolution sociale est indéniable dans ces trois pays du Maghreb", estime-t-il.