Essaha, (La cour) le premier tour de manivelle de ce film que tout le monde présente comme étant la première comédie musicale dans l'histoire du cinéma algérien, a été donné, mardi dernier, à l'esplanade Agora. Signé Dahmane Ouzid, le coup d'envoi symbolique du tournage de Essaha a drainé une grande foule d'amateurs du 7e art et des curieux. Le projet de ce cinéaste date de 1988, une année fatidique pour l'image et le son puisque les trois entreprises publiques de l'audiovisuel, (ENPA, ANAF, CAAIC) ont été dissoutes en cette même période. Ce n'est que près d'une décennie plus tard et à la faveur de la manifestation d'“Alger, capitale de la culture arabe 2007 ” que ce projet est relancé tout en étant bien sûr réactualisé. En fait, Essaha est un sujet à 100 % environnemental. C'est l'histoire d'une nouvelle cité d'habitation, laquelle est dotée d'un terrain devant être affectionné en espace vert. Malheureusement, dans cet endroit émergent des centres commerciaux, voire d'autres constructions, au détriment de l'environnement. Par ce film, le cinéaste voudrait montrer l'importance du cadre de vie dans un environnement architectural harmonieux, aéré et vert… “ Cette comédie est un plaidoyer pour la préservation de l'environnement. Nous voulons changer de mode de vie par rapport aux convictions de la jeunesse, par rapport aux anciens dont l'esprit s'est sclérosé, s'étant adapté à certaines situations, que ces jeunes refusent d'accepter ” a soutenu le cinéaste qui a signé, auparavant, d'autres œuvres pour la télévison entre autres. Une fois encore, Dahmane Ouzid a fait appel pour l'écriture de son scénario à l'écrivain et scénariste Salim Aïssa , lequel lui a déjà ficelé le texte du feuilleton El Ghaieb. Essaha n'a donc rien à voir avec El Ghieb puisque le réalisateur est sur un tout autre registre, celui de la comédie musicale. Pour ce faire, le cinéaste a fait un casting très musical avec beaucoup de chorégraphes dénichés à l'Institut d'art dramatique de Bordj El Kiffan et notamment dans certains ballets. Le choix du réalisateur s'est porté sur la chorégraphie et les chants dans la pure tradition de la comédie musicale classique. “L'objectif est de renouer avec la poésie populaire, déclamée ou chantée, et la gestuelle corporelle ” selon ses explications à l'APS. Plusieurs noms de la musique algérienne figurent dans ce chantier. Il s'agit de Cheikh Sidi Bemol, Youcef Boukella et Redouane Bouhired…Le réalisateur prévoit deux versions, une première pour le grand écran et une seconde, en plusieurs épisodes, pour la télévision. Connu surtout dans le milieu du petit écran, Dahmane Ouzid a décroché trois Fennecs d'or de la meilleure réalisation pour son film Le Retour. Après des études cinématographiques à Moscou, le cinéaste intégrera le 7e art par le biais de l'entreprise publique défunte, l'ONCIC. Son palmarès ? Deux prestigieux prix, dont une distinction à l'étranger en 1982 pour le film La Berceuse. Son film, L'Absent a obtenu quatre nominations lors de la 1re édition des Fennecs d'or. “Jusqu'à maintenant, nous sommes restés dans ce que l'on appelle, les films d'intervention sociale ainsi que des films traitant la parenthèse de la décennie noire. Notre but est de revenir à la jeunesse algérienne. Quand on vit dans un pays où 80% de la population a pratiquement moins de 25 ans, il est bien clair que nous devons être plus proches de sa préoccupation sans tomber dans le cliché, où nous continuerons de prendre en charge le mal-vivre de ces jeunes gens. On devrait dépasser la douleur. Il faut montrer un environnement d'optimisme. ” a-t-il soutenu lors de l'une des ces interventions ajoutant que pour “ réaliser une comédie musicale, il nous faudrait 30 milliards de centimes. Nous allons essayer de rester dans l'enveloppe habituelle moyenne d'un film classique, estimée de 8 à 10 milliards de centimes ”. Pour le montage financier, Dahmane Ouzid souligne que le commissariat “ Alger, capitale de la culture arabe ” , ne finance pas le film mais le subventionne avec une aide d'un milliard de centimes. Il espère avoir la même somme du FDATIC. La boite de production Lotus Film qui s'engage dans l'aboutissement de ce projet discute, pour sa part, une coproduction avec l'ENTV. En parallèle, le réalisateur tentera d'attirer sponsors et collectivités locales.