Le président de la Banque mondiale, Paul Wolfowitz, accusé de népotisme, a annoncé jeudi sa démission au 30 juin, mettant fin à deux ans d'une présidence controversée. Sur la sellette pour avoir accordé une promotion et une augmentation à sa compagne Shaha Riza, la décision du président de la Banque mondiale et ancien numéro 2 du Pentagone met ainsi fin à la controverse qui paralyse la Banque mondiale depuis un mois. La situation apparaissait de plus en plus comme un handicap menaçant de ternir la réputation de la BM et d'entraver sa capacité à convaincre les pays contributeurs à travers le monde de continuer à verser des millions de dollars destinés à l'aide financière aux pays pauvres. La situation du président de la Banque n'était plus tenable depuis la publication, lundi 14 mai, du rapport du comité ad hoc chargé d'enquêter sur l'avancement et les augmentations salariales consentis à sa compagne avant qu'elle ne soit détachée au département d'Etat, en 2005. Le rapport concluait qu'en dictant lui-même au responsable des ressources humaines de la Banque les termes des promotions de Mme Riza, M. Wolfowitz "s'était placé de facto dans un conflit d'intérêts". Le comité soulignait "la crise de crédibilité et d'autorité" qui en résultait pour l'institution. Ce document avait renforcé le camp des partisans du départ de M. Wolfowitz au sein de l'administration Bush - Henry Paulson, le secrétaire au Trésor, et Condoleeza Rice, la secrétaire d'Etat - et réduit au silence ceux qui, avec le vice-président Dick Cheney, affirmaient que l'affaire avait été montée en épingle par les Européens pour se venger d'un des principaux artisans de la guerre en Irak. Le conseil d'administration de la Banque mondiale lui a, cependant, sauvé la face en déclarant qu'il "accepte" sa déclaration selon laquelle "il a agi de façon éthique et en toute bonne foi". Autre concession du conseil, il reconnaît "que de nombreuses erreurs ont été commises par plusieurs personnes (...) et que la Banque n'a pas démontré sa capacité à gérer les tensions rencontrées". Cette affirmation d'un partage des responsabilités était exigée par M. Wolfowitz qui se reconnaissait responsable mais pas coupable. Aucun arrangement financier n'agrémente ces subtilités et le président bénéficiera de la clause de son contrat qui prévoit, en cas de départ, le paiement d'un an de salaire, soit 375 000 dollars (278 000 euros). Cette démission représente un nouvel échec pour George W. Bush dont M. Wolfowitz, ancien numéro deux du Pentagone, avait inspiré la politique en Irak. Le président américain a déclaré "regretter qu'on en soit arrivé là" et exprimé son "admiration pour Paul Wolfowitz". La Maison-Blanche a, par ailleurs, souligné jeudi que le président Bush annoncerait "bientôt un candidat afin de permettre une transition ordonnée". Il convient de rappeler que lors de la crise, certains observateurs avaient estimé que la règle accordant aux Etats-Unis et aux Européens le privilège de nommer les dirigeants des deux institutions pourrait être battue en brèche. A ce titre, le nom du Premier ministre britannique Tony Blair est évoqué comme l'éventuel successeur de Paul Wolfowitz.