Des milliers de policiers ont été déployés dans les rues de Londres, avant-hier soir, pour maîtriser pillards et émeutiers dont le mouvement, déclenché samedi, s'est étendu à plusieurs villes britanniques. Au quatrième jour des violences, de nouveaux incidents ont été rapportés à Wolverhampton et West Bromwich, deux villes du centre de l'Angleterre, où des magasins ont été pillés et des voitures incendiées, mais aussi à Manchester et dans la ville voisine de Salford (nord-ouest). "Un magasin est en feu et 200 jeunes rassemblés dans le centre-ville ont été dispersés par la police", a précisé un porte-parole de la police de Manchester. Les émeutes avaient déjà gagné lundi Birmingham (centre), Bristol (sud-ouest) et Liverpool (nord-ouest) et plusieurs quartiers de la banlieue de Londres, comme Hackney et Croydon. Le Premier ministre David Cameron a été contraint d'écourter ses vacances en Italie pour rentrer à Londres, annoncer des renforts de police et convoquer le Parlement en séance extraordinaire, jeudi. Les images de jeunes gens masqués pillant des magasins et d'immeubles en flammes passent en boucle sur les télévisions britanniques, ternissant l'image du pays à un an des Jeux olympiques de Londres. "Personne ne doit douter que nous ferons tout ce qu'il est possible pour ramener l'ordre dans les rues de Grande-Bretagne", a déclaré David Cameron devant le 10 Downing Street. Dans un communiqué, la police dit que la nuit de lundi à mardi a été "la pire nuit que la police métropolitaine (MET) ait connue avec des niveaux inacceptables de pillages, d'incendies et de troubles". LA POLICE SUR LA SELLETTE Seize mille policiers ont été déployés dans les rues de Londres, avant-hier, soir contre 6 000 la veille, a annoncé David Cameron, parlant de la nécessité "d'une réponse policière plus vigoureuse." "Il y a déjà eu 450 personnes arrêtées. Nous nous assurerons que les procédures judiciaires soient accélérées et il faut s'attendre à voir , beaucoup plus d'arrestations dans les jours à venir", a ajouté le chef du gouve rnement. Un homme de 26 ans, atteint par une balle alors qu'il se trouvait dans sa voiture à Croydon, dans le sud de Londres, a succombé, avant-hier, à ses blessures. La MET a de son côté fait état de 111 blessés dans ses rangs depuis le début des émeutes. La colère des émeutiers pourrait être alimentée par les conclusions rendues mardi soir par la commission chargée d'enquêter sur les conditions dans lesquelles la police a abattu un homme dont la mort a été à l'origine des premières émeutes samedi à Tottenham. Les premiers rapports indiquaient que Mark Duggan, 29 ans, avait tiré sur les forces de l'ordre avec un pistolet retrouvé à ses côtés, mais selon un communiqué de la Commission indépendante des plaintes contre la police (IPCC), "il n'existe à ce stade aucune preuve que l'arme retrouvée sur la scène (du crime) ait été utilisée" contre les policiers. JEUNES DEFAVORISES Le pays s'interroge sur les raisons de ces violences, les plus graves depuis des décennies. La classe politique et la police y voient de la "violence gratuite et du vol opportuniste, ni plus ni moins", selon les termes du vice-Premier ministre, Nick Clegg. Mais les habitants des quartiers concernés et certains commentateurs les attribuent aux tensions entre les jeunes et la police, aux difficultés économiques en cette période d'austérité et aux écarts de richesse croissants. De nombreux émeutiers, qui viennent souvent de quartiers où le chômage règne, se disent marginalisés. "On n'a pas de boulot, pas d'argent. On a entendu que des gars prenaient des trucs gratos, alors pourquoi pas nous ?", a dit E.Nan, entouré d'autres jeunes gens dans un quartier populaire de l'est de Londres, très touché par les émeutes. "C'est triste de voir tout ça", estime un électricien de 39 ans d'Hackney, Anthony Burns. "Mais ces gamins n'ont pas de boulot, pas d'avenir et les coupes budgétaires n'ont fait qu'empirer la situation. Ce n'est que le début. " Le gouvernement britannique ne parvient pas à rétablir une croissance forte et a fait des coupes sombres dans les dépenses sociales et augmenté les impôts, tout cela dans l'espoir de réduire le déficit budgétaire. Jusqu'à présent, David Cameron a résisté aux appels à freiner cette cure d'austérité. Après ces évènements, il sera probablement poussé à faire davantage d'efforts pour les quartiers défavorisés.