Les pillages et les violences ont repris de plus belle dans plusieurs villes du Royaume-Uni, atteignant pour la première fois Manchester. Alors que plus de 1 100 personnes ont été interpellées jusque-là, Scotland Yard a reconnu avoir affaire à une situation «sans précédent», en raison de l'ampleur des émeutes qui continuent à embraser plusieurs quartiers défavorisés. Pour les analystes, «ces émeutes sont l'expression d'une frustration sociale et une explosion de colère longtemps réprimée contre la police». Troisième ville du pays, Manchester, dans le Nord-Ouest, semblait la plus touchée. Une cinquantaine de personnes ont été interpellées. Le chef-adjoint de la police locale Garry Shewan a évoqué une intensité qu'il «n'avait jamais observée auparavant». Des centaines de jeunes encagoulés ont affronté et lancé des projectiles sur les policiers antiémeutes, brisant des vitrines, pillant, mettant le feu à des magasins et des voitures. A une quarantaine de kilomètres, à Liverpool, 200 jeunes ont bombardé la police de projectiles et causé des dégâts. 35 personnes ont été interpellées. Des incidents mineurs ont encore été signalés à Reading, Oxford et Milton Keynes, à une cinquantaine de kilomètres à l'ouest et au nord-ouest de Londres. La capitale est restée globalement calme, après le déploiement de 16 000 policiers contre 6 000 la veille. Mais une forte tension était perceptible : de nombreux magasins avaient fermé plus tôt que prévu et à Canning Town, quartier très défavorisé de l'est de la capitale, la police faisait face à des groupes de jeunes, sans affrontement. Depuis samedi dernier, 1 100 personnes ont été arrêtées et 111 policiers blessés à Londres, dans les pires violences depuis plus de 20 ans, causant la mort d'un homme de 26 ans, blessé par balle. Pour la deuxième nuit consécutive, d'autres incidents ont éclaté dans la deuxième ville du pays, Birmingham, et sa banlieue. Signe de cette tension persistante, trois personnes, qui tentaient selon des médias de protéger leur quartier des pilleurs, ont été écrasées dans la nuit de mardi à mercredi dans cette même ville par une voiture dans des circonstances encore confuses. A West Bromwich, toujours dans la ville de Birmingham, 200 personnes derrière des barricades ont lancé des projectiles sur les forces de l'ordre, brûlé véhicules et magasins, et à Wolverhampton des magasins ont également été pillés. 109 personnes ont été arrêtées. A Nottingham, au centre du pays, un commissariat a été incendié à coups de cocktails molotov. David Cameron a lancé hier mardi un message de fermeté depuis le perron de Downing Street. «La population ne doit avoir aucun doute sur le fait que nous ferons tout ce qui est nécessaire pour rétablir l'ordre dans les rues et les rendre sûres pour ceux qui respectent la loi», a assuré le chef du gouvernement, rentré précipitamment de vacances. «Si vous êtes assez vieux pour commettre de tels crimes, vous êtes également assez vieux pour être punis», a-t-il menacé les jeunes émeutiers, dont certains n'ont qu'une dizaine d'années. Le Premier ministre a aussi annoncé la convocation pour demain d'une session extraordinaire du Parlement, et devait présider ce mercredi une nouvelle réunion d'urgence du gouvernement. Un recours à l'armée est pour l'instant exclu, même si les émeutes s'étendent dans le pays face à des policiers visiblement débordés. Les images d'immeubles calcinés et de magasins pillés tournaient à nouveau en boucle sur les chaînes de télévision britanniques ce mercredi matin. Une publicité dont se serait bien passé la capitale à un an des Jeux olympiques. Pour décourager les émeutiers, la police a publié les photos de fauteurs de troubles prises par des caméras de surveillance et suit les réseaux sociaux qui servent de relais aux émeutiers. Elle a également demandé aux parents de surveiller leurs enfants le soir. Un commissariat incendié à Nottingham, 8 arrestations Dans la ville de Nottingham au centre du pays, «le commissariat de police de Canning Circus a été incendié au cocktail Molotov par un groupe de 30 à 40 hommes», a annoncé la police, en précisant qu'il n'y avait «pas de blessés signalés pour le moment». «L'incendie du commissariat a été circonscrit», et «au moins huit personnes ont été arrêtées», selon la même source.