Les soirées au théâtre de verdure Laadi-Flici se suivent et ne se ressemblent pas. Du chaâbi à l'incantation religieuse en passant par la variété algérienne, le théâtre s'illumine tous les soirs de mille feux.Bonne ambiance ce week end avec l'habitué des grandes arènes, Djamel Allam, le communicatif, le chaleureux qui prend le temps de dire des choses et de faire de la musique. Temps tiède, assez de monde sur les gradins. C'est presque le dixième invité de "layali Ramadhan ", le rendez-vous traditionnel que propose chaque mois sacré l'établissement Arts et culture de la wilaya d'Alger. Il a 62 ans mais il est entouré de jeunes. Djalel Allam l'éternel chanteur au look d'étudiant, croit fort en la musique et il peut tout casser si vous méprisez ce qu'il fait car, lui il travaille dure. Pléthore de chassons au goût nostalgiques mais aussi très classique : Djamel Allam a préparé son répertoire avant de venir. Le public le connait bien et lui connait bien le public. Pour entrer dans son vrai rôle, il entamera son concert par un hommage à son compère H'ssisen, l'interprète de la fabuleuse, " A tir El Kabs ", chanté par le géant El Hasnaoui. Passé l'hommage de H'ssisen, Djamel Allam passera à un autre hommage au révolutionnaire du chaâbi, El Hachemi Guerouabi avec l'une de ses chansons. Puis il ne s'arrêtera plus, "yemma azizen urtru " du regretté Farid Ali, du chant patriotique sur musique de Mustapha Sahnoun, Djamel Allam choisi tous les genres et tous les répertoires pour pas décevoir. Et même puisque nous sommes à Alger et que le genre algérois est très bien reçu localement, le chanteur va servir un " y a bellaredj " de Fadila Dziria. S'il a passé en revue les classiques de ces chanteurs qui sont tous trépassés, c'est d'abord parce que çà plait et c'est immortel. Djamel Allam le reconnait, la preuve c'est qu'il dédie la première partie de son concert à tous les artistes qui ont marqué durablement la scène artistique. Après ce prélude avec lequel il a chauffé sa voix en donnant de l'appétit au public, il s'engage enfin a ouvrir son répertoire pour chanter du Allam. Le mois sacré l'éxige, il entonna un "Allah Allah ya al ghani allah" puis juste après il sert, " Thella " un ancien tube, puis " Mara Dyoughal (quand il reviendra), Rouh Rouh, écrite en 1985, Gatlato, tiré de l'album Si Slimane, durant les années 1970, une période faste pour cet artiste, Djawhara, chanson hymne à la beauté que Djamal avoue affectionner particulièrement. "Cette chanson est en passe de devenir ma chanson fétiche", lance-t-il au public. Reprennent les hommages pour Dahmane El Harrachi et tant d'autres, et ainsi Djamel Allam qui sera à partir de demain à la médina du complexe touristique du 5 juillet, le 25 août au TRB de Béjaïa, et le 26 août à la Maison de la culture de Tizi Ouzou et ainsi, il aura fait le tour de tas de son répertoire. "Yous yous des anges" En 2004, Djamel Allam a signé Gouraya, une compilation qui n'a pas réellement cartonné puisque le chanteur y avait servi la plupart de ses vieux succès revus et corrigés. Djamel Allam a servie en 2008 une véritable cuvée de ceux qui vieillissent sans perdre de leur attrait. L'album qui fut largement médiatisé était doté d'un titre tiré tout droit du fantasmagorique : "Les yous yous des anges"! En toute honnêteté, le chanteur avait révélé que l'idée de ce titre lui était venue en écoutant une chanson de Farid Ali racontant le récit d'un combattant qui meurt pendant la guerre de libération. " Il y a un passage qui m'a séduit, celui où il dit " le jour où je mourrai, je verrai le visage du prophète Mohamed (QSSSL), enflammé de yous yous des anges." C'est de là qu'est parti ce succulent titre révélé comme une prémonition pour le reste de l'album travaillé durant trois années entières. Enregistré en majorité au Canada et en France, cet album casse et avec ce qui se fait actuellement chez nous et avec ce que Allam a l'habitude de nous offrir. L'artiste a pris son temps certes mais à aussi tenu à ce qu'il soit entouré de professionnels et de mécènes. Djamel Allam s'était entouré de nombreuses institutions, de nombreux noms comme le King du raï Cheb Khaled, Mohamed Lamine, Fellag, Akli D, la fratrie des Djemaï, Sid Ahmed Agoumi etc. Distribué par Belda Diffusion, ce produit contient 10 titres et 7 minutes d'hommage à Guerrouabi. L'auteur de Les yous yous des anges avait insisté sur le fait que son produit n'ait pas fait de reprises mais plutôt de récits qui raviveraient selon lui les anciens. " C'est mon hommage à El Hachemi Guerrouabi, Allaoua Zerrouki, Ahmed Malek… C'est ma manière de pérenniser la mémoire de ces artistes." dira t-il ajoutant que " la disparition d'El Hachemi Guerrouabi m'a anéantie ". El Hachemi, est plus qu'un ami, c'est un frère. C'est également une voix, une maîtrise, un style, une école, un état d'esprit et une histoire. J'ai eu cette chance de le côtoyer. Ce titre "El Hachemi", je l'ai voulu hommage pour l'homme qui se cache derrière l'artiste". Voilà donc une belle œuvre enfantée loin d'Alger. L'artiste compte ou rêve de réaliser un court-métrage de 12 minutes et d'écrire un livre. Il prépare aussi une résidence avec l'orchestre symphonique national (OSN) avec toute son équipe de musiciens étrangers, un spectacle de deux heures.