Depuis hier, Alger vit au rythme du débat sur les crimes économiques et la lutte contre la corruption avec l'ouverture des travaux du colloque régional sur " les crimes économiques et financiers : lutte contre le blanchiment d'argent ". Le sujet est important et sensible à la fois. Son importance n'est plus à confirmer lorsque l'on tient compte des jeux et enjeux de la mondialisation et des engagements que l'Algérie vient de prendre sur la scène internationale. L'accord d'association avec l'Union européenne, tout comme l'adhésion à l'OMC, exigent, chacun de son côté, des mesures fermes en matière de prévention et de lutte contre la corruption, le blanchiment d'argent et toute sorte de crimes économiques. La sensibilité du sujet, elle aussi, est avérée en se rappelant des scandales que le pays a eu à vivre ces dernières années et l'affaire Khalifa que des officiels à la tête de l'Etat ont, eux-mêmes, qualifiée de "scandale du siècle". Depuis l'apparition des dérapages à répétition, durant ces cinq dernières années particulièrement, l'Algérie ne cesse pas de mettre en place des moyens nécessaires pour renforcer la lutte contre les crimes de cette nature. Le renforcement de l'arsenal juridique dans ce sens s'est soldé par la promulgation de la loi pour la lutte contre le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme en février 2005. Au sein de l'institution financière, les dispositifs de lutte sont également renforcés, notamment au niveau de la Banque d'Algérie et du Conseil de la monnaie et du crédit (CMC). Pour ce dernier, les règlements relatifs à la lutte contre les phénomènes du blanchiment d'argent, de corruption et du financement de terrorisme sont exécutoires et toutes les procédures ont été conçues de manière à responsabiliser toutes les banques. Sur le plan des moyens humains et matériels, une formation des inspecteurs de la Banque d'Algérie dans le domaine de la lutte contre le blanchiment d'argent a déjà été assurée en collaboration étroite avec la Banque mondiale et autres institutions financières d'envergure internationale. Régulièrement, une sorte d'audit est, désormais, instaurée comme une obligation avec l'ensemble des banques commerciales, qu'elles soient du secteur public ou privé, dans le souci de prévenir toute sorte de dérapage et déjouer toute tentative de nuisance à l'économie nationale. L'Algérie, en tout cas, a eu à payer une lourde facture lorsqu'il s'agit de crimes économiques. En effet, outre l'affaire Khalifa qui a scandalisé l'opinion et les pouvoirs publics au niveau national, l'Algérie, faut-il le dire, a failli voir sa crédibilité remise en cause avec les scandales en série de détournements que les brigades économiques et l'instance judiciaire ont eu à déjouer au niveau de nombreuses banques publiques ces trois dernières années. Ni la BNA, ni la BADR, ni la BDL ou la BEA n'en sont épargnées. En tout cas, d'aucuns sont convaincus qu'il est temps que les autorités, à commencer par le gouvernement, le Parlement, la justice et les cadres dirigeants des entreprises publiques, se penchent d'une manière vigoureuse pour éviter à l'économie nationale d'autres scandales de cette nature dus, principalement, à des pratiques liées au détournement de l'argent public, dilapidation des deniers publics et autres abus de biens sociaux et de confiance. C'est aussi dans ce souci que la déclaration du patrimoine tend à devenir obligatoire pour l'ensemble des responsables et cadres de l'Etat.