Les cours du pétrole étaient mitigés, hier, en Asie, aidés par un relatif affaiblissement du dollar mais pondérés par les dernières projections de l'Opep qui anticipe une croissance plus faible que prévu de la demande de brut en raison de la nervosité des marchés. Dans les premiers échanges électroniques, le baril de "light sweet crude" pour livraison en octobre s'octroyait 80 cents à 88,99 USD tandis que le baril de Brent de la Mer du Nord pour livraison en octobre, plus sensible à la conjoncture économique en Europe, cédait 52 cents à 112,25 USD. "Nous voyons que le pétrole bénéficie d'un dollar plus faible", a commenté Ker Chung Yang, un analyste des matières premières chez Phillip Futures à Singapour. Outre la stabilisation de l'euro face au billet vert, la hausse des importations de pétrole de la Chine, deuxième pays consommateur de brut dans le monde, a constitué un motif de soulagement pour les investisseurs. Ces importations ont bondi de manière inattendue en août, progressant de 8,2% sur un mois - soit une hausse 6,4% sur un an pour les 8 premiers mois de l'année, selon des chiffres publiés samedi. Mais l'abaissement lundi par l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) de sa prévision de croissance de la demande d'or noir pour 2011 et 2012 a limité ces gains, selon Ker chung Yang. "C'est une mauvaise nouvelle pour le marché du pétrole", a-t-il affirmé. L'Opep estime désormais que la demande de brut en 2011 devrait s'établir à 87,99 millions de barils par jour (mbj), contre 88,14 mbj lors de sa précédente prévision et de 89,26 mbj en 2012 en moyenne, contre 89,44 mbj estimés en août. L'Opep invoque notamment le recul attendu de la demande aux Etats-Unis, principal consommateur de pétrole au monde, ainsi que les perspectives économiques moroses en Europe. Par ailleurs, le marché pétrolier reste soutenu par des tensions sur l'offre, attisées par les récentes interruptions de production dans le Golfe du Mexique en raison d'ouragans. Le brut remonte la pente à New York et finit en hausse Les prix de l'or noir ont fini en hausse, avant-hier, à New York, rebondissant après avoir pâti en début de journée de la déprime des places boursières européennes, inquiètes de l'éventualité d'un défaut de la Grèce. Sur le New York Mercantile Exchange, le baril de "light sweet crude" pour livraison en octobre a terminé à 88,19 dollars, en progression de 95 cents par rapport à vendredi. A Londres à l'inverse, sur l'Intercontinental Exchange, le baril de Brent de la mer du Nord à échéance identique a cédé 52 cents à 112,25 dollars. "Tous les éléments semblaient réunis pour une chute des cours du pétrole, ce qui est arrivé dans la nuit", a commenté Rich Ilczyszyn, courtier chez MF Global. "Je ne sais pas pourquoi ils sont en hausse maintenant. J'en ai discuté avec les courtiers dans la salle des marchés, tout le monde se gratte la tête", a-t-il ajouté. "Je pense qu'il s'agit d'un rebond technique en raison de couverture de positions" pariant sur une baisse des cours, ce qui tire le marché vers le haut quand les opérateurs liquident ces paris, a-t-il ajouté. Les cours avaient chuté jusqu'à 85 dollars dans les échanges électroniques précédant la séance à la criée sur le marché new-yorkais, dans le sillage des marchés européens qui ont subi de fortes pertes lundi. Les investisseurs s'inquiètent en effet de voir la Grèce faire défaut, une hypothèse évoquée explicitement par le ministre allemand de l'Economie Philipp Rösler. Pour autant, "c'est une journée vraiment étrange", a-t-il concédé, se disant perplexe face au fort rebond des prix en fin de séance. "Le marché pétrolier est focalisé sur la situation économique en Europe. Si la Grèce faisait défaut, cela ferait chuter les banques allemandes et françaises et se traduirait par un ralentissement économique. Ce n'est pas bon pour la demande de pétrole", a relevé Andy Lipow, de Lipow Oil Associates. Face au climat économique morose, l'Organisation des pays exportateurs de pétrole a à nouveau révisé à la baisse sa prévision de croissance de la demande de brut pour 2011 et 2012. Pour les analystes de Commerzbank, "la relative résistance des prix du pétrole est surprenante face aux perspectives économiques moroses aux Etats-Unis comme en Europe, mais peut en partie s'expliquer par la robustesse de la Chine". Les importations de pétrole du géant asiatique, deuxième pays consommateur de brut dans le monde, ont en effet bondi de manière inattendue en août, progressant de 8,2% sur un mois - ce qui correspond pour les huit premiers mois de l'année à une hausse de 6,4% sur un an, selon des chiffres publiés samedi.