Une rencontre internationale sur la menace terroriste à la lumière de la situation en Libye, s'est tenue, hier à Alger, en présence d'un très grand nombre d'experts et de membres de la société civile algérienne. Elle a eu pour thème, “la sensibilisation sur le terrorisme au niveau national et international”. Pour Mme Saïda Benhabyles, présidente du réseau algérien des associations des victimes du terrorisme, cette rencontre a pour but de mettre en lumière la menace qui pèse sur la région du fait des événements qui se déroulent en Libye. "Il y a un certain nombre d'indices qui nous inquiètent sur la circulation des armes. Nous sommes persuadés, s'il n'y a pas campagne de sensibilisation et de prise de décisions sévères pour mettre fin à cette situation d'anarchie, que ce ne seront pas seulement les régions du Maghreb et de la Méditerranée qui seront menacées par le terrorisme, mais toute la planète subira des actes terroristes". Elle ajoute, que le moment est venu de sensibiliser l'opinion nationale et internationale et surtout d'inciter les décideurs à s'impliquer dans cette lutte contre le terrorisme. En effet, les événements en Libye sont un risque de déstabilisation de toute la région, surtout que certains pays occidentaux continuent à ne pas respecter l'embargo sur les armes, s'agissant surtout du conflit armé libyen. Si l'on prend en considération l'analyse d'un expert en la matière, on retiendra tout d'abord : quand un pays vend officiellement des armes à un autre, le gouvernement importateur doit habituellement remplir un certificat de end-user (de destination finale), à savoir qu'il s'engage à ne pas transférer ces armes à d'autres parties, notamment si ce transfert se fait en violation d'un embargo sur les armes décrétées par l'ONU. Cependant, il n'existe pas d'institution internationale qui surveille et applique cette procédure. La surveillance est la chasse gardée des pays exportateurs, et en particulier sous-développés sauf pour le programme "blue Lantern" des Etats-Unis le plus avancé. L'ancien patron du service de contre espionnage français, Yves Bonnet, qui prenait part, hier, à la conférence d'Alger sur la menace terroriste, n'a pas été tendre à l'égard de l'intervention de l'Otan en Libye, soulignant que l'Otan est devenue le bras armé d'une politique qui est clairement celle des Etats-Unis sans légitimation de l'organisation des Nations unies. "Une politique dont on ne peut pas dire qu'elle n'est pas impérialiste. Là on ne peut constater que s'agissant de la Libye ; l'Otan est restée dans cette logique agressive". A son avis, cela ne justifie rien. Evoquant la résolution 1973 du Conseil de sécurité, il explique qu'on a fait d'elle, une application qui est totalement fausse. "Elle est totalement élargie que cela ne ressemble plus à rien. Le prétexte de la protection de la population n'a plus de sens". L'ancien patron du renseignement français indique aussi que parmi les menaces qui pèsent sur la Libye, c'est le CNT, lui-même, avec la présence de radicalistes armés en relation avec la nébuleuse El Qaïda, la présence en son sein également d'islamistes incontestables et la présence même d'éléments d'El Qaïda, ce qui est plus grave, précise-t-il. Et qui vont légitimement être inquiétant, ajoute-t-il, faisant également remarquer le foisonnement inquiétant et important d'armes, en particulier d'armes lourdes ainsi que l'organisation de réseaux qui acheminent ces armes soit en Afrique subsaharienne, ce qui est extrêmement inquiétant et certains parlent même de réseaux qui partent de Libye vers l'Afghanistan, note-t-il. Pour Madjed Naamet, directeur de la publication Afrique Asie, présent également à cette conférence, le droit international n'est plus respecté. "On a mis des siècles à profiler le droit international mais en quelques années, on est en train de le fouler au pied. Je ne suis pas sûr que c'est l'Occident qui sortirait vainqueur de ces pratiques, que ce soit en Irak où récemment encore en Libye". L'intervention militaire en Libye, facilitée par l'attitude vraiment ambiguë et scandaleuse de la Ligue arabe, et avec le soutien de certains supplétifs du monde arabe, a été conçue, préparée de bout en bout essentiellement, par la France et le Royaume-Uni", explique encore M. Madjed. Un autre participant à cette conférence, M. Eric Denécé, directeur du Centre français de recherche sur le renseignement, s'en est également pris à l'intervention de l'Otan en Libye : " si nous avions le courage de déclarer la guerre, sur un plan éthique, nous aurions pu avoir une affaire de cette nature, mais aujourd'hui, on est entré dans une logique où on a tellement dévoyé le droit international sous le prétexte de protéger les populations. L'Otan s'est livrée à un certain nombre d'actions. Mais il n'y a pas que l'Otan, il faut rappeler en permanence le rôle de la Ligue arabe, le rôle du Qatar et tout le monde a voulu la mort du colonel Guedafi".