La compagnie aérienne a ouvert 13 nouvelles lignes avec des prix d'appel à partir de 50 euros depuis Marseille. C'est un pari osé qu'a tenté Air France, avec le démarrage, hier, de 13 nouvelles lignes au départ de Marseille, sa première base de province. Il faut en effet une certaine audace pour lancer d'un seul coup des vols low cost vers des destinations aussi diverses que Brest, Eindhoven, Moscou ou Istanbul, qui plus est au début de la saison d'hiver et en pleine période d'incertitude économique. L'organisation, entièrement nouvelle, avec près de 400 personnels navigants volontaires basés à Marseille à qui l'on va demander de faire voyager 1,3 million de passagers supplémentaires par an, doit permettre de réduire les coûts de fonctionnement de 15%. Il s'agit en effet de répondre à la concurrence frontale de Ryanair, en embuscade sur une demi dizaine de lignes au départ de Marseille. "C'est un peu comme si nous créions une mini compagnie aérienne à Marseille, avec ses dix avions, ses pilotes et ses hôtesses et stewards", résumait mercredi soir Pierre-Henri Gourgeon, le directeur général d'Air France-KLM, lors d'une cérémonie d'ouverture à l'aéroport de Marseille-Provence. Un pari audacieux pour un enjeu considérable, puisqu'il s'agit de stopper le déclin du réseau intra européen d'Air France, mis à mal par le TGV et les low cost. Après Marseille viendra le tour de Nice et Toulouse, début avril, suivies par Bordeaux en juin. A terme, ce sont quelque 4,5 millions de passagers supplémentaires -ou encore de 400 et 500 millions d'euros de recettes additionnelles-qu'Air France espère ainsi générer, toujours selon le même principe. Un seul syndicat signataire En basant des personnels et des appareils dédiés sur chacune de ses principales dessertes régionales, la compagnie peut non seulement réduire ses coûts, en éliminant notamment les frais de mise en place des avions et des personnels, mais surtout faire voler davantage ses appareils et leurs équipages. A Marseille, Air France peut ainsi augmenter son offre de 46%, sans moyens supplémentaires. S'y ajoute la réduction des coûts de 15% pour, au total, des sièges dont le coût de production inférieure de 50% est comparable à celui des compagnies à bas coûts.Cela permet à Air France de sortir un prix d'appel de 50 euros TTC l'aller simple sur lignes courtes et de 80 euros sur les vols plus longs (Casablanca, Beyrouth...). Et ce, avec le même service Air France. "Nous pouvons également ouvrir des lignes longues, comme Istanbul ou Moscou, que nous n'aurions pas pu faire sans baser des avions à Marseille", explique Pierre-Henri Gourgeon. Pour cela, Air France a toutefois dû convaincre ses navigants d'accepter des journées de travail plus longues, en contrepartie de ne plus avoir à monter à Paris pour prendre leur service et de pouvoir regrouper leur temps de travail sur environ deux semaines par mois.Ce qui n'a pas été sans mal. Après une menace de grève, un seul syndicat de PNC a signé le texte final. Et sur les 360 navigants volontaires attendus à Marseille (130 pilotes et 230), il en manque encore une quarantaine. "Les navigants attendent de voir comment cela va se passer", estime Pierre-Henri Gourgeon.