L'armée syrienne faisait face, avant-hier, à une résistance armée dans deux villes, où 19 personnes ont trouvé la mort selon des militants, qui dénoncent la répression sanglante de la contestation qui a valu à la Syrie un huitième train de sanctions de l'Union européenne. Dix personnes ont été tuées à Banache au cours d'affrontements armés avec des soldats, qui ont mené une incursion dans cette ville de la province d'Idleb (nord-ouest) secouée, avant-hier matin, par des bombardements et des affrontements, a rapporté l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Des unités de l'armée syrienne soutenues par des chars et des véhicules blindés de transport de troupes ont lancé ce matin, un assaut contre la ville de Banache et des affrontements ont eu lieu avec des hommes armés qui seraient des dissidents, a annoncé l'OSDH dans un communiqué. L'OSDH fait état de la destruction partielle de maisons et de blessés alors que des bombardements à la mitrailleuse lourde et des explosions résonnaient dans plusieurs endroits de la ville et des ambulances sillonnaient les rues. Les combats et les bombardements se poursuivaient à la mi-journée. Dix personnes, dont certaines étaient armées, ont été tuées dans ces opérations militaires parmi lesquelles un enfant et une étudiante, selon un nouveau bilan de l'OSDH. Dans le même temps, dans la province de Deraa (sud), de violents affrontements entre des soldats et des hommes armés, vraisemblablement des déserteurs, ont fait 9 morts, un officier et 8 soldats, dans la localité de Hara, a rapporté l'OSDH en citant un militant sur place. Et 25 civils ont été arrêtés, selon la même source.Le régime accuse régulièrement des bandes terroristes armées d'être à l'origine des troubles et avait récemment massivement déployé l'armée à Rastane (centre) après plusieurs jours d'affrontements entre soldats et déserteurs. La situation commence à se normaliser (à Rastane), la sécurité se rétablit et les autorités font des efforts pour la reprise des services, a expliqué Ghassan Abdel Al, gouverneur de Homs dont dépend Rastane, au cours d'une visite organisée durant laquelle la presse n'a pu accéder qu'à un gymnase où étaient entreposées des armes. Les rues de la ville située à 185 km au nord de Damas étaient désertes, les magasins fermés et de rares personnes circulaient dans les rues. De son côté, l'Union européenne a décidé d'imposer des sanctions à une banque commerciale syrienne en raison des violations des droits de l'Homme et de la répression des mouvements d'opposition qui a fait plus de 2.900 morts depuis mi-mars, selon l'ONU. Compte tenu de la poursuite de la répression et des violations des droits de l'Homme par le régime syrien contre sa population, l'UE a renforcé aujourd'hui ses mesures restrictives à l'encontre de la Syrie, a indiqué l'UE dans un communiqué. L'UE a gelé les actifs d'une nouvelle entité qui soutient financièrement le régime de Bachar al-Assad, a ajouté le texte qui ne donne pas plus de détails. Selon des sources diplomatiques, cette nouvelle entité est la Commercial Bank of Syria, déjà sanctionnée en août par les Etats-Unis pour son financement présumé de la production de missiles syriens et d'armes non conventionnelles. Il s'agit du huitième train de sanctions de l'UE à l'encontre du régime syrien. L'UE a déjà interdit notamment tout nouvel investissement dans le secteur pétrolier et la fourniture au pays des billets de banque qu'il faisait imprimer en Europe. L'agence officielle a toutefois annoncé la signature d'un contrat avec le groupe allemand Siemens portant sur l'agrandissement d'une centrale électrique au nord de Damas pour un montant de 305 millions d'euros. Par ailleurs, l'ambassadeur de Syrie à Londres a, de nouveau, été convoqué, avant-hier, par les autorités britanniques qui l'ont mis en garde contre tout acte de harcèlement ou d'intimidation d'opposants syriens vivant au Royaume-Uni, a annoncé le ministre des Affaires étrangères William Hague. C'est la troisième fois que l'ambassadeur, Sami Khiyami, est ainsi convoqué et la deuxième fois en lien avec des accusations de harcèlement visant des opposants. La répression a fait plus de 3 000 morts depuis le 15 mars La répression en Syrie a fait plus de 3.000 morts, dont au moins 187 enfants, depuis le 15 mars, a indiqué, hier, le Haut-commissariat de l'ONU aux droits de l'homme qui craint une guerre civile. Le nombre de personnes tuées depuis le début des violences en mars dépasse maintenant les 3 000, dont au moins 187 enfants, a déclaré le haut-commissaire aux droits de l'homme, Navi Pillay, citée dans un communiqué. Plus de 100 personnes ont été tuées durant les 10 derniers jours seulement. En outre, des milliers ont été arrêtées, détenues, victimes de disparition forcée et torturées, a-t-elle ajouté. Le Haut-commissariat estime que les sanctions prises par la communauté internationale à l'égard de Damas n'ont pas modifié l'attitude des autorités syriennes jusqu'à présent, a indiqué un porte-parole, Rupert Colville, lors d'un point de presse. C'est pour cette raison, a-t-il expliqué, que Mme Pillay appelle les Etats à prendre des mesures urgentes pour protéger les Syriens en révolte contre le régime de Bachar al-Assad. Il incombe à tous les membres de la communauté internationale de prendre des mesures de protection de manière collective et décisive, avant que la répression continue impitoyable et les assassinats conduisent le pays vers une véritable guerre civile, a déclaré Mme Pillay.