Les troupes syriennes après un «séjour» de dix jours à Hama ont commencé à quitter la ville rebelle hier La répression n'a pas connu de halte et le pouvoir de Damas tente toujours de museler la contestation par des arrestations massives. La pression internationale continue à s'amplifier et l'idée de sanctions internationales contre le régime syrien gagne de plus en plus d'adeptes. Dans ce sens, les Etats-Unis mènent des discussions avec leurs partenaires pour renforcer les sanctions contre la Syrie et ont renoncé à toute tentative de partenariat avec le régime du président Bachar Al Assad, a indiqué mardi le département d'Etat. «La condamnation politique s'élargit», a déclaré à des journalistes la porte-parole du département d'Etat, Victoria Nuland, rappelant que les Etats-Unis et d'autres pays avaient déjà imposé des «sanctions significatives» contre le président Assad et des responsables de son régime. De son côté, l'ambassadeur de Turquie en Syrie s'est rendu hier dans la ville de Hama (centre) où il a assisté au début du retrait de l'armée syrienne. Cependant, imperturbable, le régime syrien a accentué la répression des manifestants et ignore le concert de condamnations. L'armée syrienne a lancé hier une «opération d'envergure» à Sirmine, ville de la province d'Idleb (nord-ouest) proche de la Turquie, tuant une femme et faisant plusieurs dizaines de blessés, a rapporté l'Observatoire syrien des droits de l'homme. «Une femme est morte et trois autres personnes ont été blessées dans la ville de Sirmine où les forces syriennes ont lancé mercredi matin une opération militaire et sécuritaire d'envergure», a déclaré le directeur de l'Osdh, Rami Abdel Rahmane, selon qui les «forces armées ont fait usage de mitrailleuses lourdes». Des dizaines de troupes quittaient hier matin la ville rebelle de Hama, dans le centre de la Syrie. Après dix jours d'une vaste opération ayant fait plus de cent morts. Suite à des manifestations monstres en juillet contre le régime du président Al Assad qui ne fléchit pas. Une quarantaine de véhicules, arborant chacun un drapeau syrien, chargés de soldats quittaient en fin de matinée la ville, a indiqué une journaliste qui a participé à une visite de presse organisée par les autorités syriennes pour une soixantaine de journalistes. «Par notre âme par notre sang nous nous sacrifions pour toi Bachar» ou «Dieu, la Syrie, Bachar et c'est tout», scandaient certains soldats en faisant le V de la victoire. L'armée était entrée en force à Hama le 31 juillet où une centaine de personnes avaient été tuées lors d'une vaste offensive pour «l'une des journées les plus sanglantes» depuis le début de la révolte, mi-mars contre le régime du président Al Assad, selon des militants. Les opérations de l'armée ont fait, depuis cette date, selon des militants et des témoins, des dizaines d'autres morts dans cette ville où les autorités avaient coupé les moyens de communications pour combattre les «bandes terroristes armées» à qui elles attribuent les troubles depuis le début mi-mars d'une révolte populaire inédite. M. Abdel Rahmane a également fait état d'un «important assaut lancé hier par l'armée dans les localités de Zamalka, Aarbine, et Hammoura, près de Damas, où elle procédait à une large campagne d'arrestations». «Les coups de feu étaient entendus jusque dans les villes voisines», a-t-il ajouté. Hier, la répression a fait au moins 34 morts et plus de 12.000 personnes ont été arrêtées alors que le président Assad s'est dit déterminé à mater la contestation populaire malgré près de cinq mois de pressions et protestations internationales. L'Algérie réitère ses positions Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Belani Amar, a répondu à des questions de la presse sur la situation en Syrie dans lesquelles il explicite et réitère les positions de l'Algérie Quelle est votre réaction à la suite des appels formulés par certaines associations algériennes qui se sont exprimées récemment sur la situation en Syrie? Laissez moi d'abord vous rappeler les principes clairs sur-lesquels se fonde la politique étrangère de notre pays; D'une manière générale et ceci est valable pour les événements qui se déroulent dans le monde arabe, l'Algérie - sans s'immiscer dans les affaires intérieures des Etats - réaffirme constamment son attachement à la souveraineté pleine et entière des pays arabes et à leur unité, ainsi qu'au respect des aspirations légitimes des peuples à la liberté, à la démocratie et au développement. Il s'agit, bien entendu, de prendre en charge et de répondre à ces aspirations par des moyens pacifiques dans le cadre d'un dialogue national responsable, afin de conjurer les risques de violence et d'effusion de sang. Ensuite, je vous rappelle que l'Algérie reconnait les Etats et non les régimes comme cela a été souligné, encore récemment, tant par le Premier ministre, Ahmed Ouyahia que par le ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci. Comment expliquer le silence de l'Algérie face à aux événements sanglants qui se déroulent actuellement en Syrie? Je suis désolé de vous contredire. L'Algérie s'est déjà exprimée sur la situation qui prévaut en Syrie; elle l'a fait, dès le 21 juin dernier, lorsque le ministre Mourad Medelci avait souligné, lors d'un point de presse tenu au Luxembourg à l'issue de la 6e session du Conseil d'Association Algérie-UE, que «l'Algérie est très préoccupée par ce qui se passe dans ce pays frère. Ce qui s'y passe n'est pas acceptable». Aujourd'hui, nous ne pouvons que déplorer les violences et exhorter les parties syriennes à faire prévaloir la voie de la sagesse et du dialogue national inclusif pour surmonter la crise et progresser dans la mise en oeuvre des reformes politiques annoncées par les autorités syriennes afin de préserver la sécurité et la stabilité de ce pays frère qui joue un rôle important dans la région.