Mine d'or noir largement inespérée dans une région déjà abondamment explorée, un nouveau gisement géant de pétrole découvert au large de la Norvège ravive l'engouement de l'industrie pétrolière pour la mer du Nord d'où les majors avaient commencé à se détourner. Cette semaine, le groupe pétrolier norvégien Statoil a doublé ses estimations de réserves pour le gisement Aldous Major South qui, conjointement avec le gisement attenant d'Avaldsnes, pourrait s'avérer être l'une des trois plus grosses découvertes de pétrole jamais réalisée en Norvège. Communiquant entre eux mais répartis sur deux licences de production distinctes, Aldous et Avaldsnes sont désormais présumés receler entre 1,7 et 3,3 milliards de barils équivalent-pétrole (bep) extractibles. Autant que la taille, c'est l'endroit où le gisement siamois a été découvert qui suscite l'enthousiasme: après près de 45 ans de prospection, les espoirs de trouver un nouvel éléphant --un gisement de plus de 1 milliard bep-- dans ces eaux étaient jugés minces. Ceux qui disaient que l'âge du pétrole était terminé en Norvège se sont lourdement trompés, a réagi le ministre norvégien du Commerce et de l'Industrie, Trond Giske. Nous allons continuer à pomper, prospecter et développer de nouveaux champs pendant encore de nombreuses années, a-t-il dit sur TV2 Nyhetskanalen. Depuis le pic atteint en 2001, la Norvège a vu sa production de pétrole reculer quasiment de moitié pour tomber à 1,8 million de barils par jour l'an dernier. En l'absence de découvertes majeures depuis les années 1980, les majors comme BP, ExxonMobil et ConocoPhillips ont commencé à se désintéresser du plateau continental norvégien, laissant la place aux acteurs nationaux ou à des groupes internationaux de taille plus modeste. Sur Aldous/Avaldsnes, Statoil est ainsi associé au groupe familial suédois Lundin, au petit norvégien Det norske oljeselskap --dont l'action a fait un bond spectaculaire cette année-- ou encore au danois Maersk, plus connu pour ses activités dans le transport maritime que dans les hydrocarbures. Mais la découverte d'Adlous/Avaldsnes --plus gros gisement découvert jusqu'à présent cette année dans le monde--, la perspective du maintien du baril à un niveau élevé et le développement de nouvelles méthodes de prospection pourraient bien convaincre de grands acteurs de revenir en mer du Nord. C'est une région où tout le monde commence à réexaminer les données sismiques et à se poser la question: qu'est-ce que j'ai loupé?, estimait Bente Nyland, la présidente de la Direction norvégienne du pétrole, à la mi-octobre. Signe que le sort se joue à peu de choses, un forage de prospection de la compagnie française Elf, depuis rachetée par Total, avait manqué Aldous Major South de trois mètres seulement en 1971. Cette année, les investissements pétroliers devraient atteindre un niveau record en Norvège, à environ 150 milliards de couronnes (près de 20 milliards d'euros), selon la Direction du pétrole. Et cela paie: en 2011, pour la première fois depuis 1997, le pays scandinave a découvert plus de pétrole qu'il n'en a produit. L'industrie pétrolière est aux anges aujourd'hui en Norvège (...) Je suis sûre qu'on n'a pas encore trouvé la dernière goutte, explique Thina Saltvedt, analyste chez Nordea. Le regain d'optimisme, la hausse des coûts et l'augmentation du prix du pétrole font qu'à mon avis, les investissements vont continuer à augmenter ici dans les années à venir, assure-t-elle.