Le gouvernement ne pense pas qu'il y aura de suppression d'emplois en France chez Areva, a déclaré, hier,le ministre de l'Industrie Eric Besson sur la télévision LCI, alors que le groupe nucléaire public s'apprête à annoncer une vaste réorganisation de ses activités. Je ne pense pas qu'il puisse y avoir en France, en ce moment, des suppressions d'emplois chez Areva, a déclaré M. Besson. Il n'a pas confirmé une information de l'hebdomadaire allemand Der Spiegel selon laquelle Areva va supprimer 1.300 emplois en Allemagne et fermer deux sites. Areva, qui a déjà vu le patron de sa filiale allemande démissionner en raison de la réorganisation attendue de ses activités outre-Rhin, devrait rendre publiques ces suppressions d'emplois le 13 décembre à Paris, a précisé l'hebdomadaire allemand sans citer de sources. Alors que l'Allemagne a annoncé sa sortie progressive du nucléaire après la catastrophe de la centrale japonaise de Fukushima, la presse française évoquait jusqu'ici la suppression de 800 emplois chez Areva Allemagne. Areva avait par ailleurs démenti fin octobre des informations de presse évoquant 3 000 à 4 000 suppressions de postes, soit jusqu'à 8% de ses effectifs. Né en 2001 de la fusion de la Cogema et de Framatome, Areva est à 87% dans le giron public, avec pour principaux actionnaires le Commissariat à l'énergie atomique (73%) et l'Etat (10,2%), et est présent sur toute la filière, de la production d'uranium au traitement des déchets en passant par la construction de réacteurs. Sous la houlette de son nouveau patron Luc Oursel, le groupe est en pleine réorientation après la catastrophe de Fukushima et la fin de l'ère d'Anne Lauvergeon. Le plan d'action stratégique attendu le 13 décembre est destiné à remettre à plat les perspectives de l'ensemble des activités du groupe. Dans un courrier du mois d'août publié par le site Owni, le ministre de l'Economie François Baroin demande notamment à Areva d'améliorer ses résultats financiers, plombés par les grands investissements de l'ère Lauvergeon. Le carnet de commandes d'Areva n'est pas mauvais, a néanmoins souligné, hier, M. Besson, après notamment une importante commande de 1,1 milliard d'euros d'EDF en septembre qui donne du travail aux sites de métallurgie d'Areva en Bourgogne. Depuis Fukushima, les annulations de commandes d'Areva sont restées limitées à 301 millions d'euros à la fin septembre, selon le groupe. Mais l'avenir de l'industrie nucléaire est frappé d'incertitude, jusque dans son fief français où le candidat socialiste François Hollande propose la fermeture de 24 réacteurs d'ici 2025 et la reconversion de la filière du retraitement et du combustible MOX, après un accord avec Europe Ecologie Les Verts (EELV). M. Besson a dénoncé une mascarade sur le retraitement avec la confirmation d'un plan de reconversion, après plusieurs péripéties. La candidate EELV Eva Joly veut que l'on dise tout de suite que la filière nucléaire est morte. Mais François Hollande, lui, dit: "Oui, elle va mourir". Elle va mourir en deux temps, et il préfère essayer de l'étouffer avec une espèce d'édredon, de coussin, tranquillement, pour que ça ne soit pas dit, a affirmé M. Besson. Dans une tribune publiée, hier, par la presse, Luc Oursel, estime que le projet socialiste sur le nucléaire entraînerait de désastreuses conséquences économiques, sociales et environnementales. Selon lui, la création d'une filière de démantèlement ne pourrait représenter globalement qu'environ 10% des 45 000 emplois directs détruits.