Les cours des métaux échangés au London Metal Exchange (LME) ont de nouveau battu en retraite cette semaine, l'aluminium sombrant même à son plus bas niveau depuis 15 mois, ébranlés par des signaux inquiétants sur l'économie chinoise et l'aggravation de la crise en zone euro. Depuis fin octobre, rien ne semble enrayer la chute des prix des métaux industriels, dans un marché plombé par l'échec de l'Europe à trouver des remèdes contre la crise des dettes souveraines, tandis que les économies chinoise et américaine multiplient les signaux inquiétants. Les cours ont fortement creusé leurs pertes cette semaine, le cuivre, l'aluminium et le nickel lâchant jusqu'à 4%, tandis que l'étain dégringolait de 5%, alors qu'un indicateur décevant en Chine, premier pays consommateur de métaux de base, contribuait à entretenir la fébrilité des investisseurs. L'activité manufacturière chinoise s'est contractée en novembre, enregistrant sa plus forte chute depuis mars 2009, selon un indicateur publié mercredi par la banque HSBC. "Cet indicateur a ravivé les craintes d'un atterrissage brutal de l'économie chinoise. Même si Pékin assouplit sa politique monétaire (pour aider la croissance), la demande chinoise de matières premières ne va plus être aussi étincelante" à moyen terme, a réagi Julian Jessop, analyste de l'institut britannique Capital Economics. La chute des prix accélère déjà la diminution de la production sidérurgique du pays face à une demande industrielle vacillante, a observé de son côté Xiao Fu, analyste de Deutsche Bank. "Ainsi, en Chine, les importations de minerai de nickel ont chuté en octobre tout comme la production d'acier à base de nickel bon marché. Et le ralentissement de la production d'aluminium pourrait prendre de l'ampleur", a estimé Mme Fu. Car la Chine reste très dépendante de ses marchés à l'exportation, l'Europe et les Etats-Unis, dont les perspectives ne cessent de s'assombrir. Outre l'échec des discussions sur le déficit au Congrès américain, dévoilé lundi, les prix des métaux continuent de pâtir de l'aggravation de la crise de la dette en zone euro. Organisé jeudi, un énième sommet de crise du couple franco-allemand, auquel avait été convié le nouveau chef du gouvernement italien Mario Monti, n'a pas permis de dégager de nouvelles solutions, tandis que même l'Allemagne n'échappait plus aux tensions sur le marché obligataire. "Le marché des métaux de base est au bord du précipice. L'ampleur du rétrécissement du crédit dans la zone euro, et les problèmes d'accès aux liquidités rencontrés par les entreprises industrielles auront des conséquences sur les prix des métaux", ont averti les analystes de Barclays Capital, notant que "la demande européenne de métaux a déjà commencé à se contracter". L'activité privée a poursuivi sa contraction en novembre dans la zone euro, selon un indice PMI publié mercredi, un signal guère de nature à rassurer les opérateurs. "Une récession dans la zone euro plomberait la demande mondiale de matières premières et l'appétit des investisseurs pour les actifs jugés risqués", comme les matières premières, a renchéri Julian Jessop. En outre, le net renforcement du dollar, monté cette semaine à son plus haut niveau depuis 7 semaine face à un euro sous pression, contribue à peser sur les prix, rendant moins intéressants les achats de matières premières, libellés dans la monnaie américaine, pour les investisseurs détenant d'autres devises. L'ALUMINIUM est descendu cette semaine à 1995 dollars la tonne, son plus bas niveau depuis août 2010. Le CUIVRE est tombé cette semaine à 7100, 25 dollars la tonne, au plus bas depuis un mois. Sur le LME, la tonne de cuivre pour livraison dans trois mois s'échangeait cette semaine à 7.276 dollars contre 7525 dollars la semaine précédente. L'aluminium valait 2004 dollars la tonne contre 2105 dollars. Le plomb valait 1994 dollars la tonne contre 2060 dollars. L'étain valait 20'600 dollars la tonne contre 21'300 dollars. Le nickel valait 17.035 dollars la tonne contre 17.850 dollars. Le zinc valait 1901 dollars la tonne contre 1963 dollars.