Les cours des métaux de base échangés sur le London Metal Exchange (LME) ont de nouveau battu en retraite cette semaine, toujours ébranlés par les déboires de la zone euro, peinant à profiter de bons indicateurs chinois et des tensions sur la production de cuivre et d'étain. Les métaux industriels ont continué d'évoluer au gré des développements de la situations en zone euro, agités notamment par les incertitudes sur la Grèce et l'Italie - où la démission annoncée du Premier ministre Silvio Berlusconi pourrait ouvrir la voie à une période d'instabilité politique. "Tout ce qui se passe sur le marché en ce moment est dominé par ces informations politiques", a résumé Gayle Berry, analyste de Barclays Capital, notant que l'envolée à des niveaux historiques des taux de rendement des obligations italiennes avait contribué à alimenter la nervosité des opérateurs et à plomber les cours des métaux. "L'impact de la crise des dettes souveraines sur la consommation de métaux de la région commence à se concrétiser: (le groupe américain) Alcoa a ainsi rapporté jeudi que la demande d'aluminium dans la région avait substantiellement diminué", a ajouté Mme Berry. Dans ce contexte, pris dans des échanges extrêmement fébriles, les cours ont peiné à profiter des signaux encourageants en Chine, premier consommateur mondial de métaux de base. Selon les chiffres des douanes chinoises publiés jeudi, les importations de cuivre du géant asiatique ont grimpé (+0,7%) en octobre, pour le cinquième mois consécutif, atteignant leur plus haut niveau depuis 15 mois. "Les dangers pour l'économie mondiale persistent et se sont même intensifiés ces derniers mois. Mais en-dehors de l'Europe, les indicateurs fondamentaux restent relativement robustes: les Etats-Unis ont surpris récemment avec de bonnes statistiques et la Chine devrait éviter un atterrissage brutal de son économie", a commenté Stephen Briggs, analyste de BNP Paribas. Par ailleurs, l'inflation en Chine a ralenti en octobre à 5,5% sur un an contre 6,1% en septembre: "cela peut inciter le gouvernement à assouplir sa politique monétaire, ce qui aurait un impact positif sur les investissements et la demande de métaux", soulignaient les experts de Commerzbank. Mais les perspectives du marché des métaux restent cependant mitigées: "à la fois la demande mondiale, qui dans l'ensemble a plutôt bien résisté, et les perturbations de l'offre (de cuivre et d'étain) sont ignorées par les opérateurs. La crise des dettes souveraines prend le dessus", a noté Jesper Dannesboe, de Société Générale. L'ETAIN réussissait à limiter ses pertes grâce aux tensions sur l'offre minière mondiale, depuis la décision d'une majorité des producteurs d'étain d'Indonésie (premier pays exportateur mondial) d'interrompre leurs exportations pour faire remonter les cours. L'ALUMINIUM était le seul métal du LME à terminer la semaine en modeste hausse: "la chute des derniers mois a été moins prononcée pour l'aluminium que pour les autres métaux, il a été le plus résistant", a remarqué Stephen Briggs. Même si son prix "reste plombé par des stocks excessivement massifs dans le monde", l'aluminium est soutenu par une demande mondiale "qui ne faiblit pas", a-t-il observé. Le marché pourrait également bénéficier de la diminution de l'activité des fonderies d'aluminium en Chine (40% de la production mondiale d'aluminium raffiné), dont la rentabilité est sérieusement mise à mal par la baisse des cours du métal. Sur le LME, la tonne de cuivre pour livraison dans trois mois s'échangeait cette semaine à 7623 dollars contre 7832 dollars la semaine précédente. L'aluminium valait 2169 dollars la tonne contre 2143 dollars. Le plomb valait 1996 dollars la tonne contre 2031 dollars. L'étain valait 21'700 dollars la tonne contre 22'100 dollars. Le nickel valait 18'350 dollars la tonne contre 18'550 dollars. Le zinc valait 1912 dollars la tonne contre 1943 dollars.