Un attentat suicide a frappé, hier, un quartier historique du centre de Damas faisant des dizaines de morts et de blessés, deux semaines après une attaque similaire imputée par les autorités à Al-Qaïda et par l'opposition au régime contesté de Bachar al-Assad. Cet attentat est survenu au moment où des centaines de Syriens ont commencé à manifester dans plusieurs villes du pays à l'appel des militants pro-démocratie, pour réclamer l'aide de l'ONU en vue d'un arrêt de la répression sanglante de la révolte populaire lancée il y a bientôt dix mois contre le régime. "Un attentat suicide commis par des terroristes a visé les habitants de Midane", le quartier historique du centre de la capitale syrienne, a indiqué la télévision d'Etat, en faisant état de "dizaines de morts et de blessés en majorité de civils". "L'attentat a eu lieu devant un feu rouge dans un quartier populaire près de l'école Hassan al-Hakim, dans un lieu bondé", a précisé la télévision en diffusant les premières images des lieux de l'explosion. Plusieurs ambulances ont été dépêchées dans le secteur. Des images crues diffusées par la télévision ont montré des restes de corps dans un sac plastique noir, des gravats jonchant le sol, des flaques de sang et plusieurs voitures calcinées aux vitres brisées. Le 23 décembre, 44 personnes ont été tuées et 150 blessées dans deux attentats suicide à la voiture piégée à Damas, les autorités syriennes les imputant alors au réseau extrémiste Al-Qaïda, alors que l'opposition accusait le régime du président Bachar al-Assad. Les attaques, qui n'avaient pas été revendiquées, avaient visé la Direction de la sûreté générale, le plus important service de renseignement civil, ainsi qu'un bâtiment de la sécurité militaire dans le quartier de Kafar Soussé (ouest). Il s'agissait des premières attaques du genre depuis le début de la révolte populaire le 15 mars contre le régime qui refuse de reconnaître l'ampleur de la contestation et accuse des "gangs armés terroristes" de créer le chaos dans le pays. Elles étaient survenues au lendemain de l'arrivée d'une délégation arabe qui devait préparer la mission des observateurs de la Ligue arabe entamée trois jours plus tard. Cette mission qui s'est rendue dans plusieurs villes du pays est de plus en plus critiquée notamment par l'opposition syrienne pour ne pas avoir empêché la poursuite de la répression sanglante du mouvement de contestation qui ne donne aucun signe d'essoufflement. Les opposants syriens ont qualifié d'"échec" la mission des observateurs qui se poursuit et appelé à une aide de l'ONU pour mettre fin à l'effusion de sang, la politique de la Ligue arabe qui a donné plusieurs délais au régime syrien ayant conduit selon eux "à une hausse des morts dans la répression". "On espère qu'ils (la Ligue arabe) annoncent l'échec de cette initiative", a déclaré le colonel Riad Assaad, chef de l'Armée syrienne libre (ASL), qui revendique quelque 40 000 militaires ayant fait défection de l'armée syrienne. Le Comité ministériel arabe chargé du dossier syrien se réunit dimanche au Caire pour entendre le rapport du chef de la mission d'observateurs. Le Premier ministre du Qatar, cheikh Hamad ben Jassem Al Thani, président du Conseil, a indiqué que la Ligue arabe devait décider après avoir entendu le rapport si cette mission se poursuivrait et comment. Il a aussi évoqué une possible aide de l'ONU pour les observateurs qui selon lui ont commis "des erreurs" en raison d'un manque d'expérience. "Tout le monde est conscient des dangers qui menacent notre révolution. Nous n'allons pas abdiquer. Nous sortirons (dans les rues) avec notre revendication légitime pour une internationalisation de notre cause" par le biais d'un transfert à l'ONU, ont affirmé les militants pro-démocratie sur la page Facebook. Hier, un homme de 36 ans a été tué par les tirs des forces de sécurité alors qu'il se trouvait au balcon de sa maison à Homs (centre), un bastion de la contestation, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). La veille, au moins 17 civils ont été tués, la plupart à Deir Ezzor (est) lors d'opérations militaires, a ajouté l'OSDH.