Synthèse de Ghada Hamrouche Une délégation ministérielle de la Ligue arabe dirigée par le Qatar est arrivée à Damas et a aussitôt rencontré le président Bachar al-Assad pour engager une médiation en Syrie, où les militants qui manifestent depuis mars ont lancé un appel à la grève générale. Au même moment des dizaines de milliers de manifestants pro-régime se sont rassemblés à la place des Omeyyades pour signifier leur solidarité avec leur président. Le président syrien Bachar El-Assad a entamé donc, hier, ses réunions avec la délégation ministérielle de la Ligue arabe, dont fait partie le ministre algérien des Affaires étrangères, Mourad Medelci, arrivée en Syrie pour discuter avec le gouvernement et l'opposition d'une solution à la crise dans le pays.Outre l'Algérie, la Commission ministérielle arabe sur la Syrie comprend également le Qatar, ainsi que les chefs de diplomatie du Soudan, du sultanat d'Oman et d'Egypte et le secrétaire général de la Ligue arabe, Nabil El-Arabi. Cette Commission est chargée de transmettre aux dirigeants syriens une initiative appelant au dialogue en vue de résoudre la crise et éviter une intervention étrangère dans le pays.Le 16 octobre dernier, l'organisation panarabe avait appelé à la tenue d'une conférence de dialogue national pour mettre fin aux violences émaillant le mouvement de contestation en Syrie. Critiquée dans un premier temps par Damas, qui l'a accusée de vouloir «déstabiliser» la Syrie, la Ligue arabe avait annoncé le 20 octobre avoir finalement reçu l'accord du gouvernement syrien pour cette visite. Une conférence de dialogue national sera présidée dans les prochains jours par le président Al-Assad pour discuter d'une solution pacifique à la crise, malgré la réticence de l'opposition qui a appelé à des manifestations et à une grève générale dans le pays.La visite de cette délégation intervient alors que 19 personnes, dont neuf militaires, ont été tuées hier, en Syrie, où la répression a fait depuis mi-mars plus de 3 000 morts, en grande majorité des civils, selon l'ONU. L'organisation Human Rights Watch (HRW) a appelé la Ligue arabe à demander au gouvernement d'autoriser l'envoi d'observateurs indépendants sur le terrain.A l'occasion de la visite de la Commission arabe, des manifestations appelant à la chute du régime ont eu lieu dans plusieurs localités de la province d'Idleb, à Hamourié, à Hama, dans le quartier de Kafar Soussé, à Damas, et à Deraa, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) et les Comités locaux de coordination (LCC) qui animent les protestations sur le terrain.Parallèlement, des dizaines de milliers de Syriens, agitant des drapeaux et des portraits du président Al Assad, se sont rassemblés sur la place des Omeyyades, en plein cœur de Damas, pour affirmer leur soutien au régime. «Le peuple veut Bachar al-Assad», scandaient-ils. Selon l'agence officielle Sana, le rassemblement a réuni «plus d'un million de Syriens» sous le slogan : «Vive la patrie et le chef de la patrie, le peuple syrien est une seule famille». Dans le même temps, un mouvement de grève était suivi dans une partie du pays. L'opposition avait appelé, sur les réseaux sociaux, à une grève générale, hier, affirmant qu'elle n'accepterait «rien de moins que la démission» du président Al Assad «et sa traduction en justice». Le Conseil national syrien (CNS), qui réunit la quasi-totalité des courants de l'opposition, avait invité «toutes les catégories du peuple» à se joindre à ce mouvement «en prélude à des grèves plus générales et à la désobéissance civile qui sera à même de renverser le régime». «La grève a été entièrement suivie dans plusieurs régions dont Deraa, dans les quartiers Qaboune et Barzé à Damas, dans plusieurs localités des provinces de Damas, d'Idleb, de Hama et de Homs», ont affirmé les LCC dans un communiqué accompagné de vidéos montrant des rues désertes et des magasins fermés. La journée d'hier a également été marquée par de nouvelles violences qui ont fait dix-neuf morts dans les deux camps.