La période des grandes chaleurs commence, les habitants de la wilaya de Bordj Bou Arréridj ne sortent pas de l'ordinaire, or, cette saison n'est pas vraiment différente des autres saisons, hormis les fêtes de mariage qui sont une tradition à ne pas rater dans cette période propice. En effet, les mois de juillet et d'août représentent, toutefois la période préférée pour la célébration des fiançailles et des mariages, rares instants de divertissement et de joie dans les endroits les plus reculés de la wilaya de Bordj Bou Arréridj, avec, au Sud, la gasba, le bendir et les chants sahraouis, et ailleurs, les chants sétifiens et kabyles. Une diversité qui révèle toute la richesse du terroir des Biban qui restent un carrefour de traditions et une mosaïque de toutes les richesses culturelles algériennes même si une profonde et large bande territoriale est encore démunie d'infrastructures de loisirs et de vacances. "Dans toutes les communes dépourvues d'infrastructures de divertissement, comme les piscines, il n'y a que les fêtes familiales telles que les mariages qui sortent ces régions de leur léthargie, l'été, sinon l'ennui s'installe pendant trois mois jusqu'à l'arrivée de l'automne et la saison des labours", affirme Layachi Meguideche, président de la coordination des associations de jeunes de la wilaya. Si les 15 associations de jeunes organisent, chaque été, "un départ massif" de 20 jours vers les plages, sous forme d'une "grande colonie de vacances" pour les enfants et les jeunes démunis des 34 communes, cela demeure insuffisant, selon M. Meguideche car, explique-t-il, "en dehors de ce séjour dans un établissement scolaire sur les côtes de Annaba, de Béjaïa, de Jijel ou de Skikda, qui ne peut malheureusement profiter à tout le monde, les jeunes passent leurs vacances à traîner sur les trottoirs du chef-lieu de wilaya, de Ras El Oued ou de Medjana, à la recherche de fraîcheur et de distractions". En fait, une fois les examens scolaires terminés, toute la population de Bordj Bou Arréridj "semble somnoler", réveillée chaque week-end par le tintamarre des klaxons des cortèges de véhicules accompagnant un couple fraîchement marié. Dans la soirée, les jeunes sont souvent attirés dans un quartier populaire par "la cacophonie" d'une soirée musicale organisée sur une placette ou en pleine rue pour célébrer une union, des fiançailles ou la réussite à un examen comme le baccalauréat. Pour le président de l'Association de jeunes de la commune de Djaâfra (nord de la wilaya), "la vie à Bordj Bou Arréridj et sa région est rythmée par les va-et-vient incessants des écoliers". Il soutient qu'une fois les vacances arrivées, "toutes les localités retombent dans un lourd engourdissement et offrent, toute la journée, l'aspect de villes abandonnées, notamment entre 10 et 16 heures". Selon ce président d'association, "les Scouts ou l'APC de Djâafra, qui est une ville fortement boisée, seraient bien inspirés, par exemple, d'organiser des vacances dans notre région qui recèle des endroits merveilleux pour faire du camping". Un jeune de cette localité, l'œil malicieux, affirme, de son côté que l'été dans le nord des Biban, "c'est la longue sieste dans ces hautes montagnes verdoyantes". A Ras El Oued, Aïn Taghrout et Bir Kasdali, une seule alternative est offerte, "piquer une tête" dans les eaux du barrage de Aïn Zada ou y faire une partie de pêche. D'autres jeunes, rencontrés sur la terrasse d'un café du centre de Bordj Bou Arréridj, rappellent qu'à chaque tournée des autorités locales, il est "demandé aux élus de réfléchir à des projets orientés sur les activités de la jeunesse". Pour Halim, 29 ans, la jeunesse doit être "une force de proposition", et à ce titre, il soutient "mordicus" que certaines communes, "très proches l'une de l'autre" peuvent bien s'associer pour réaliser un centre de loisirs avec une piscine. A ce propos, il est rappelé que la ville de Bordj Bou Arréridj ne compte qu'une seule piscine olympique et le prix d'une baignade y est fixé à 100 dinars par personne. Trois autres bassins, datant de l'époque coloniale, sont opérationnels à Medjana, El Hammadia mais, confient les habitués, "l'hygiène et la propreté de l'eau n'y sont jamais contrôlées". En attendant mieux, conclut le jeune Halim, les jeunes continueront à "surveiller" les mariages pour se retrouver, festoyer et à attendre le lendemain.