Les cours du pétrole étaient en hausse, hier, en Asie, dopés par la vague de froid en Europe qui augmente la demande de fioul de chauffage, et par une chasse aux bonnes affaires sur le brut américain, ont indiqué les analystes. Le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en mars gagnait 35 cents à 97,26 USD le baril dans les échanges électroniques du matin. Le Brent de la mer du Nord à même échéance augmentait de 47 cents, à 116,40 USD. Le Brent a augmenté "en raison du froid en Europe qui dope la demande en fioul de chauffage", a déclaré Ker Chung Yang, analyste chez Phillip Futures à Singapour. Depuis 10 jours, l'Europe subit une vague de froid qui a fait environ 360 morts par hypothermie, sans compter les victimes des routes glissantes, des poêles défectueux, voire des inondations dues à la fonte des neiges. La France a frôlé une nouvelle fois la veille son record de consommation d'électricité. D'après RTE, la filiale d'EDF qui gère les lignes à haute tension, la consommation de courant nationale a atteint un pic autour de 96 300 mégawatts (MW) la veille à l'heure de pointe (19H00), manquant ainsi de peu le précédent sommet établi à la mi-décembre 2010 (96 710 MW). Les températures sont descendues bien en-dessous de zéro dans plusieurs pays. Samedan, dans le canton des Grisons en Suisse, a ainsi enregistré -35,1 dans la nuit de dimanche à lundi. L'analyste de Phillip Futures a également indiqué que le brut américain, le "light sweet crude" (WTI), avait bénéficié d'"une chasse aux bonnes affaires" après sa baisse de près d'un dollar US la veille. Le brut finit en baisse à New York: offre surabondante aux Etats-Unis Les prix du pétrole ont clôturé en repli la veille à New York, pénalisés par l'enlisement des négociations sur la restructuration de la dette grecque, alors que les Etats-Unis sont confrontés à une surabondance de l'offre face à une demande qui s'effrite. Le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en mars a perdu 93 cents par rapport à vendredi, à 96,91 dollars, sur le New York Mercantile Exchange. A Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour la même échéance a terminé à l'inverse en hausse de 1,35 dollar sur l'Intercontinental Exchange (ICE), à 115,93 dollars. Londres et New York "c'est chacune une histoire différente", a souligné Andy Lipow, de Lipow Oil Associates. D'un côté "vous avez le Brent qui réagit à la hausse aux inquiétudes suscitées par les sanctions européennes sur le pétrole iranien (...), en même temps qu'à l'arrêt des productions au Soudan et aux violences au Nigeria", a relevé l'analyste. Le dossier iranien "reste tendu, et continue à rendre le marché nerveux face au risque de voir une nouvelle baisse des exportations en conséquence des sanctions", ont fait valoir les experts de Barclays. Dans le sud du Nigeria, un groupe armé a affirmé, dimanche, avoir attaqué et détruit un oléoduc de la compagnie pétrolière italienne Agip, présentant cette attaque, après plus d'un an de trêve, comme "un signe de choses à venir". Conjugués "à la hausse de la demande en Asie", ces développements ont soutenu le pétrole coté dans la capitale britannique, a-t-il résumé. Le scénario est à l'opposé de ce qui se joue sur le marché pétrolier américain. "Aux Etats-Unis, la hausse de la production pétrolière canadienne se conjugue à la hausse importante de la production de pétrole de schiste, ce qui met de la pression sur le WTI alors que débute la période de maintenance des raffineries", a observé M. Lipow. Face à cette hausse de l'offre aux Etats-Unis, premier consommateur mondial de brut, la baisse de la demande aux Etats-Unis continuait à inquiéter le marché, d'autant que l'hiver est inhabituellement chaud. "Les températures restent très douces aux Etats-Unis alors qu'elles sont particulièrement froides en Europe, donc la demande pour le pétrole devrait être faible, on va voir beaucoup de raffineries qui vont procéder à des opérations de maintenance", a noté Phil Flynn, de PFG Best Research. En outre, les cours de l'or noir ont été une nouvelle fois suspendus aux négociations que mènent Athènes et ses créanciers privés sur la réduction de la dette grecque et qui n'ont toujours pas abouti, entretenant le spectre d'une cessation de paiement de la Grèce en mars. "On ne sait toujours pas s'ils vont trouver un accord ou pas, le marché est déçu de ne pas avoir eu de réponse" pendant le week-end, a indiqué Phil Flynn. La situation dans le pays méditerranéen, épicentre de la crise en zone euro, retenait également l'attention en raison du blocage entre les partis politiques de la coalition gouvernementale. Ces derniers ne sont toujours pas parvenus à surmonter leurs objections aux mesures d'austérité demandées par la zone euro et le Fonds monétaire international (FMI) pour obtenir le déblocage d'un nouveau prêt vital d'au moins 130 milliards d'euros. Dans ce contexte, "le dollar remontait, car les inquiétudes sur l'Europe se renforcent", a remarqué M. Flynn. L'euro se repliait en effet sensiblement face au dollar et ce renchérissement du billet vert rendait moins attractifs les achats de brut libellés dans la monnaie américaine pour les investisseurs munis d'autres devises.