Nestlé a une nouvelle fois réalisé une performance robuste l'an dernier, malgré un contexte économique chahuté et la cherté du franc. Le géant vaudois de l'alimentation est parvenu à accroître son bénéfice net et à dégager une croissance organique supérieure aux attentes. Le modèle Nestlé démontre ainsi sa résistance aux aléas de la conjoncture. "Nous avons réalisé une bonne performance, à la fois en termes de ventes et de bénéfice, dans les marchés émergents comme dans les marchés développés", a relevé le patron du groupe Paul Bulcke cette semaine devant les médias à Vevey. Nestlé a accru en 2011 son bénéfice net de 8,1% à 9,5 milliards de francs. Le chiffre d'affaires s'est lui inscrit à 83,6 milliards. Indicateur clé pour le numéro un mondial de l'alimentation, la croissance organique ressort à 7,5%, un taux supérieur de 1,5 point à celui de 2010. La croissance organique se compose de 3,9% de croissance interne réelle et d'une adaptation des prix de 3,6%. Les taux de change ont eu un impact négatif de 13,4%, tandis que les cessions, nettes des acquisitions, ont pesé à hauteur de 4,2%, principalement à cause d'Alcon, leader mondial des produits ophtalmologiques cédé à Novartis. Une année difficile En excluant l'impact de la cession d'Alcon, les ventes ont fléchi de 4,8%. Au final, la performance d'ensemble de Nestlé s'avère supérieure aux prévisions des analystes. L'année n'a pourtant pas été simple, a reconnu Paul Bulcke. Nestlé a une nouvelle fois tiré profit de la large assise de sa croissance. Le géant veveysan a réussi à progresser dans toutes les régions du monde. La croissance organique a augmenté de 4,3% dans les marchés développés et de 13,3% dans les marchés émergents. Le groupe a frôlé les 5 milliards de francs de chiffre d'affaires en Chine, a noté le directeur des finances Jim Singh. Ce dernier prendra sa retraite à la fin mars, après 35 ans d'activité au sein de Nestlé. Il sera remplacé par l'Américaine Wan Ling Martello. Equilibre à tenir Les pays émergents représentent des perspectives de croissance très prometteuses, a souligné Paul Bulcke. "D'ici 2020 Nestlé devrait y réaliser la moitié de son chiffre d'affaires". Le groupe n'entend pas pour autant abandonner les marchés développés. "Nous avons un équilibre à tenir." Il y a toujours la possibilité de grappiller de la croissance supplémentaire, même dans un environnement économique difficile comme en Europe, grâce à l'innovation et à la rénovation du portefeuille de produits, a fait remarquer le Belge. Comme d'habitude, Nestlé a pu également s'appuyer sur ses 29 marques "milliardaires". Objets d'un bras de fer judiciaire, les capsules de café Nespresso affichent une nouvelle fois la progression la plus spectaculaire, avec une croissance organique supérieure à 20% pour un chiffre d'affaires dépassant 3,5 milliards de francs. Fort de sa performance, Nestlé n'oublie pas de choyer ses actionnaires. Le groupe propose le versement d'un dividende de 1,95 franc par action, soit une hausse de 5,4% par rapport à l'exercice précédent. Chiffres convaincants Côté perspectives, Nestlé prévoit une année 2012 compliquée (à l'instar des précédentes) au vu des incertitudes et de la volatilité économique continue. Le groupe alimentaire entend poursuivre ses investissements pour renforcer ses capacités à travers le monde. Il s'estime bien placé pour atteindre son objectif traditionnel de croissance organique entre 5 et 6%. Les investisseurs ont réservé un accueil favorable aux chiffres dévoilés cette semaine par Nestlé. A la Bourse suisse, le titre gagnait en début d'après-midi 1,84% à 55,45 francs dans un marché en repli. La banque Vontobel a relevé le "dernier trimestre phénoménal de Nestlé avec une forte croissance des volumes et des prix, tirée par les pays émergents". Tout comme la Banque cantonale de Zurich, elle a aussi constaté que Nestlé avait une fois de plus réussi à faire mieux que ses concurrents, notamment le français Danone. Rémunération en baisse pour Paul Bulcke en 2011 Le patron du groupe alimentaire vaudois Nestlé, Paul Bulcke, a vu sa rémunération diminuer l'an dernier. Il a touché au total un peu moins de 9,8 millions de francs, contre un montant de 10,57 millions au titre de l'exercice 2010. Le Belge s'est une nouvelle fois vu octroyer un salaire de base de 2 millions de francs. Il a également profité d'un bonus en espèces de 856 000 francs, contre une somme de 520 000 francs un an plus tôt, comme il ressort du rapport financier 2011 du groupe publié cette semaine. L'ensemble de la direction générale a touché 43,5 millions de francs. Le président du conseil d'administration, Peter Brabeck, a pour sa part perçu une rémunération totale de 6,97 millions de francs, après un montant de 8,33 millions en 2009. Son salaire de base est resté au même niveau, à 1,6 million.