La désertification, exacerbée par les changements climatiques, représente “le plus grand défi environnemental de notre époque”, lit-on dans le dernier rapport sur le sujet, publié jeudi par l'Université des Nations unies de New York. Le nouveau rapport de l'une des plus actives universités de l'ONU à travers le monde, prévient que le manque d'une politique adéquate et efficace pour combattre la menace que représente pour l'avenir de l'humanité la désertification, risque de provoquer des effets désastreux pour l'environnement. Selon ce rapport, "les gouvernements devront faire face à des migrations de populations en masse et à de sérieux problèmes économiques et sociaux, sans compter la perte de productivité des sols et la dégradation de l'environnement". Pour les experts de l'Université des Nations unies, ce phénomène présage une menace imminente à la sécurité internationale, alors qu'un tiers de la population mondiale, soit environ près de deux milliards de personnes, constituent dès lors "des victimes potentielles des effets de la désertification". Les mêmes spécialistes avertissent, qu'en conséquence, ce sont près de 50 millions de personnes qui pourraient être déplacées dans les dix prochaines années. Pour prévenir ou limiter les effets de ce grave danger, les auteurs du rapport préconisent que soient édictées d'urgence des mesures à l'échelle nationale, régionale et internationale, comme par exemple une réforme de la gestion des terres, une interdiction du recours au pâturage excessif, à la surexploitation des terres, aux pratiques d'irrigations non durables et la mise en place de nouvelles sources de revenu pour les populations qui habitent dans ces régions. L'université onusienne souligne d'autre part qu'il faut rejeter la notion selon laquelle "l'aridité et la rareté de l'eau sont des phénomènes inévitables" et recommande de mieux informer les populations locales et leur donner les pouvoirs et les moyens de protéger leurs terres au lieu de poursuivre des intérêts à court terme. Le rapport attire aussi l'attention des décideurs sur certaines conséquences de la mondialisation et de politiques de subvention à l'agriculture, qui peuvent avoir des effets négatifs sur l'environnement et le développement durable. Ces 40 dernières années, la désertification provoquée par les dunes de sables mouvants (environ 87 800 ha) a eu des conséquences très graves. De 10 ha à 20 ha de terres arables disparaissent chaque année à cause de l'invasion du sable. La fertilité du sol diminue en raison de l'érosion et de l'acidification. Depuis l'entrée en vigueur de la Convention des Nations unies sur la désertification en 1996, l'ONU et d'autres organisations internationales et environnementales tentent d'attirer l'attention sur le phénomène de la désertification qui affecte plus de 1,2 milliard d'humains, en Chine, en Inde et au Pakistan, en Asie centrale, au Moyen-Orient et dans une majeure partie de l'Afrique ainsi qu'en Amérique du Sud (Argentine, Chili, Brésil). En 2000, 70 % des terres arides étaient touchées, soit 3,6 milliards d'hectares, répartis dans une centaine de pays qui accueillent les deux tiers des populations les plus pauvres du monde. Les dernières perspectives des experts du Giec, le Groupe intergouvernemental d'experts sur le climat, sont alarmantes : recrudescence des sécheresses et des crues (qui érodent les sols), diminution du débit des grands fleuves et des précipitations annuelles moyennes. Autant de facteurs propres à accroître la désertification, notamment en Afrique, où la sécurité alimentaire devrait être "sérieusement compromise", avec 80 à 200 millions de personnes supplémentaires confrontées à la famine d'ici 2080. Mais à son tour, la désertification risque d'accélérer et d'amplifier le réchauffement : au lieu de capter le CO2 grâce au couvert végétal, les sols deviendraient émetteurs.