La banque centrale américaine (Fed) a indiqué, avant-hier, qu'elle doutait encore de la viabilité de la reprise en cours depuis bientôt trois ans aux Etats-Unis et qu'elle maintenait par conséquent intact le soutien énorme qu'elle apporte à l'économie du pays. Le Comité de politique monétaire de la Fed (FOMC) a annoncé comme prévu que la Réserve fédérale maintenait son taux directeur quasi nul et qu'elle comptait poursuivre jusqu'en juin, conformément à son plan initial, son opération lancée en octobre pour faire baisser encore un peu plus les taux d'intérêt à long terme. Le taux directeur de la Fed détermine le taux sur le marché interbancaire au jour le jour. Le FOMC l'autorise à fluctuer depuis décembre 2008 entre 0 et 0,25%. Pour le Comité, la conjoncture est susceptible de justifier le maintien d'un taux "exceptionnellement bas" jusque "fin 2014" au moins. Les dirigeants de la Fed jugent que l'économie américaine a fait des progrès notables depuis janvier, comme en témoigne selon eux "l'amélioration de la conjoncture du marché du travail" mise en évidence par les trois mois d'affilée d'embauches massives révélées vendredi par les chiffres officiels de l'emploi. Croissance modérée ces prochains trimestres A 8,3% en février, le taux de chômage officiel des Etats-Unis reste néanmoins "élevé", estime le FOMC, pour qui l'horizon économique du pays n'est toujours pas complètement dégagé. Pour les trimestres à venir, le Comité prévoit certes une croissance économique "modérée" - et non plus seulement "modeste" comme en janvier - mais estime que la reprise fait encore face à des "risques importants", en raison des "tensions sur les marchés financiers mondiaux", bien que celles-ci aient diminué. Le Comité justifie le maintien de sa politique monétaire ultra-accommodante par l'absence, manifeste selon lui, de menaces inflationnistes. Selon les dirigeants de la Fed, la hausse du pétrole ne devrait pousser l'inflation à la hausse que "temporairement" et celle-ci devrait converger "progressivement" vers l'objectif à moyen terme de 2,0% sur un an dont le Comité s'est doté en janvier. Avant la réunion, le Wall Street Journal avait indiqué que les dirigeants de la Fed réfléchissaient à augmenter encore leur secours financier à l'économie et qu'ils envisageaient de nouvelles injections de liquidités par le biais d'achats supplémentaires de titres sur les marchés dont les effets potentiellement inflationnistes seraient "stérilisés" par des contre-mesures. Probabilité de nouvelles injections réduite Cependant, note Troy Davig, économiste de Barclays Capital, le communiqué final du FOMC vient s'ajouter aux signes d'"amélioration des données économiques" et "diminue encore la probabilité de" nouvelles injections de ce type cette année. Partageant ce point de vue, son confrère Harm Bandholz, de la banque italienne UniCredit, juge que cela ne signifie pas pour autant "que la Fed soit prête à resserrer sa politique monétaire de sitôt". Néanmoins, estime Ian Shepherdson, du cabinet HFE, les membres du "FOMC sont clairement en train de faire évoluer leur position d'une morosité excessive vers quelque chose de plus réaliste". L'évolution des données économiques "leur forcera la main", prédit-il. Pour les analystes de RDQ Economics, la Fed n'a pas totalement écarté la possibilité d'une intensification de son soutien à la reprise, mais la prochaine réunion du FOMC, prévue pour les 24 et 25 avril, permettra de voir si le consensus au sein de la Fed évolue "en faveur d'une première hausse du taux directeur avant " fin 2014 "". Succès de 15 banques sur 19 aux tests de résistance 2012 La banque centrale des Etats-Unis a annoncé, avant-hier, que quinze des dix-neuf grandes banques qu'elle avait soumises à la version 2012 de ses tests de résistance avaient passé avec succès cet examen. La Fed ne précise pas nommément les banques qui ont réussi ou échoué, mais, au vu des prévisions de ratios de fonds propres qu'elle publie, il apparaît que Metlife, Citigroup, Ally et SunTrust sont en position d'échec. A l'issue des tests de la Fed, le ratio de fonds propres durs de ces banques qui ressortirait après la prise en compte de leurs plans d'utilisation du capital serait inférieur à 5,0% au quatrième trimestre 2013, alors pour la moyenne des 19 établissements passés au crible, il s'établirait à 6,2%. Les résultats des tests montrent que la majorité des plus grandes banques américaines continuerait de satisfaire aux exigences de la réglementation en matière de suffisance de capital, en dépit de pertes vraisemblablement élevées, dans le cas hypothétique d'une récession très forte. Plusieurs banques, comme Wells Fargo, Morgan Stanley et JPMorgan ont indiqué séparément qu'elles avaient réussi l'examen. JPMorgan Chase réussit son test de résistance et rémunère ses actionnaires La plus grande banque américaine, JPMorgan Chase, a annoncé, avant-hier, que la Réserve fédérale (Fed) l'avait autorisée à rémunérer ses actionnaires à l'issue des tests de résistance menés pour évaluer sa capacité à résister à une récession. En conséquence, JPMorgan a annoncé une revalorisation de 20% de son dividende trimestriel, qui va passer de 25 à 30 cents par action, et un nouveau programme de rachat d'actions à hauteur de 15 milliards de dollars, dont jusqu'à 12 milliards de dollars pourront être dépensés cette année, le solde au premier trimestre 2013. L'action bondissait de 7,38% à 43,53 dollars peu avant la clôture, à la Bourse de New York. La Réserve fédérale a informé la banque qu'elle avait achevé son test de résistance et qu'elle n'avait pas d'objection aux distributions de capital proposées par la banque, a expliqué la banque dans un communiqué. Nous sommes heureux d'être en position d'accroître notre dividende et d'instaurer un nouveau programme de rachat de titres, a souligné le P-DG de JPMorgan Chase, Jamie Dimon, cité dans le communiqué. Nous prévoyons de racheter au moins le nombre d'actions que nous émettrons sous forme de primes pour les employés. Au-delà de cela, nous prévoyons de ne racheter des titres que quand nous génèrerons plus de capital que ce qui est nécessaire pour financer notre croissance organique, et quand nous penserons que cela apporte une valeur excellente pour les actionnaires, a-t-il ajouté.