La banque centrale américaine (Fed) se réunit aujourd'hui pour passer en revue sa politique monétaire alors que la conjoncture s'améliore aux Etats-Unis, mais elle ne devrait modifier en rien son soutien énorme à la reprise. Le Comité de politique monétaire de la Fed (FOMC) devrait annoncer à l'issue de sa rencontre que la Réserve fédérale maintiendra son taux directeur quasi nul en vigueur depuis décembre 2008 et poursuivra comme prévu jusqu'en juin son opération lancée en octobre pour faire baisser encore un peu plus les taux d'intérêt à long terme. Vendredi, le rapport officiel sur l'emploi américain a témoigné d'une amélioration du marché du travail de plus en plus palpable aux Etats-Unis, avec des embauches massives pour le troisième mois d'affilée en février. Joel Naroff, de Naroff Economic Advisors, résume la situation en estimant que "le marché du travail est en train de renaître et que la seule chose qui empêche l'économie de tourner plus rapidement est le prix élevé de l'essence". Dans l'ensemble, les dirigeants de la Fed ne sont pas de cet avis. Surtout, et plusieurs d'entre eux ont eu l'occasion de le dire récemment, ils ne sont pas convaincus que l'amélioration de la conjoncture soit suffisamment forte et viable pour justifier que la Fed commence à baisser son soutien à la reprise. Le 1er mars, le président de la Fed, Ben Bernanke, s'est montré légèrement plus optimiste qu'auparavant sur les perspectives de l'économie américaine. Il a cependant relevé que celle-ci était encore freinée par un certain nombre d'entraves comme le marasme du marché immobilier et l'absence d'amélioration du pouvoir d'achat des Américains. Selon une fuite dont le Wall Street Journal s'est fait l'écho mercredi, les dirigeants de la Réserve fédérale réfléchissent en fait plus à augmenter leur secours financier à l'économie qu'à le diminuer. D'après le quotidien, ils envisagent de nouvelles injections de liquidités par le biais d'achats supplémentaires de titres sur les marchés dont les effets potentiellement inflationnistes seraient "stérilisés" par des contre-mesures. Pour les économistes d'IHS Global Insight, la Fed ne changera rien aujourd'car "elle veut donner davantage de temps aux marchés pour digérer les grands changements décidés" lors du dernier FOMC, en janvier. Le Comité avait alors annoncé que l'état de l'économie était susceptible de justifier le maintien d'un taux directeur "exceptionnellement bas" (il fluctue actuellement entre 0 et 0,25%) jusque fin 2014 au moins. Economiste en chef de Morgan Stanley, Vincent Reinhart pense qu'il y a "trois chances sur quatre" pour que la Réserve fédérale assouplisse encore sa politique monétaire ultra-accommodante "d'ici à juin". M. Reinhart justifie cette estimation par le fait que la Fed devrait "vouloir se montrer discrète au second semestre" avant les élections présidentielles et législatives de novembre et qu'elle pourrait donc choisir d'agir par anticipation puisque plusieurs de ses dirigeants restent convaincus que l'économie n'est pas sortie de la zone de danger et que l'inflation, actuellement trop forte, risque d'être bientôt trop faible. Pour Joseph Lavorgna, de Deutsche Bank, c'est à la réunion suivante du FOMC, en avril, que les choses risquent de bouger. Selon lui, le Comité disposera alors de "davantage d'informations" sur l'état de l'économie pour se décider.