La Russie est prête à soutenir une déclaration du Conseil de sécurité de l'ONU appuyant la mission en Syrie de Kofi Annan à condition que celle-ci ne constitue pas un ultimatum, a déclaré, hier, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov. Nous sommes prêts à soutenir la mission de l'envoyé spécial de l'ONU et de la Ligue arabe Kofi Annan et les propositions faites au gouvernement et à l'opposition syrienne. Nous sommes prêts à soutenir ses propositions au Conseil de sécurité de l'ONU, et pas seulement dans une déclaration, mais dans une résolution, a déclaré M. Lavrov lors d'une conférence de presse. Mais le chef de la diplomatie russe, qui recevait à Moscou son homologue libanais Adnan Mansour, a posé plusieurs conditions, soulignant que les propositions faites par M. Annan au président syrien Bachar al-Assad lors d'une visite à Damas en mars n'avaient pas été rendues publiques. Il faut d'abord que ces propositions soient publiées, a-t-il dit. Il faut ensuite que le Conseil de sécurité ne les approuve pas sous la forme d'un ultimatum mais comme une base de travail pour les efforts de Kofi Annan en vue d'obtenir un accord entre tous les Syriens, a-t-il ajouté. Les pays membres du Conseil de sécurité de l'ONU devaient examiner, hier, un projet de déclaration qui soutient la médiation de l'émissaire international Kofi Annan, proposé par la France et que Paris espère voire adopté. Le dernier projet de texte obtenu exprime la grave inquiétude du Conseil face à la détérioration de la situation en Syrie et ses profonds regrets devant les milliers de morts qu'a causés cette crise. Il demande au président syrien Bachar al-Assad et à l'opposition syrienne d'appliquer totalement et immédiatement le plan de règlement en six points mis sur la table par Kofi Annan lors de ses entretiens à Damas. Le Conseil s'engage à considérer des mesures supplémentaires, non précisées, si rien ne se passe dans les sept jours suivant l'adoption de cette déclaration. Il s'agit d'une déclaration présidentielle qui est adoptée par consensus et qui a moins de poids qu'une résolution. La Russie et la Chine ont empêché par deux fois le Conseil d'adopter une résolution sur la Syrie en mettant leur veto. La Russie appelle la Syrie à accepter immédiatement une trêve quotidienne La Russie a appelé, avant-hier, la Syrie à accepter immédiatement la demande du Comité international de la Croix-Rouge d'une trêve quotidienne, a indiqué Moscou à l'issue d'une rencontre du ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov avec le chef du CICR Jakob Kellenberger. Les deux parties ont appelé le gouvernement syrien et les groupes armés à accepter immédiatement une trêve quotidienne humanitaire afin de permettre au CICR l'accès aux blessés et aux civils qui doivent être évacués, a déclaré le ministère russe des Affaires étrangères dans un communiqué. La Russie a par ailleurs souligné la nécessité d'assurer l'accès du CICR à toutes les personnes détenues en Syrie à la suite des actions de protestations, selon le communiqué. Le CICR a indiqué plus tôt dans la journée que son chef avait reçu à Moscou des indications positives de soutien à sa demande de trêve quotidienne de deux heures dans toutes les régions affectées par la violence en Syrie. M. Kellenberger s'est entretenu dans la journée à Moscou pendant une heure et demie avec M. Lavrov. J'ai souligné lors de la conversation avec Sergueï Lavrov que nous devons rendre visite à des personnes détenues dans le cadre des violences. Lors de telles visites, nous essayons d'obtenir que les conditions de détention soient dignes ou au moins convenables du point de vue humanitaire et que les détenus ne soient pas malmenés, a déclaré M. Kellenberger dans une interview à l'agence Itar-Tass et la chaîne de télévision Vesti 24. La question la plus importante pour nous est d'assurer des trêves humanitaires le plus vite possible, a ajouté le responsable dont les propos ont été rapportés en russe. Je veux noter avec satisfaction et reconnaissance que Sergueï Lavrov partage nos inquiétudes en ce qui concerne les problèmes évoqués. Le soutien russe est très important pour nous, a-t-il souligné. Depuis le début du soulèvement contre le régime du président Bachar al-Assad il y a un an, le CICR et le Croissant-Rouge arabe syrien ont fourni de la nourriture, des médicaments et d'autres produits essentiels à des milliers de personnes. M. Kellenberger s'est rendu en Syrie en juin 2011, puis en septembre dernier, date à laquelle il a rencontré le président Assad. Déploiement sécuritaire massif à Damas, après des combats sporadiques Les forces de l'ordre quadrillaient, hier, le centre de Damas, après des combats sporadiques entre soldats et déserteurs, tandis que les troupes poursuivaient leurs opérations à travers le pays, provoquant la mort d'au moins seize civils, selon des militants. Abou Omar, militant dans la capitale, a fait état d'un déploiement sécuritaire massif dans la majorité des quartiers de Damas, notamment aux abords de la place des Abbassides. Selon lui, les forces gouvernementales menaient également des perquisitions à Dmeir et Douma, et s'étaient déployées dans de nombreuses autres localités de la banlieue de la capitale. Plus tôt, il avait fait état de combats entre les soldats de l'armée régulière et les déserteurs de l'Armée syrienne libre (ASL), affirmant que des tirs avaient été entendus à l'aube à Damas. Dans le même temps, les Comités locaux de coordination (LCC, qui animent la contestation sur le terrain) ont affirmé que des tirs nourris résonnaient en direction de la place Arnous depuis le boulevard de Bagdad, dans le centre de Damas. De son côté, l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) a affirmé que des tirs étaient entendus dans les quartiers de Barzé et de Qaboun, en périphérie. Ailleurs dans le pays, sept civils au moins ont été tués par des roquettes tombées sur leurs maisons de Khaldiyé, dans la ville de Homs (centre) et trois autres sont tombés sous les tirs dans le quartier de Bab Sbaa. Dans la province de Homs, trois civils (un couple et leur fillette) sont morts à Rastane dans la chute d'une roquette sur leur maison, a rapporté l'OSDH. Plus au nord, un civil a été abattu à la mitrailleuse lourde et une dizaine d'autres ont été blessés dans plusieurs quartiers de la ville de Hama, selon la même source. Dans le nord du pays, un homme est mort sous les balles d'un tireur embusqué dans la province d'Alep. Et dans la province de Deir Ezzor (est), un autre est mort touché par un tir des forces gouvernementales qui menaient des perquisitions. Alors que la révolte populaire hostile au régime du président Bachar al-Assad est entrée dans sa deuxième année, elle se militarise et l'opposition ainsi que plusieurs pays, notamment du Golfe, appellent à armer les déserteurs regroupés dans l'ASL, qui multiplient les affrontements avec l'armée. Un soldat de l'armée régulière a ainsi été tué par des rebelles à l'aube dans la région de Deraa (sud) et un déserteur a péri dans la province d'Idleb (nord-ouest). La veille, 51 personnes avaient trouvé la mort, dont 22 civils, 21 membres des forces de l'ordre et huit rebelles. La situation est devenue intolérable et inacceptable Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a estimé, hier, que la situation en Syrie était devenue intolérable et inacceptable, lors d'une visite en Indonésie, première étape d'une tournée asiatique. La situation en Syrie est devenue intolérable et inacceptable, a déclaré M. Ban lors d'une conférence de presse à Bogor, non loin de Jakarta, tandis que la France espérait faire examiner, hier, par les pays membres du Conseil de sécurité de l'ONU, un projet de déclaration qui soutient la médiation de l'émissaire international Kofi Annan et envisage des mesures supplémentaires contre Damas. La situation en Syrie est devenue l'un des problèmes les plus perturbants et les plus préoccupants pour la communauté internationale, a ajouté M. Ban. Nous n'avons aucun moment à perdre. Une minute ou une heure signifiera plus de morts, a-t-il ajouté, répétant que les violences avaient déjà fait plus de 8 000 morts en un an. La communauté internationale doit s'unir. Ce n'est pas parce que nous ne sommes pas capables d'avoir une résolution à l'ONU qu'il faut que la souffrance de la population syrienne continue. Il s'agit de la responsabilité morale et politique de la communauté internationale, a-t-il poursuivi. M. Ban effectue en Indonésie la première étape d'une tournée régionale qui l'emmènera également en Malaisie, à Singapour et en Corée du Sud, son pays natal, pour un important sommet sur la sécurité nucléaire. Le projet de déclaration présidentielle, exprime la grave inquiétude du Conseil face à la détérioration de la situation en Syrie et ses profonds regrets devant les milliers de morts qu'a causés cette crise. Proposé par la France à ses 14 partenaires, il demande au président syrien Bachar al-Assad et à l'opposition syrienne d'appliquer totalement et immédiatement le plan de règlement en six points mis sur la table par Kofi Annan lors de ses entretiens à Damas. Le Conseil s'engage à considérer des mesures supplémentaires, non précisées, si rien ne se passe dans les sept jours suivant l'adoption de cette déclaration. Il s'agit d'une déclaration présidentielle qui est adoptée par consensus et qui a moins de poids qu'une résolution. Réunion des Amis de la Syrie à Istanbul avancée du 2 au 1er avril La conférence des Amis de la Syrie que la Turquie a prévu d'organiser à Istanbul, aura lieu le 1er avril et non le 2 avril comme annoncé au préalable, selon une source diplomatique turque. Nous avons décidé d'avancer d'un jour la réunion pour des raisons techniques, a précisé cette source. Pour gagner du temps et pouvoir utiliser notre temps d'une manière plus efficace, nous avons pris une telle décision, a-t-il ajouté. Le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan avait donné la semaine dernière la date du 2 avril pour l'organisation de cette réunion internationale visant à former un front uni contre le régime syrien. La première rencontre du groupe avait réuni fin février à Tunis les représentants d'une soixantaine de pays arabes et occidentaux dont plusieurs ministres des Affaires étrangères. Moscou et Pékin, les deux principaux soutiens du régime, ont boycotté la réunion. La Turquie, qui partage plus de 900 kilomètres de frontière avec la Syrie, a rompu avec son ex-allié et réclame le départ du président Bachar al-Assad qui réprime dans le sang un mouvement de contestation populaire depuis mars 2011. Selon le quotidien turc de langue anglaise Hürriyet Daily News, ce report a été décidé du fait de l'emploi du temps de la Secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton. Mme Clinton doit participer à la conférence à Istanbul, et retourner à Washington le 2 pour une réunion importante, précise le journal.