Sony va céder son activité chimique, un avant-goût de la restructuration d'ampleur que le géant japonais de l'électronique prévoit pour restaurer sa rentabilité perdue. Le groupe nippon a annoncé, avant-hier, avoir conclu un protocole d'accord avec la Banque de Développement du Japon (BDJ) pour lui vendre sa filiale Sony Chemical & Information Device (SCID), active dans les matériaux adhésifs et optiques, utilisés notamment pour la fabrication d'écrans à cristaux liquides (LCD). Le prix de la vente n'a pas été communiqué, mais le quotidien économique Nikkei a affirmé qu'il pourrait atteindre 40 milliards de yens (364 millions d'euros). Sony et la BDJ espèrent signer définitivement d'ici fin mai 2012 et réaliser le transfert pendant le dernier trimestre calendaire 2012. "Sony se concentre sur la restructuration de son activité et estime que cette transaction représente la meilleure solution pour Sony, la BDJ et les activités chimiques elles-mêmes", a souligné l'entreprise. Le géant nippon a souligné que les produits fabriqués par sa filiale SCID disposaient d'un "fort potentiel de croissance, au vu de la forte demande en matériel adhésif et optique pour les Smartphones et les tablettes multimédias", mais a néanmoins décidé de s'en séparer dans le cadre de la réorganisation de ses activités. Sony a assuré que la BDJ était l'acquéreur idéal pour permettre le développement des activités de SCID. Il s'agit d'une institution semi-publique aidant les entreprises nipponnes à doper leur potentiel de croissance dans des domaines considérés comme stratégiques, comme les nouvelles technologies ou l'environnement. La filiale SCID, qui dispose d'usines au Japon, aux Etats-Unis, en Europe et en Chine, a réalisé un chiffre d'affaires de 111 milliards de yens (1 milliard d'euros) lors de l'année budgétaire 2010-2011 et emploie près de 3 000 personnes. La vente de cette unité représente "le premier pas" des mesures que Sony pourrait prendre rapidement pour renouer avec les bénéfices, a estimé Nobuo Kurahashi, de la maison de courtage Mizuho Investors Securities. Il a toutefois prévenu que cette transaction à elle seule n'aurait "pas d'impact sur les activités centrales de Sony" et souligné la faiblesse des montants mis en jeu. "Il est bien sûr important pour le groupe de se débarrasser de ce qui n'est pas indispensable, mais cela ne résoudra pas le principal problème de Sony: le manque de compétitivité de ses activités centrales", notamment la production et la vente de télévisions, a ajouté M. Kurahashi. Ancrée dans le rouge depuis huit ans, cette activité ne cesse de plomber les résultats du groupe et le prochain P-DG de Sony, le Japonais Kazuo Hirai qui va remplacer l'Américain Howard Stringer à partir d'avril, a promis de la rendre rentable en deux ans. Parmi les mesures prises dernièrement, le groupe a cédé ses parts dans la coentreprise de dalles S-LCD qu'il détenait avec le sud-coréen Samsung et va s'approvisionner en dalles auprès de divers fournisseurs, afin de profiter du déclin de leurs prix au lieu de le subir. Dans le cadre de ses efforts globaux, il a repris l'intégralité de la filiale de téléphones mobiles Sony-Ericsson, considérant qu'il devrait totalement maîtriser cette activité pour bénéficier de meilleures synergies avec les autres produits du groupe (ordinateurs, tablettes, consoles, téléviseurs, baladeurs) et partager les contenus (musique, jeu vidéo, cinéma). Sony a souffert depuis le début de l'exercice d'avril 2011 à mars 2012 marqué par le renchérissement pénalisant du yen, la concurrence étrangère féroce (notamment sud-coréenne) et les conséquences du séisme du printemps 2011 au Japon et des inondations de la fin de l'été en Thaïlande. Il s'attend à terminer l'année budgétaire, bouclée au 31 mars, sur une perte nette de 220 milliards de yens (2 milliards d'euros au taux de change actuel). L'action Sony a terminé quasi stable à la Bourse de Tokyo, grappillant 0,05% à 1 734 yens.