L'émissaire des Nations unies et de la Ligue arabe pour la Syrie Kofi Annan se rendra à Téhéran la semaine prochaine pour discuter de la crise syrienne, a déclaré, hier, le ministre iranien des Affaires étrangères, Ali Akbar Salehi. Le 28 mars dernier, en marge d'une rencontre avec le premier ministre turc Tayiip Erdogan, le ministre iranien a déclaré que M.Annan se rendrait à Téhéran le 2 avril, mais cette information a été par la suite démentie par le porte-parols de l'émissaire. Hier matin, M.Salehi a expliqué que la visite de Kofi Annan en Iran avait été reportée en raison d'un agenda chargé de l'ex-secrétaire de l'ONU. Auparavant, M.Annan a fait savoir que les autorités syriennes avaient accepté la date du 10 avril pour commencer à appliquer son plan de paix. Selon les médias internationaux, Damas s'est engagé à retirer les troupes gouvernementales des villes syriennes d'ici le 10 avril. Le plan en six points formulé par Kofi Annan prévoit notamment l'arrêt immédiat de toutes les formes de violence par les parties impliquées dans le conflit, le lancement d'un dialogue politique et le retrait des forces gouvernementales des villes syriennes. Le document réitère la nécessité de libérer les prisonniers politiques, d'engager un dialogue national et de fournir une aide humanitaire aux régions affectées par la confrontation. Le chef de la diplomatie iranienne a salué l'adoption du plan de Kofi Annan par le Conseil de sécurité, soulignant également qu'après leur retrait, les troupes gouvernementales ne devraient pas être remplacées par n'importe quelle force armée. Un général norvégien présidera la mission de l'ONU Le général norvégien Robert Mood présidera la mission de l'Onu chargée de préparer le déploiement d'observateurs du cessez-le-feu en Syrie. Selon la source, M. Mood s'est entretenu, hier, à Genève avec l'émissaire de l'Onu et de la Ligue arabe en Syrie Kofi Annan pour évoquer les tâches assignées à la mission. Le porte-parole de M.Annan, Ahmad Fawzi, a justifié le choix de retenir Robert Mood pour ce poste par sa bonne connaissance du Proche-Orient: le général a été le chef d'état-major de l'Organisme des Nations unies chargé de la surveillance de la trêve (Onust) du 20 janvier 2009 à février 2011. Kofi Annan a proposé, lundi, de lancer son plan visant à régler la crise syrienne le 10 avril. Il a également proposé de contraindre les parties en conflit à un cessez-le-feu complet dans les 48 heures suivant cette date limite. Selon M.Annan, les autorités syriennes ont déjà accepté la date du 10 avril pour commencer à appliquer son plan de paix. Auparavant, les médias européens ont rapporté que Damas s'était engagé à retirer les troupes gouvernementales des villes syriennes avant la date requise. Kofi Annan a également prié le Conseil de sécurité d'examiner la possibilité d'envoyer en Syrie une mission d'observateurs afin de surveiller la mise en place de son plan de règlement. Depuis la mi-mars 2011, la Syrie connaît un mouvement de contestation du régime en place. Selon les estimations des Nations unies, la répression de la révolte y aurait déjà fait plus de 9.000 morts. Damas indique que 2.000 policiers et soldats syriens ont été tués dans les affrontements contre des bandes armées financées de l'étranger. Damas veut écraser l'insurrection avant l'entrée en vigueur du plan de paix Des opposants syriens ont affirmé, avant-hier, que le régime de Damas essayait d'écraser l'insurrection avant l'entrée en vigueur, la semaine prochaine, du plan de paix de l'émissaire des Nations unies et de la Ligue arabe Kofi Annan. Selon eux, les troupes syriennes continuent de procéder à des raids, des arrestations et des bombardements dans plusieurs villes du pays. Damas a accepté le 10 avril comme date-butoir pour mettre en oeuvre le plan de paix, qui prévoit notamment le retrait des troupes et des équipements lourds de l'armée syrienne des zones peuplées, et un cessez-le-feu général pour que toutes les parties puissent négocier une solution politique à la crise. Le plan prévoit aussi une suspension immédiate des combats de deux heures chaque jour pour permettre le passage de l'aide humanitaire. Des opposants au régime reprochent à ce plan de paix de ne pas aller assez loin, d'arriver trop tard, et de ne pas stipuler que Bachar el-Assad doit quitter le pouvoir. Ils accusent aussi le président syrien d'utiliser ce plan pour gagner du temps et pouvoir poursuivre la répression. "Il pense qu'il peut gagner du temps pour prendre le contrôle de toutes les villes syriennes", a déclaré un militant, Adel al-Omari, interrogé par téléphone depuis la ville de Dael (sud), où les forces du régime ont incendié les maisons d'opposants après y avoir effectué un raid lundi. "Cela n'arrivera pas, parce que dès qu'il retire ses chars des villes, les gens sortent et vont de l'avant pour renverser le régime." Les dirigeants occidentaux ont accepté avec prudence la date-butoir du 10 avril, tout en remarquant que Bachar el-Assad n'a pas respecté de précédentes promesses qu'il avait faites, et en insistant sur le fait que le régime devait être jugé sur ses actes. Le gouvernement syrien a informé, avant-hier, Moscou qu'il avait commencé à mettre en œuvre le plan de paix destiné à mettre fin au conflit qui dure depuis plus d'un an, a annoncé dans un communiqué le ministère russe des Affaires étrangères. Le communiqué ne précise pas si des troupes ont déjà été retirées, et ne donne pas d'autres détails. Il appelle les forces rebelles à respecter ce plan. Par ailleurs, Jakob Kellenberger, le président du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), a rencontré, avant-hier, des responsables des ministères syriens de l'Intérieur, des Affaires étrangères et de la Santé, ainsi que le patron d'une branche locale de la Croix-Rouge. Il avait annoncé avant son départ pour Damas qu'il demanderait notamment un arrêt des combats pendant deux heures chaque jour pour permettre le passage de l'aide humanitaire.