Le Fonds monétaire international (FMI) a estimé, avant-hier, que la purge des bilans des banques espagnoles fragilisées par la dernière bulle immobilière devait être une des priorités de la stratégie de réforme du secteur financier en Espagne. Une des priorités de la prochaine phase de la stratégie de réforme du secteur financier devrait être de régler véritablement et complètement la question des actifs douteux hérités de la bulle, a déclaré Gerry Rice, porte-parole du FMI, lors d'un point de presse à Washington. Il y a différentes approches pour mettre en œuvre les remèdes. Un diagnostic complet est nécessaire et il est primordial que soit réalisé un audit des actifs de ces banques préalablement à toute décision finale sur l'approche qui sera retenue, a ajouté M. Rice, en réponse à une question sur les recommandations du FMI concernant l'Espagne. Dans l'intervalle, les banques devraient être poussées à apurer autant que possible leur bilan, a encore indiqué M. Rice, exhortant le gouvernement de Madrid à continuer sa stratégie de réforme et à l'intensifier encore pour s'atteler à régler les vulnérabilités persistantes du système financier et doter celui-ci de coussins de capitaux résistants. Avec son économie en récession et un secteur bancaire qui a accumulé des prêts immobiliers douteux pendant les années de vaches grasses, l'Espagne est un des pays de la zone euro dont la situation économique suscite aujourd'hui le plus d'inquiétudes. Les autorités espagnoles ont déjà imposé un nettoyage aux banques du pays en leur faisant passer pour 53,8 milliards d'euros de provisions pour dépréciation d'actifs. Une des solutions actuellement envisagées en Espagne pour les banques est que celles-ci se délestent de leurs actifs devenus invendables en les cédants à une structure de défaisance. L'Espagne paie plus cher pour emprunter, après la sanction de S&P L'Espagne a levé, avant-hier 2,516 milliards d'euros lors d'une émission obligataire à trois et cinq ans, la première depuis la dégradation de deux crans de sa note souveraine par Standard & Poor's, dont les taux d'intérêt, comme attendu, se sont envolés. La demande des investisseurs est restée forte, dépassant les 8 milliards d'euros, ce qui a permis au Trésor d'emprunter un peu plus que la fourchette prévue (1,5 à 2,5 milliards), mais à un coût plus élevé, les taux passant au-dessus des 4% sur les deux échéances, selon un communiqué de la Banque d'Espagne. Le taux moyen de l'émission à trois ans a ainsi atteint 4,037%, contre 2,617% lors de la dernière émission similaire, le 1er mars. Ceux des émissions à cinq ans, avec deux références proposées, ont été de 4,752% et 4,960%, bien plus que ceux des dernières émissions comparables, 3,565% le 2 février et 3,696% le 17 février 2005. L'Espagne vit depuis quelques semaines un regain de tension sur les marchés, qui s'est encore ressentie la veille, amenant la Bourse de Madrid à clôturer en forte baisse, de 2,55%, à son plus bas niveau en trois ans. Le pays, mis sous pression par ses partenaires pour assainir ses finances publiques, inquiète aussi en raison de son secteur bancaire. Après avoir accordé des crédits à tout-va pendant la bulle immobilière, ce secteur est fragilisé depuis son éclatement en 2008. Selon la Banque d'Espagne, fin 2011 il accumulait 184 milliards d'euros d'actifs immobiliers problématiques, soit 60% de son portefeuille. L'agence de notation Standard and Poor's s'en est inquiétée, jeudi dernier, voyant une probabilité croissante que l'Etat espagnol doive fournir un soutien budgétaire supplémentaire au secteur bancaire, ce qui l'a amenée à abaisser de deux crans la note souveraine de l'Espagne, de A à BBB+. Lundi, SP a cette fois dégradé les notes de neuf banques espagnoles, dont Santander et BBVA. La semaine dernière, le FMI aussi appelait l'Espagne à aller plus loin dans l'assainissement de ses banques afin de remédier aux faiblesses qui demeurent. Les autorités espagnoles ont déjà imposé aux banques du pays de nettoyer leur bilan des actifs immobiliers risqués, en réalisant pour 53,8 milliards d'euros de provisions. Elles pourraient désormais adopter une solution plus radicale, en mettant de côté ces actifs risqués dans ce qui constituerait une structure de défaisance ou bad bank. Le ministère de l'Economie a confirmé envisager ce mécanisme mais a insisté qu'il se ferait sans apport de fonds publics.