Le diamant, symbole d'éternité, de luxe et de passion, va-t-il devenir un outil de plus dans la palette chaque jour plus fournie des placements financiers offerts aux investisseurs de la planète ? Sans doute oui si l'un des deux projets de création de marché à terme du diamant poli actuellement en concurrence aboutit. Mais ce nouvel instrument sera d'abord au service de l'industrie diamantaire, assurent ses avocats. Il permettra aux acheteurs comme aux vendeurs de se couvrir en fixant les cours à terme, c'est-à-dire les prix de la pierre pour une livraison dans plusieurs mois. L'expert Martin Rapaport, qui fournit à la profession un indice de prix de référence est l'un des promoteurs de ce nouveau marché à terme. Sa société basée à New York, envisage de le mettre en route dès cet automne aux Etats-Unis, là où l'on achète le plus de diamants. L'autre société dans la course, PolishedPrices.com, a le soutien de partenaires de premier plan, bourses, banques et notamment d'une banque indienne très présente sur les marchés dérivés. Il faut savoir que l'Inde est l'un des pays où se déplace actuellement le marché du diamant longtemps dominé par la ville d'Anvers. Si l'intérêt financier du projet fait globalement l'unanimité, beaucoup doutent de sa faisabilité technique. Pour lancer un contrat à terme sur l'acier sur le marché londonien des métaux, il aura fallu plus de dix ans de discussions pour déterminer les produits physiques sur lesquels reposent les cotations. Si l'affaire est compliquée pour la sidérurgie qui produit une grande variété d'acier, elle se corse un peu plus pour le diamant, car un caillou par définition est unique. Sa valeur évolue en fonction de son poids, de sa taille, de sa couleur, de sa pureté ; de surcroît toutes ces qualités font l'objet d'évaluations parfois subjectives : d'un laboratoire à un autre, l'analyse peut grandement varier. Difficile de comparer des pommes et des poires préviennent les industriels. Quant aux joailliers, ils s'inquiètent surtout des effets dévastateurs d'une cotation publique. Comment expliquer à leurs clients que la valeur du diamant peut tripler en passant entre leurs mains ? Sceptique, la profession exige des gages de sérieux : que les cotations soient limitées à un petit nombre de pierres, que les certificats soient fournis par des laboratoires reconnus, et pour le reste ne demande qu'à voir. Après tout, dans le monde opaque du diamant, personne n'aurait parié sur la vente de cailloux via Internet. C'est pourtant une réussite commerciale incontournable.