La Chine devrait connaître une accélération de sa croissance durant la deuxième partie de l'année mais s'inquiète de l'aggravation de la crise de la dette en Europe, selon le rapport annuel du FMI sur la deuxième économie mondiale publié, hier. Le Fonds monétaire international a baissé d'un quart de point de pourcentage par rapport à avril sa prévision de croissance pour la Chine en 2012, désormais "d'environ 8%". La prévision pour 2013 passe à 8,5%, contre 8,8% il y a trois mois. "La croissance en Chine va décélérer pour atteindre environ 8% cette année", selon le FMI qui ajoute qu'elle "devrait avoir atteint un creux au deuxième trimestre et accélérer durant la deuxième moitié de l'année". La hausse du Produit intérieur brut (PIB) a ralenti entre avril et juin pour le sixième trimestre consécutif, tombant à 7,6%, contre 8,1% pour les trois premiers mois de l'année. Le Fonds relève que l'atterrissage en douceur voulu l'an dernier par les autorités chinoises pour lutter contre l'inflation et éviter une surchauffe dans le secteur immobilier "a rencontré des vents contraires plus forts que prévu à cause de l'aggravation de la crise dans la zone euro". "Les autorités s'inquiètent des perspectives à l'étranger, en particulier du risque d'une aggravation de la crise dans la zone euro et de l'absence de mesures suffisantes pour y répondre", selon le Fonds. Mais le ralentissement de la hausse des prix, passée de 6,5%, il y a un an à 2,2% en juin, a permis au gouvernement de desserrer sa politique monétaire et de soutenir l'activité. L'inflation en Chine devrait "rester comprise entre 3% et 3,5% cette année et tomber entre 2,5% et 3% en 2013", selon le rapport du Fonds. La banque centrale a réduit trois fois les réserves obligatoires des banques entre décembre et mai pour leur permettre de prêter davantage, avant d'abaisser deux fois ses taux d'intérêt directeurs, en juin et juillet. Ces "mesures sont bien calibrées pour la situation telle qu'elle est" actuellement, a déclaré Markus Rodlauer, chef de mission du FMI en Chine, lors d'un point de presse de présentation du rapport. "Les autorités ont levé le pied du frein mais elles n'ont pas encore appuyé fortement sur l'accélérateur" tout en se tenant prêtes à le faire si nécessaire, a estimé l'économiste. Concernant ses échanges avec l'étranger, la Chine a déjà réalisé selon le FMI "des progrès substantiels dans le rééquilibrage externe" de son économie en réduisant son excédent des comptes courants, tombé d'un pic de 10,1% en 2007 à 2,8% en 2011. Le FMI considère aussi que la monnaie chinoise, le yuan, n'est plus que "modérément" et non plus "substantiellement" sous-évaluée, a rappelé M. Rodlauer. "Le degré de la sous-évaluation du yuan a significativement diminué", a-t-il déclaré sans chiffrer cet écart, tout en relevant un désaccord persistant avec le gouvernement chinois qui considère que sa monnaie a atteint un niveau "proche de l'équilibre". Le taux de change du yuan reste un sujet de friction avec les partenaires commerciaux de la Chine, notamment les Etats-Unis où le sujet a refait surface dans la campagne électorale. M. Rodlauer a enfin appelé la Chine à rééquilibrer son économie pour accorder plus de place à la consommation et moins à l'investissement. "Le rééquilibrage interne est maintenant une priorité", a-t-il souligné, alors que la part de l'investissement dans l'économie chinoise atteint près de 50% du PIB, ce qui "crée de larges excédents de capacités dans l'économie". Le taux d'utilisation de ces capacités, notamment industrielles, "est tombé d'un peu moins de 80% avant la crise à environ 60% aujourd'hui", d'après le rapport. Pour rééquilibrer son modèle de croissance vers plus de consommation des ménages, la Chine doit "s'assurer que les fruits de la croissance soient distribués largement et de façon équitable" au sein de la population, a encore dit M. Rodlauer. L'activité manufacturière se contracte encore, mais moins vite L'activité manufacturière en Chine a continué à se contracter au mois de juillet pour le 9e mois consécutif, mais l'ampleur de cette contraction est la plus faible en cinq mois, selon un indicateur provisoire publié, la veille, par la banque HSBC. L'indice PMI des directeurs d'achat s'est redressé à 49,5 pour le mois en cours, contre 48,2 en juin, selon un communiqué de la banque. Un indice supérieur à 50 indique une expansion, et un indice en-dessous de ce seuil une contraction. Il s'agit de la plus faible contraction de l'activité manufacturière en Chine depuis février, lorsque l'indice PMI avait été de 49,6, selon la banque. D'après HSBC, il faut remonter à octobre 2011 pour trouver une expansion de l'activité manufacturière dans la deuxième économie mondiale. L'indice provisoire pour le mois de juillet "suggère que les mesures d'assouplissement" monétaire du gouvernement "commencent à porter leurs fruits", a déclaré Qu Hongbin, principal économiste pour la Chine de HSBC. La banque centrale chinoise a baissé par deux fois ses taux d'intérêt directeurs en juin et en juillet, après avoir réduit par trois fois entre décembre et mai les réserves obligatoires des banques, leur permettant de prêter davantage. Mais "le fait que l'indice reste en-dessous de 50 signifie que la demande est toujours faible et l'emploi de plus en plus sous pression", met en garde M. Qu qui estime que cette situation "appelle de nouveaux efforts d'assouplissement pour soutenir la croissance et l'emploi". "La diminution de l'inflation permet à Pékin d'agir en ce sens", observe cet expert alors que le gouvernement chinois a récemment fait du soutien à la croissance sa priorité. La hausse des prix en Chine n'a été que de 2,2% en juin, après avoir culminé à 6,5% il y a un an. La croissance de l'économie chinoise est tombée au deuxième trimestre à 7,6%, son plus faible niveau en plus de trois ans et le gouvernement veut à tout prix maintenir la stabilité sociale avant le 18è congrès du Parti communiste cet automne, qui doit voir une nouvelle génération des dirigeants accéder au pouvoir. HSBC doit publier son indice PMI définitif pour le mois de juillet le 1er août.