GDF Suez va facturer à sa clientèle près de 300 millions d'euros, étalés sur deux ans, pour compenser le gel des prix du gaz fin 2011, qu'il avait attaqué avec succès en justice, et fourbit ses armes en vue d'un nouveau recours contre la hausse limitée à 2% intervenue en juillet. A la suite de l'annulation par le Conseil d'Etat du gel tarifaire pour la période du 1er octobre 2011 au 1er janvier 2012, le Groupe va facturer 290 millions d'euros à ses clients sur une durée permettant de réduire l'impact sur leur pouvoir d'achat, a annoncé GDF Suez dans un communiqué consacré à ses résultats semestriels. Face à des protestations suscitées par cette annonce, notamment au sein de l'opposition où le Front national et le Nouveau centre se sont immédiatement insurgés, le groupe a précisé en fin de matinée que ce paiement compensatoire serait étalé sur deux ans, soit jusqu'en juin 2014, et qu'il s'élèverait en moyenne à 38 euros au total pour un ménage se chauffant au gaz. Du fait de cet étalement, décidé en accord avec l'Etat, le surcoût sera en moyenne limité à moins de deux euros par mois pour les clients chauffés au gaz, et à 20 centimes par mois pour ceux qui n'utilisent le gaz que pour la cuisson et l'eau chaude, a-t-il assuré. Ce rattrapage était attendu depuis début juillet, lorsque le Conseil d'Etat avait donné raison au groupe en annulant l'arrêté sur les tarifs du gaz, pris en septembre par l'ancien gouvernement. GDF Suez avait chiffré dès le début de l'année à environ 290 millions son préjudice lié à ce gel. Dans la perspective de la campagne présidentielle, ce dernier avait gelé au quatrième trimestre 2011 les prix du gaz naturel pour les particuliers, au nom du pouvoir d'achat, et limité leur évolution pour les autres catégories de clients, alors qu'ils auraient dû augmenter de 8,8 à 10% pour couvrir les coûts de l'opérateur gazier historique, en vertu d'une formule de calcul officielle. Début juillet, le Conseil d'Etat a imposé au gouvernement Ayrault, qui a hérité à son arrivée au pouvoir de cet encombrant dossier, de réviser rétroactivement dans un délai d'un mois les tarifs appliqués pour la période allant du 1er octobre 2011 au 1er janvier 2012, afin que GDF Suez puisse récupérer le manque-à-gagner. Ce gel, qui était censé s'appliquer jusqu'à la fin du premier semestre 2012 (c'est-à-dire jusqu'aux élections), n'avait en fait duré que trois mois. Bras de fer en vue Dès l'automne dernier, plusieurs concurrents de GDF Suez avaient saisi le Conseil d'Etat en référé et obtenu son invalidation, obligeant le gouvernement Fillon à augmenter les tarifs de l'opérateur historique de 4,4% au 1er janvier. Après ce premier bras de fer qui s'est conclu à son avantage, GDF Suez s'est dit prêt à lancer des recours appropriés contre la hausse de ses tarifs en juillet, que le gouvernement Ayrault avait décidé de plafonner à 2%, là encore au nom de la défense du pouvoir d'achat. Cette hausse limitée reste très inférieure au niveau requis pour couvrir les coûts de l'opérateur historique, qui a été estimé officiellement à 7,3% par l'autorité du secteur, la Commission de régulation de l'énergie (CRE). GDF Suez évalue son préjudice à 30 millions d'euros au troisième trimestre. Nous sommes en train d'étudier la situation et nous prendrons notre décision (quant à un recours au Conseil d'Etat, ndlr) dans les semaines qui viennent, a déclaré le vice-président du groupe, Jean-François Cirelli, lors d'une conférence téléphonique. Le fait que les tarifs reflètent les coûts (...) est une obligation absolue, a réaffirmé de son côté le P-DG, Gérard Mestrallet. Les concurrents de GDF Suez ont également menacé de saisir à nouveau le Conseil d'Etat. GDF Suez a par ailleurs enregistré au premier semestre une baisse de 15% de son bénéfice net à 2,3 milliards d'euros, liée à des effets comptables, mais a affiché une amélioration de ses résultats opérationnels. Il a du coup confirmé ses objectifs financiers.