La production industrielle japonaise a de nouveau souffert du ralentissement de l'activité mondiale en juillet, une faiblesse d'autant plus inquiétante que les soutiens de l'Etat à l'économie pourraient diminuer. En juillet, elle a reculé de 1,2% sur un mois, a annoncé, avant-hier, le ministère de l'Economie, du Commerce et de l'Industrie (Meti), prenant par surprise les économistes qui s'attendaient majoritairement à une progression. Le Meti a eu beau juger que la production industrielle nippone était "stable", il s'agit du troisième recul en quatre mois, symptomatique de l'impact du ralentissement économique mondial sur les exportations manufacturières japonaises. La crise européenne d'endettement pèse en effet lourdement sur la demande en provenance du Vieux continent, important client des produits électroniques nippons, et indirectement sur l'activité en Chine, le principal partenaire commercial du Japon. Au final, des produits stratégiques comme les semi-conducteurs et les dalles d'écrans cristaux liquides de grande taille sont moins réclamés, ce qui a poussé leurs fabricants nippons à ralentir le rythme. L'industrie électronique japonaise en général connaît en outre des difficultés structurelles. Sa rentabilité est affectée hors de l'archipel par la vigueur historique du yen et elle subit une forte concurrence des fabricants sud-coréens et taïwanais, entre autres. "La production industrielle stagne depuis son vigoureux rétablissement d'après le séisme" du 11 mars 2011 qui l'avait quasi-paralysé, a constaté Yoshiro Sato, de la banque Crédit Agricole. "Cette tendance mi-figue mi-raisin devrait se poursuivre, à moins d'une stabilisation de la situation internationale". Autre facteur inquiétant, le dynamisme de la construction d'automobiles pourrait freiner dès septembre, d'après une enquête du Meti auprès des professionnels. Ce secteur a bénéficié depuis le début de l'année de subventions gouvernementales à l'achat de voitures peu gourmandes en énergie, qui pourraient s'arrêter prochainement faute de budget. La fin de ce programme public pèserait de surcroît sur la consommation qu'il a fortement soutenue ces derniers mois. En juillet encore, la hausse de 1,7% sur un an des dépenses des ménages nippons a été rendue possible par le bond d'achat de véhicules motorisés (+77,7%), aussi le retour de bâton pourrait être sévère lorsque, les subventions terminées, les affaires du secteur automobile péricliteront. Les Nippons peuvent de surcroît être dissuadés de consommer par la déflation persistante, qui les incite à retarder leurs achats dans l'espoir de bénéficier plus tard de tarifs plus avantageux, et qui décourage de surcroît l'investissement des entreprises. La baisse des prix a atteint 0,3% en juillet en rythme annuel, d'après le ministère des Affaires intérieures, en raison d'une baisse des loyers affectés par le marasme immobilier et d'une chute des tarifs des produits électroménagers et électronique grand public (réfrigérateurs, télévisions, téléphones mobiles). Pour tenter d'endiguer ce phénomène, la Banque du Japon (BoJ) maintient déjà son taux directeur dans une fourchette de 0,0% à 0,1%, afin de faciliter la circulation d'argent. Elle inonde en outre le marché de liquidités via un programme d'achat d'actifs. Mais les données publiées "vont certainement alourdir la pression sur la BoJ pour qu'elle fasse davantage", a estimé M. Sato. La déflation constitue l'une des principales entraves à la croissance du Japon qui a nettement ralenti au deuxième trimestre (0,3%) après un premier trimestre dynamique (1,3%). Des économistes prévoient que la troisième puissance économique va caler d'ici à la fin de l'année, d'autant qu'un blocage politique empêche l'adoption d'une loi autorisant l'émission d'obligations d'Etat. Sans le passage rapide de ce texte, le ministre des Finances, Jun Azumi, a prévenu que le gouvernement serait obligé "de reporter certaines dépenses afin de repousser l'assèchement des fonds publics", au risque de limiter l'activité. Dans ce contexte difficile, le maintien du taux de chômage au bas niveau de 4,3% n'a pas suffi à rassurer. Les prix à la consommation en recul de 0,3% en juillet sur un an Les prix à la consommation au Japon, hors produits périssables, ont reculé de 0,3% sur un an en juillet, en raison d'une baisse des loyers et des tarifs des produits électroménagers, a annoncé le ministère des Affaires intérieures. Le Japon reste en déflation, un phénomène de baisse des prix qu'il subit depuis plus de trois ans et qui décourage l'investissement des entreprises et affaiblit la consommation des ménages. Le rythme du repli avait atteint jusqu'à 2,4% sur un an en août 2009. En excluant non seulement l'alimentation, mais aussi l'énergie, les prix à la consommation ont reculé de 0,6% en juillet par rapport à ceux du même mois de 2011, a précisé le ministère. La différence s'explique par la hausse des cours de l'électricité et du gaz. Le montant des loyers réglés aux propriétaires a diminué en moyenne de 0,4%, le marché de l'immobilier continuant de souffrir. Parmi les biens durables, les prix ont particulièrement baissé dans l'électroménager et l'électronique grand public: les tarifs des réfrigérateurs ont chuté de près de 30%, ceux des téléphones mobiles reculant de 6,5% et ceux des téléviseurs de 4,2%. Parmi diverses prestations et services aux tarifs déclinant, le coût d'entretien des voitures s'est replié de 1,9%, le droit d'entrée aux clubs de golf de 2,7% et la facturation des connexions internet de 2,4%. L'indice des prix à la consommation dans la région de Tokyo, considéré comme un indicateur avancé de l'évolution des prix dans le reste du Japon, a régressé de son côté de 0,5% en août sur un an, hors produits périssables, a précisé le ministère. La déflation représente l'un des principaux freins à la reprise de la troisième puissance économique mondiale, dont la croissance a ralenti au deuxième trimestre après un début d'année encourageant. La baisse tendancielle des prix décourage en effet l'investissement des entreprises et incite les consommateurs à retarder leurs achats, dans l'espoir de bénéficier plus tard de tarifs plus avantageux. Pour tenter d'endiguer ce phénomène pernicieux, la Banque du Japon (BoJ) maintient son taux directeur dans une fourchette de 0,0% à 0,1%, afin de faciliter la circulation d'argent. Elle promet de poursuivre cette politique accommodante jusqu'à ce que les prix grimpent à un rythme annuel d'environ 1%, jugeant actuellement les prix peu ou prou stable. La consommation des ménages a grimpé de 1,7% en juillet sur un an La consommation des ménages au Japon a grimpé de 1,7% sur un an en juillet, dopée par l'accélération des travaux d'entretien domestique et la hausse des achats de voitures, a annoncé le ministère des Affaires intérieures. Plus d'un an après les catastrophes de mars 2011, une ambiance moins morose et des mesures incitatives incitent les Nippons à davantage desserrer les cordons de la bourse. Le rythme d'augmentation des emplettes a toutefois tendance à ralentir ces derniers mois après un début d'année vigoureux, réduisant du même coup l'ampleur de la croissance de la troisième puissance économique mondiale. En juillet, les Japonais ont continué d'acheter davantage de véhicules motorisés (+77,7%), profitant notamment des subventions publiques versées pour l'acquisition de voitures peu gourmandes en énergie. Ce programme de soutien à l'économie, lancé en décembre, risque toutefois de s'achever dans les semaines à venir faute de budget, laissant planer une ombre sur la consommation des mois à venir. Autre facteur de hausse, les Nippons ont investi davantage dans le matériel et les outils d'entretien et de réparation de leurs maisons (+77,5%), et ont dépensé davantage en frais de communication (+14,1%) qui comprennent notamment les abonnements aux Smartphones en plein boom. Ils ont aussi payé davantage de services médicaux (+11,7%). En termes nominaux, c'est à dire sans tenir compte de l'évolution des prix, les ménages ont dépensé 1,2% de plus, a précisé le ministère dans un communiqué. Les dépenses de consommation des ménages salariés, qui représentent environ 60% du total, ont augmenté de 1,5% en termes réels sur la même période. Toujours en juillet et par rapport au même mois de l'an passé, le revenu moyen des ménages salariés s'est affaissé de 2,2%, à 557 032 yens (environ 5 600 euros), en raison d'une forte baisse du montant perçu pour les heures supplémentaires et pour les primes d'été. Le taux de chômage reste stable à 4,3% en juillet Le taux de chômage au Japon est resté stable à 4,3% en juillet, a annoncé le ministère des Affaires intérieures.En juillet, on recensait 2,88 millions de chômeurs au Japon, soit 7,7% de moins qu'un an plus tôt, pour une population au travail en effritement de 0,1% à 62,77 millions d'individus. Le marché du travail s'est détendu pour le quatorzième mois consécutif: on comptait en juillet 83 offres d'emplois pour 100 demandes dans l'archipel, contre 82 en juin, a indiqué de son côté le ministère de la Santé, du Travail et des Affaires sociales. Le taux de chômage continue d'évoluer à son plus bas niveau depuis plus de trois ans. Le marché de l'emploi au Japon profite depuis quelques mois d'un regain d'activité dans le secteur automobile, dopé par un programme gouvernemental de subventions à l'achat de voitures écologiques, et dans celui du BTP grâce aux travaux de reconstruction rendus nécessaires par le séisme et le tsunami du 11 mars 2011 dans le nord-est de l'archipel. Des analystes soulignent toutefois que le taux de chômage officiel n'est pas à lui seul révélateur des mouvements à l'œuvre sur le marché du travail. Ils mettent en exergue le fait que de nombreux demandeurs d'emplois, découragés, renoncent à chercher, ce qui les fait sortir des statistiques. Le chômage avait atteint un record de 5,7% au Japon pendant la récession de 2008-2009, avant de reculer. Le gouvernement pourrait repousser des dépenses Le ministre japonais des Finances a prévenu qu'il pourrait repousser certaines dépenses prévues au budget à cause d'un blocage politique qui l'empêche d'émettre des obligations d'Etat, mais a promis que le gouvernement rembourserait toutes ses dettes. Nous envisagerons de reporter certaines dépenses afin de repousser l'assèchement des fonds publics, a déclaré Jun Azumi, lors d'une conférence de presse. Une loi autorisant les autorités à émettre des obligations couvrant plus de 40% du budget de l'Etat japonais d'avril 2012 à mars 2013 est bloquée au Sénat, en raison du refus de l'opposition de la voter. Le principal mouvement de droite, le Parti Libéral-Démocrate (PLD), entre autre, exige avant de donner son feu vert que le Premier ministre Yoshihiko Noda dissolve la chambre des députés et convoque des législatives anticipées. La loi a été votée par la chambre des députés, où la majorité est détenue par le Parti Démocrate du Japon (PDJ, centre-gauche) de M. Noda, mais elle doit également être approuvée par le Sénat, où l'opposition est majoritaire. L'assèchement des fonds publics n'est pas de la fiction, c'est la réalité, a averti M. Azumi, regrettant que l'opposition joue la carte du blocage sur un sujet aussi sensible. Selon lui, son ministère pourrait reporter un versement de 4 100 milliards de yens (41 milliards d'euros) prévu la semaine prochaine aux municipalités. M. Azumi a ajouté que, si la loi n'est pas adoptée d'ici au 8 septembre (date de la fin de la session parlementaire), son ministère devrait repousser des paiements et subventions à des entreprises et universités publiques ainsi que certaines dépenses administratives. Il a en revanche souligné que l'Etat paierait toutes ses dettes comme prévu. Je veux envoyer un message clair au reste du monde, a-t-il martelé, d'après l'agence de presse Dow Jones Newswires. La dette publique de l'archipel dépasse 200% de son produit intérieur brut, la pire proportion parmi les pays développés. L'adoption mercredi par le Sénat d'une motion de défiance contre M. Noda laisse toutefois peu d'espoir de voir l'opposition soutenir sans contrepartie le texte de loi du gouvernement. Cette motion, symbolique, a été adoptée avec le soutien du PLD et d'autres mouvements d'opposition. Un allié traditionnel du PLD, le Nouveau Komeito (centre), s'est toutefois abstenu. Afin d'obtenir son soutien pour augmenter la TVA, M. Noda a promis à l'opposition début août d'organiser dans un proche avenir le scrutin législatif qui devait normalement se tenir à la fin de l'été 2013. D'après des informations dans la presse japonaise, M. Noda souhaiterait tenir cette élection anticipée début novembre, après avoir accueilli mi-octobre à Tokyo les assemblées générales annuelles du FMI et de la Banque mondiale. Mais l'opposition veut un scrutin plus tôt pour profiter au plus vite de l'impopularité de l'exécutif.