La Banque du Japon réunit aujourd'hui et demain un comité de politique monétaire inhabituellement restreint à sept membres au lieu de neuf, en raison de l'opposition du Sénat à la nomination d'un candidat faucon en termes de politique monétaire. Pour la première fois depuis deux ans, l'organe décisionnel de la banque centrale (BoJ) sera privé de deux de ses membres, les responsables qui occupaient ces sièges ayant achevé leur mandat. Le gouvernement de centre-gauche avait présenté un candidat pour remplacer Seiji Nakamura, dont les cinq ans de fonction ont pris fin mercredi. Mais le Sénat contrôlé par l'opposition de droite a refusé la nomination de Ryutaro Kono, l'économiste en chef de la banque BNP Paribas Securities au Japon, jugé trop rigoureux en termes de politique monétaire. Les conservateurs ont expliqué vouloir des candidats susceptibles d'assouplir davantage la politique monétaire de l'institut d'émission afin, ont-ils argué, de mettre fin au plus tôt à la déflation sévissant depuis trois ans au Japon. Toute candidature au comité de politique monétaire de la BoJ doit être entérinée séparément par la majorité de la Chambre des députés et du Sénat. Le ministre nippon des Finances, Jun Azumi, a déploré que l'opposition ait décidé de soutenir ou non un candidat en fonction de son inclination à assouplir davantage la politique monétaire. Il a toutefois convenu que le gouvernement allait devoir présenter des candidats acceptables par la majorité comme par l'opposition afin de rapidement combler les deux sièges vacants. Indépendante du pouvoir politique selon les termes de la Constitution nippone, la BoJ a toutefois subi ces derniers mois de nombreuses pressions plus ou moins explicites de la part du gouvernement qui pousse l'institut d'émission à étendre ses dispositifs d'assouplissement monétaire. Lors de son avant dernière réunion, le comité de politique monétaire a annoncé l'achat de 10 000 milliards de yens (93 milliards d'euros) d'obligations d'Etat supplémentaires d'ici à la fin 2012. Cette décision a porté à 65 000 milliards de yens (quelque 600 milliards d'euros) le montant total qu'elle s'autorise à consacrer à l'achat de bons du Trésor, d'obligations d'entreprises et autres titres financiers, ainsi qu'à l'émission de prêts à taux préférentiel, afin de soutenir l'activité et de lutter contre la déflation. L'institut maintient en outre depuis octobre 2010 son principal taux directeur dans une fourchette comprise entre 0,0% et 0,1%. Après trois ans de déflation, la BoJ estime désormais que les prix sont peu ou prou stables dans l'archipel, alors qu'elle vise un niveau d'inflation de 1%. La déflation qui décourage l'investissement des entreprises et la consommation des ménages est l'un des principaux obstacles à la croissance de la troisième puissance économique mondiale, qui a subi la récession lors d'une 2011 gâchée par le séisme et le tsunami du 11 mars dans le nord-est et les à-coups de la conjoncture mondiale.