Tokyo cherche la méthode qui lui permettra d'enrayer la hausse du yen, qui a touché cette semaine un plus haut de 15 ans contre le dollar et un plus haut de neuf ans contre l'euro, menaçant de faire s'écrouler une reprise qui repose sur les exportations. Mais la vigueur du yen risque de compliquer les efforts déployés par le gouvernement japonais pour combattre la déflation. Le Premier ministre japonais, Naoto Kan, a déclaré vendredi aux journalistes qu'il agirait dès que nécessaire sur la question du yen fort et qu'il rencontrerait le gouverneur de la Banque du Japon Masaaki Shirakawa dès son retour d'un voyage à l'étranger. Naoto Kan a également déclaré que des fluctuations excessives des monnaies pouvaient mettre en péril la stabilité financière et qu'il espérait que la BoJ prendrait les mesures appropriées en termes de politique monétaire. Des décisions seront prises le 31 août sur ces questions. Le ministère des Affaires intérieures a annoncé vendredi que les prix à la consommation, qui comprennent les prix des carburants mais pas ceux des produits frais, ont reculé de 1,1% en juillet en glissement annuel conformément à la prévision médiane du marché. En juin, ils avaient diminué de 1%. «Deux ou trois ans de déflation» «Etant donné l'appréciation du yen, les exportations vont plonger provisoirement et ralentir la reprise économique japonaise. Le Japon restera donc en déflation pour encore deux ou trois ans», a déclaré Takeshi Minami, chef économiste du Norinchukin Research Institue. Les investisseurs parient sur une intervention de la Banque du Japon visant à assouplir la politique monétaire du pays. «La BoJ pourrait étendre ses outils de refinancement le mois prochain, mais l'effet sur les taux d'intérêt à court terme sera limité. Elle a besoin de prendre des décisions plus audacieuses pour combattre la déflation et la hausse du yen, comme augmenter les achats fermes d'emprunts d'Etat, même si c'est très peu probable que cela se produise», a ajouté Takeshi Minami. Deux autres indicateurs publiés vendredi offrent une vision contrastée de la reprise japonaise. Le taux de chômage ajusté des variations saisonnières a baissé à 5,2% en juillet contre 5,3% en juin alors que la prévision médiane s'établissait à 5,3%, selon les chiffres du ministère des Affaires intérieures. Les dépenses des ménages ont de leur côté augmenté de 1,1% en juillet sur un an en termes réels, soit moins que la prévision du marché d'une augmentation de 1,3%.