Les prix du pétrole montaient, hier, en cours d'échanges européens, le marché espérant des mesures de soutien à l'économie par les banques centrales des grands pays consommateurs de brut, notamment en Chine et dans la zone euro, sur fond d'indicateurs manufacturiers ternes. À la mi-journée, le baril de Brent de la mer du Nord, échangé sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, pour livraison en octobre, valait 116,32 dollars, en hausse de 54 cents par rapport à la clôture de la veille. Dans les échanges électroniques sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de light sweet crude (WTI) pour la même échéance gagnait 68 cents, à 97,15 dollars, par rapport à la clôture de vendredi (la place new-yorkaise étant restée fermée la veille en raison d'un jour férié aux Etats-Unis). Le marché est soutenu par la bonne tenue des places boursières et l'affaiblissement du dollar, qui rend plus attractifs les achats de brut - libellés dans la monnaie américaine - pour les investisseurs munis d'autres devises, soulignait Andrey Kryuchenkov, analyste de VTB Capital. L'appétit pour les actifs jugés risqués, comme les matières premières ou l'euro, reste alimenté par la perspective de voir la Banque centrale européenne (BCE) annoncer un programme de rachats d'obligations à l'issue de sa réunion de politique monétaire jeudi, ajoutait-il. Alors que la situation économique de la région continue de se détériorer, avec une nouvelle contraction en août de son activité manufacturière, les opérateurs spéculent sur la mise en place par la BCE d'une limite aux taux d'emprunt des pays en difficulté de la zone euro - comme l'Espagne et l'Italie - au-delà de laquelle seraient déclenchés des rachats systématiques d'obligations. De plus, l'annonce la veille d'une contraction de l'activité manufacturière en Chine en août a certainement amplifié les attentes de mesures supplémentaires d'assouplissement monétaire de la part de Pékin pour stimuler la croissance et les investissements du pays, deuxième consommateur de brut de la planète, notait M. Kryuchenkov. Les investisseurs continuent par ailleurs de s'interroger sur la possibilité d'une annonce de nouvelles mesures de la Réserve fédérale américaine (Fed) lors de sa prochaine réunion de politique monétaire (mi-septembre), son président Ben Bernanke ayant rappelé vendredi sa détermination à agir davantage pour soutenir l'économie si nécessaire. Des mesures de soutien de la Fed peuvent prendre la forme d'injections de liquidités dans l'économie, susceptibles d'alimenter les investissements dans les matières premières mais aussi de diluer la valeur du billet vert. En attendant, les opérateurs devraient scruter les statistiques économiques aux Etats-Unis, et notamment le très attendu rapport mensuel sur l'emploi publié vendredi prochain, en quête d'indices sur la vigueur de la reprise de la première économie mondiale. Pour Olivier Jakob, expert de Petromatrix, ces mesures des grandes banques centrales, si elles se concrétisent, devraient provoquer une euphorie d'achat sur le marché du brut. Cependant, ce sursaut pourrait ne pas être durable, car ces mesures doperaient les prix, ce qui pourrait in fine contribué à miner une demande encore fragile, avertissait M. Jakob. En Asie, le pétrole s'affichait en hausse hier, les opérateurs tablant sur de prochaines actions des banques centrales pour relancer la croissance, après les chiffres mitigés sur le secteur manufacturier en Europe et en Chine. Le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en octobre gagnait 78 cents à 97,25 dollars dans les échanges électroniques en Asie, tandis que le baril de Brent de la mer du Nord pour la même échéance prenait 37 cents à 116,15 dollars.