L'économie chinoise, deuxième de la planète, ne devrait croître que de 7,7% cette année, contre 9,3% l'an dernier, mais le risque d'un atterrissage brutal est "faible" et la croissance devrait s'accélérer en 2013, à 8,1%, a prédit, hier, la Banque mondiale (BM). "La croissance va ralentir cette année en Chine, à 7,7%, contre 9,3% l'an dernier, en raison d'exportations plus faibles et d'une croissance des investissements moins rapide", a estimé la Banque dans son dernier rapport sur l'Asie de l'Est et le Pacifique publié à Singapour. Si ce chiffre de 7,7% était confirmé, la Chine connaîtrait ainsi sa pire performance en 13 ans. La BM s'attendait jusqu'à présent à une progression de 8,2% de l'économie chinoise pour cette année. La croissance du Produit intérieur brut (PIB) chinois devrait cependant s'accélérer à nouveau en 2013, avec une progression de 8,1%, grâce notamment aux effets des mesures de relance gouvernementales et de la hausse attendue des investissements, précise la BM. "Le ralentissement de la Chine cette année est significatif et certains craignent qu'il puisse encore s'aggraver", met en garde la BM, estimant cependant qu'il ne faut pas s'attendre à une chute vertigineuse de la croissance. "Les mesures prises cette année en matière monétaire commencent à produire leurs effets sur le crédit et le tout-dernier indice PMI laisse entrevoir une certaine reprise de l'activité", souligne la Banque en référence à l'indice PMI des directeurs d'achat compilé par la Fédération chinoise de la logistique et des achats (CFLP). Ce dernier s'est élevé le mois dernier à 49,8, contre 49,2 en août, se rapprochant ainsi du seuil des 50 points au-delà duquel l'activité est considérée comme en expansion. La BM table également sur un futur effet positif des mesures du gouvernement chinois visant à relancer les investissements pour en conclure que "le risque d'un atterrissage forcé (de l'économie chinoise) reste faible". "Notre prévision générale reste que la Chine va effectuer un atterrissage en douceur", a renchéri l'économiste en chef de la Banque pour la région, Bert Hofman, soulignant de plus que Pékin dispose encore d'une marge de manœuvre budgétaire et monétaire "afin de relancer l'économie si nécessaire". Le ralentissement chinois devrait entraîner dans son sillage l'ensemble des pays en développement de l'Asie de l'Est et du Pacifique, dont la croissance plafonnera à 7,2% cette année, soit un point de moins que l'an dernier. Les pays dits "en développement" de la région ne comptent notamment pas le Japon et l'Australie, selon la définition de la Banque. La BM prédisait jusqu'à présent une croissance de 7,6% en 2012 pour ce groupe de pays. L'économie de la région devrait rebondir en 2013 pour atteindre 7,6%, alimentée par la demande intérieure, mais une aggravation de la crise de la zone euro, un renforcement des mesures d'austérité budgétaires aux Etats-Unis ainsi qu'un ralentissement prolongé de la croissance chinoise restent d'importants facteurs de risque, avertit la Banque. "Aucune région en développement ne serait épargnée, si la situation en Europe venait à se détériorer de manière significative... Une crise " majeure " pourrait entraîner une chute de plus de deux points de la croissance du PIB en 2013" dans la région, met en garde la BM. Le PIB chinois n'a progressé que de 7,6% au deuxième trimestre, soit la plus mauvaise performance depuis le début de la crise économique mondiale en 2008-2009. Pékin a déjà pris depuis la fin de l'année dernière diverses mesures pour soutenir l'activité, dont l'abaissement à deux reprises des taux d'intérêt directeurs, en juin et juillet. La banque centrale a par ailleurs réduit depuis décembre à plusieurs reprises les réserves obligatoires des banques pour leur permettre de prêter davantage. Le gouvernement chinois a également annoncé récemment des mesures destinées à "stabiliser" les exportations, prévoyant notamment des baisses de taxes pour les exportateurs ainsi que des procédures douanières simplifiées. La Chine a reconnu le mois dernier qu'elle aurait "d'énormes difficultés" à atteindre son objectif de 10% de croissance du commerce extérieur pour 2012, à cause d'une mauvaise conjoncture internationale qui pénalise ses exportateurs, dont l'Europe est le premier débouché.