Des réalisateurs et producteurs de films d'animation ont estimé que l'émancipation de cet art numérique en Algérie est tributaire de plusieurs facteurs financiers et techniques adossés à une "culture" du genre, "quasi inexistante". A la faveur d'une table ronde organisée, dimanche dernier, à la cinémathèque d'Alger à l'occasion d'une journée consacrée à la présentation du festival autrichien "Ars Electronica", dédié à l'art numérique et à la promotion de la création numérique, la situation du film d'animation algérien, les moyens d'assurer son développement et le cadre de travail des artistes, ont été évoqués, entre autres. La communication entre producteurs algériens de films d'animation dont le nombre est assez réduit, leur relation avec les jeunes talents (scénaristes et dessinateurs), était le point sur lequel les orateurs ont insisté pour dire toute son importance pour garantir une relance réussie de ce genre cinématographique. Les volets formation, encadrement et initiation au langage technique spécifique pour préparer un story-board ou la réalisation d'un film ont également été abordés par les producteurs qui ont mis en avant la nécessité de créer une dynamique dans ce domaine pour pouvoir faire face aux difficultés qui freinent la production de ces films en Algérie et pouvoir, par la suite, créer un marché et même une industrie du film d'animation. En déplorant l'existence d'un "décalage" entre les jeunes créateurs et le monde professionnel, les producteurs étaient unanimes à plaider pour franchir cette "barrière virtuelle" qui sépare deux parties complémentaires et empêche les jeunes talents de s'exprimer, d'étaler leur art et de nourrir leur don. "Les talents existent. Les idées proviennent des jeunes créateurs. Nous devons créer une synergie avec ces jeunes et également penser à communiquer davantage et se réunir plus souvent entre producteurs", a indiqué à ce propos le responsable de "Dynamic Art", le prodcteur-réalisateur Djilali Beskri, lauréat du "Pharaon blanc", la plus haute distinction annuelle de l'Association internationale du film d'animation. Pour ce qui est du statut du film d'animation en Algérie, M. Beskri a estimé que la réalisation de ce genre de film était "difficile" et "sinueuse", car "la culture du film d'animation est inexistante chez nous" et "les réalisateurs et les producteurs qui se comptent sur les doigts d'une main sont dispersés". La table ronde s'est déroulée en présence de l'ambassadeur d'Autriche à Alger, Mme Aloisia Worgetter, du directeur de la cinémathèque d'Alger, M. Lyès Semiane, d'étudiants de l'Ecole nationale des Beaux-Arts d'Alger et de la jeune réalisatrice autrichienne Viktoria Metschl, chargée de la présentation du festival "Ars Electronica". Sept films d'animation étrangers ayant obtenu des prix à l'édition de l'année 2011 du festival et quatre autres algériens ont été projetés durant l'après-midi à la cinémathèque d'Alger. Mme Metschl a expliqué que l'objectif de ces rencontres est de faire connaître le festival "Ars Electronica" au public algérien et pour étudier les voies et moyens de faire participer des films d'animation algériens aux prochaines éditions du festival.