Huit factions rebelles soudanaises du Darfour, réunies depuis vendredi en Tanzanie, ont annoncé lundi s'être entendues sur une "plateforme" commune de revendications en vue de pourparlers de paix avec le gouvernement de Khartoum. Ces groupes "ont présenté une plateforme commune sur le partage du pouvoir, le partage des richesses, les arrangements sécuritaires, les problèmes liés à la terre et aux questions humanitaires, en vue de négociations finales", selon la même source. "Ils ont aussi recommandé que les discussions finales (de paix) se tiennent d'ici deux à trois mois" avec le gouvernement soudanais, ajoute le texte, publié au terme de quatre jours de négociations à Arusha (nord de la Tanzanie). Les huit groupes rebelles ont aussi "répété qu'ils étaient prêts à respecter une cessation complète des hostilités, à partir du moment où toutes les autres parties prennent des engagements similaires". Enfin, ils se sont engagés à assurer l'accès du Darfour aux humanitaires, qui ont des difficultés à atteindre les personnes dans le besoin dans cette région de l'ouest du Soudan en guerre civile depuis 2003. Ce conflit a fait, selon l'ONU, quelque 200.000 morts et plus de 2,1 millions de déplacés, chiffres contestés par le gouvernement soudanais. La réunion d'Arusha, sous l'égide de l'Union africaine (UA) et des Nations unies, était la première à rassembler autant de factions rebelles, dont une dizaine opèrent actuellement au Darfour. Deux figures clés de la rébellion n'étaient cependant pas présentes à Arusha: Abdel Wahid Mohammed Nour, qui vit en exil en France et a boycotté la réunion, et Suleiman Jamous qui est confiné par les autorités de Khartoum dans un hôpital au Soudan. "Il y a une chaise qui attend (M. Nour) (...) lors des négociations finales", a déclaré à des journalistes le médiateur de l'ONU, Jan Eliasson. Concernant M. Jamous, "nous allons continuer à travailler avec le gouvernement soudanais (...) parce que sa libération serait utile", a estimé de son côté le médiateur de l'UA, Salim Ahmed Salim. MM. Eliasson et Salim ont annoncé lundi qu'ils comptaient se rendre dans les prochains jours à Khartoum pour des consultations avec les autorités soudanaises. "Nous voudrions voir un engagement concret" de la part de Khartoum pour un cessez-le-feu, a déclaré M. Salim à Arusha. Ni les groupes rebelles ni les médiateurs n'ont voulu révéler le détail des revendications des factions en matière de partage du pouvoir et des richesses. Les rebelles ont pris les armes au Darfour pour protester, selon eux, contre la marginalisation politique et économique de cette région pauvre du Soudan. Un accord de paix sur le Darfour a déjà été conclu en mai 2006 à Abuja (Nigeria), mais il a été signé par une seule faction rebelle et le gouvernement soudanais. Au moment de la conclusion de l'accord d'Abuja, il y avait seulement trois mouvements rebelles opérant au Darfour. Côté rebelle, le texte avait été signé par la faction du Mouvement/Armée de libération du Soudan (SLM/A) de Minni Minawi. Depuis, les deux autres groupes ont éclaté, la violence a augmenté et de nouvelles factions sont apparues. L'accord annoncé lundi intervient moins d'une semaine après l'adoption d'une résolution du Conseil de sécurité de l'ONU, qui a décidé de déployer au Darfour une force de paix mixte ONU-UA composée d'environ 26.000 hommes. Actuellement, une force de paix de l'UA, forte de 7.000 militaires, est présente au Darfour, mais elle se heurte à un manque cruel de moyens financiers, humains et logistiques.