L'Irak compte porter sa production de pétrole à 6 millions de barils par jour avant 2012, a déclaré, jeudi à Moscou, le ministre irakien du Pétrole Hussein Al-Shakristani. “Nous pouvons porter la production de pétrole à 6 millions de barils par jour avant 2012 si nous exploitons de nouveaux gisements”, a indiqué le ministre au cours d'une conférence de presse. Pour concrétiser cet objectif, l'Irak compte sur son projet de loi sur le pétrole qui rendra l'exploitation pétrolière possible par les compagnies étrangères. Ce projet de loi sur le pétrole, en voie de préparation, définira les conditions de participation des étrangers à l'exploitation des gisements pétroliers en Irak. Rigoureuses, selon le ministre irakien, les contrats doivent reconnaître la souveraineté de l'Irak et son droit sur ses ressources naturelles. Les sociétés étrangères installées dans le pays seront dans l'obligation d'employer des spécialistes locaux. Elles doivent également veiller à la protection de l'environnement, assurer la formation des cadres nationaux dans le secteur pétrogazier et contribuer au développement de l'infrastructure. L'Irak propose à tous ses partenaires étrangers de travailler non seulement dans la production du pétrole mais aussi dans son traitement, le transport et le forage. Par ailleurs, l'Irak a l'intention de revoir, conformément à cette nouvelle législation, les contrats pétroliers signés par le régime de Saddam Hussein et le Kurdistan. Dans son plaidoyer pour ce projet de loi, auquel ont collaboré les Etats-Unis par l'intermédiaire d'une société de conseil, Al-Shakristani omet, cependant, de dire que cette législation est la clé de voûte de la stratégie américaine en Irak. L'enjeu principal de cette loi est de placer l'extraction, le raffinage et la vente du pétrole entre les mains d'une poignée de multinationales américaines ou britanniques. Pour s'en convaincre, il suffit de prendre connaissance de certaines dispositions contenues dans ce projet. Il est ainsi dit que les compagnies étrangères choisies disposeraient d'un accès privilégié à une série de zones d'extraction pétrolière pour une durée de 25 ans. Mieux, elles payeraient moins de 10 % de redevances à l'Etat, tout en pouvant conserver tous les profits. Une véritable aubaine, qui ne serait assortie d'aucune obligation d'employer des Irakiens ou de maintenir dans le pays des activités générant d'importantes retombées économiques, comme le raffinage et la mise en marché. De plus, les multinationales pourraient édicter leurs propres normes en matière de santé, de sécurité au travail ou de protection de l'environnement sur “leurs” champs de pétrole, au mépris les lois irakiennes. Mieux encore, les différends qui ne manqueront pas de surgir entre le gouvernement et les compagnies étrangères devront être tranchés par les mécanismes d'arbitrage internationaux, loin des tribunaux irakiens. En somme, aucun autre pays du Moyen-Orient, même parmi les alliés inconditionnels des Etats-Unis dans le Golfe, n'avait encore cédé de manière aussi massive sa souveraineté sur une ressource naturelle aussi stratégique. “La loi sur le pétrole ne représente pas les aspirations du peuple irakien. Elle abandonnera le secteur pétrolier aux compagnies étrangères et entérinera la privatisation sous couvert des prétendus Accords de partage de la Production”, estime le plus grand des syndicats des travailleurs du secteur pétrolier d'Irak, appelant au retrait de cette loi sur le pétrole, parce qu'elle ne sert pas les intérêts du peuple irakien. Le syndicat n'est pas seul dans sa condamnation de cette loi sur le pétrole. Les opposants à cette loi comprennent aussi tous les autres syndicats d'Irak, un certain nombre de partis politiques et un groupe d'une soixantaine d'experts irakiens confirmés de l'industrie pétrolière. Reste à savoir, maintenant s'il est certain que la loi passera au Parlement. Le Parlement irakien qui a décidé lundi de se mettre en vacances pendant un mois, malgré les pressions des Etats-Unis, a souligné qu'en raison des divisions, le gouvernement de Nouri Al-Maliki n'avait pas été en mesure de soumettre le moindre texte au Parlement.