Le retour de la production de l'Irak ne va pas beaucoup influer sur le marché, car il produisait, pendant ces dix dernières années, hors quota. L'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) se réunira aujourd'hui à Vienne, en Autriche, en session extraordinaire. Elle doit faire face au marche pétrolier, qui connaît actuellement une surproduction combinée à une faible demande de 2 millions de b/j en raison de la détérioration de la situation économique aux Etats-Unis et dans le monde. Mais cette réunion se tiendra aussi sur fond d'incertitude sur la situation qui prévaut en Irak, deuxième réserve mondiale de pétrole après l'Arabie Saoudite. En effet, le siège de l'Irak à cette réunion extraordinaire de l'Opep risque d'être vacant car les Etats-Unis ont décidé de ne pas nommer de représentant pour y assister. C'est ce qu' a indiqué mardi dernier le département d'Etat américain. «L'Irak ne sera pas représenté à la réunion de l'Opep jeudi», a déclaré Lynn Cassel, une porte-parole du ministère des Affaires étrangères, renvoyant ainsi la question au prochain gouvernement irakien. Ce qui n'a pas manqué d'être interprété par les observateurs comme un geste qui trahit les desseins véritables des Américains au sujet de l'Irak. Même si la guerre en Irak n'a pas affecté de façon significative le marché pétrolier, en raison de l'excédent de l'Opep, la chute du régime de Saddam Hussein, combinée à la demande introduite au Conseil de sécurité de l'ONU par les USA pour demander la levée de l'embargo qui frappe l'Irak depuis 1992 font l'objet de toutes les surenchères. Concernant l'impact de l'éventuel retour du pétrole irakien sur le marché, le ministre de l'Energie et des Mines, M.Chakib Khelil, a souligné, hier, à Alger, que l'Irak a, depuis 10 ans, produit son quota hors Opep et que le retour à sa production, qui ne peut intervenir que d'ici 3 a 6 mois, n'aura pas d'impact. S'agissant de la représentation de l'Irak au sein de l'Opep, le ministre a souligné que «c'est à ce pays de décider de celui qui le Représenterait». De son côté, le ministre saoudien du Pétrole, Ali Al-Nouaïmi, a déclaré que l'Opep allait s'assurer à Vienne que le prix du baril reste dans la fourchette visée par le cartel de 22 à 28 dollars. «Demain, nous allons nous assurer que nous maintenons le marché là où il est, dans la fourchette», a-t-il dit. Selon Jon Rigby, «les commentaires d'Ali Al-Nouaïmi sont ceux qui sont le plus attendu par le marché, étant donné que l'Arabie Saoudite est le pays qui a produit le plus» ces derniers temps. «Ses déclarations, ce matin, (hier, ndlr) semblent indiquer que l'Arabie Saoudite est en faveur d'une réduction de la production, ce qui est positif pour le marché», a-t-il commenté. A contrario, le ministre émirati du Pétrole, Obeid Ben Saif Al-Nasseri, a estimé, hier, que l'Opep devait revenir au respect des quotas de production, suggérant qu'une réduction de ces quotas serait difficile à obtenir. En mars, afin de compenser l'absence du pétrole irakien, l'Opep a fourni 1,5 million de barils par jour (MBJ) en plus des 24,5 MBJ correspondant au plafond de production qu'elle s'était fixé en février dernier. L'idée que l'Opep réduise sa surproduction sans baisser ses quotas de production est accueillie avec scepticisme par le marché pétrolier, entraînant un léger repli des cours. Enfin, le prix officiel du panier de l'Opep, moyenne de sept bruts mondiaux, s'est établi à 26,24 dollars le baril mardi, contre 26,64 USD lundi, selon l'Opecna, l'agence d'information du cartel.