Le pétrole a terminé la séance en net recul, avant-hier, à New York, les investisseurs s'inquiétant de l'apparente impasse des négociations sur le budget des Etats-Unis, qui pourrait déclencher une cure d'austérité forcée néfaste à la demande énergétique. Le baril de light sweet crude (WTI) pour livraison en février a perdu 1,47 dollar, à 88,66 dollars, sur le New York Mercantile Exchange (Nymex). A Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en février a clôturé à 108,97 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE), en baisse de 1,23 dollar par rapport à la clôture de la veille. Après des jours d'optimisme sur un possible compromis budgétaire, les investisseurs ont été refroidis par l'incapacité des républicains du Congrès à s'accorder sur leur propre plan de secours. Leur chef de file, John Boehner, a dû renoncer, jeudi soir, à soumettre à la Chambre des représentants une proposition de loi qui supprimerait des avantages fiscaux pour les foyers les plus aisés, nombre d'élus de son propre parti refusant par principe toute augmentation des impôts. Cela laisse augurer de négociations difficiles avec les démocrates, qui souhaitent, eux, accroître l'imposition des ménages gagnant plus de 400 000 dollars par an. Aussi les courtiers s'inquiètent-ils de la possibilité que le pays se heurte vraiment au +mur budgétaire+, un ensemble de coupes drastiques dans les dépenses et de hausses d'impôt qui entreraient en vigueur début 2013 faute d'accord d'ici à la fin de l'année, a souligné Robert Yawger, de Mizuho Securities US. Cela risquerait de faire tomber en récession une économie encore fragile et de plomber la demande énergétique du pays, premier consommateur de brut de la planète. Si dans les prochains jours les inquiétudes des investisseurs s'aggravent, la Bourse pourrait chuter fortement et emmener dans son sillage l'ensemble des marchés, selon l'analyste. Déjà le billet vert, considéré comme une valeur refuge, se renforce face aux autres devises, ce qui rend moins attractifs les achats de bruts libellés en dollars pour les investisseurs munis d'autres monnaies. Sans appétit des investisseurs pour les actifs risqués comme les matières premières, les marchés du pétrole sont plus dépendants de leurs propres fondamentaux et ces derniers ne sont pas vraiment solides, a remarqué Timothy Evans de Citi. L'analyste met notamment en avant le fait que les réserves de brut aux Etats-Unis s'établissent actuellement à 371,6 millions de barils, soit 14,9% de plus qu'il y a un an. Les tergiversations autour du budget ont complètement occulté des données par ailleurs plutôt bonnes, a remarqué M. Yawger. La consommation des ménages a notamment rebondi en novembre, de 0,4% en rythme annualisé, soutenue par une une forte progression des revenus des Américains (+0,6%). Les commandes de biens durables ont sur la même période augmenté plus que prévu. L'indice de confiance des consommateurs américains de l'Université du Michigan fait toutefois état d'une chute du moral des ménages aux Etats-Unis en décembre. En Asie, le pétrole s'affichait en baisse, avant-hier matin, en raison de prises de bénéfices et dans un marché toujours inquiet des risques d'impasse budgétaire aux Etats-Unis si les discussions entre démocrates et républiques se grippent. Le baril de light sweet crude (WTI) pour livraison en février cédait 70 cents à 89,43 dollars. Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison à même échéance abandonnait 45 cents, à 109,75 dollars. Après une hausse des cours au cours des derniers jours, les opérateurs prennent leurs bénéfices, a indiqué Jason Hughes, chef de la gestion des clients premium chez IG Markets Singapore. Nous avons aussi une approche plus prudente en Asie au cas où les responsables politiques américains ne parviennent pas à se mettre d'accord pour éviter " le mur budgétaire ".