C'est sous le signe de l'instauration de la paix et de la stabilité que les trois Premiers ministres tunisien, libyen et algérien se sont rencontrés samedi à Ghadamès (Libye). La composition des délégations accompagnant ces officiels peut donner une indication des sujets qui ont été abordés. Rarement un communiqué publié par semblable sommet régional n'a été aussi clair. Pour la première fois, une rencontre à haut niveau se tient à l'échelle régionale pour mettre à l'épreuve une seule capacité d'imaginer, de prévoir et de construire ensemble des structures et interventions, aptes à réduire la menace de déstabilisation de la région. Clair en ce sens qu'il dégage un consensus et une meilleure approche sécuritaire plus cohérente et préventive, pour faire face aux dangers et menaces sécuritaires qui ciblent les trois pays voisins. C'est ce qui laisse supposer que cette nouvelle appréciation de la situation au Maghreb, à la lumière des événements intervenus ces derniers mois, notamment la crise grave que traverse le Mali, la volonté des trois Etats à former des " Groupes de travail " pour mettre en place une " approche commune " sur les défis sécuritaires et de favoriser l'échange de données et d'informations sur ces menaces (Groupe terroristes, réseaux de trafic d'armes et de grogues, émigration clandestine). Il s'agit là d'une anticipation politique à sauvegarder le développement positif et réaliste de la région. En dépit des événements survenus tant en Libye qu'en Tunisie, en dépit aussi d'options internes en apparence éloignées entre les trois pays, l'Algérie, en participant à cette rencontre " historique ", a tenu à s'engager dans des conceptions très proches afin de parvenir à la consécration du développement socioéconomique de la région avec comme préalable l'instauration de la paix et de la stabilité. Une marche vers la stabilité totale qui devrai être graduelle et progressive et en commun, plutôt qu'en ordre dispersé. A l'image de ce qui prévaut actuellement au nord du Mali, les peuples maghrébins n'ont aucun désir, aucune intention d'être entraînés dans une pareille aventure, mais étant donné l'état actuel de la faiblesse et d'insécurité où se trouvent nombre d'Etats maghrébins et africains, cette recherche de bases et de sécurité est la meilleure arme à faire prévaloir contre tous ces phénomènes. Les pays de la région doivent être conscients, et surtout donner à cet impératif toute l'exigence voulue. Sur ce point, le Premier ministre, Sellal, a été assez précis : " Il est indispensable d'user de tous les moyens disponibles pour assurer la protection des trois pays. Le problème de sécurité entre la Tunisie la Libye et l'Algérie n'est pas facile " dans la mesure où " ils sont menacés par la montée des tensions au Mali et en Somalie ". Il s'agit là d'un " catalogue " de principes concrets à faire valoir d'autant plus important qu'il témoigne de la part des autorités algériennes une volonté farouche à franchir toutes les barrières pour que la paix règne dans la région. Le climat d'entente entre l'Algérie, la Tunisie et la Libye est donc propice à des horizons nouveaux. Les circonstances l'imposent même sur toutes sortes d'autres sujets. Un fait est certain, la rencontre de Ghadamès est à même de donner une autre identité régionale et la force politique et économique qui pourrait intervenir aidera à résoudre efficacement les problèmes complexes que doivent affronter les trois pays.