Les cours du pétrole ont terminé en nette baisse avant-hier, pénalisés par des prises de bénéfices à l'orée d'un long week-end sur les marchés financiers américains, dans un contexte de hausse du dollar et d'inquiétudes pour la zone euro. Le baril de light sweet crude (WTI) pour livraison en mars a cédé 1,45 dollar à 95,86 dollars, sur le New York Mercantile Exchange (Nymex). A Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en avril, dont c'est le second jour d'utilisation comme contrat de référence, a fini à 117,66 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en baisse de 34 cents par rapport à la clôture de la veille. Le pétrole new-yorkais a ainsi effacé ses gains de la semaine, après s'être hissé mercredi jusqu'à 98,11 dollars le baril, les courtiers se retirant du marché à la veille d'un long week-end car lundi est un jour férié aux Etats-Unis. En l'absence de nouvelles susceptibles de faire bouger les cours, il apparaît difficile de déceler les raisons d'une telle chute des prix, a noté Kyle Cooper, de Houston consultancy IAF Advisors. Il semble que ce soit un mouvement de prises de bénéfices plus qu'autre chose, a-t-il ajouté. Des inquiétudes au sujet des perspectives de demande en or noir ont aussi accentué cette tendance baissière. Aux Etats-Unis d'une part, malgré la publication d'un indicateur manufacturier relativement bon, les courtiers se sont inquiétés d'un léger recul de la production industrielle en janvier dans le pays alors que les analystes s'attendaient à une hausse. La production industrielle est un indicateur que les opérateurs regardent de très près. Plus elle augmente, plus la demande en produits pétroliers augmente, a expliqué Andy Lebow, de Jefferies Bache. Des craintes sur la santé économique de la zone euro, qui s'est encore enfoncée dans la récession au quatrième trimestre, renforçaient ces inquiétudes pour la demande. Les opérateurs étaient aussi gagnés par un regain de frilosité alors que s'est ouverte avant-hier une réunion des ministres des finances du G20 à Moscou, où devrait être évoquée les craintes d'une guerre des monnaies. Les courtiers s'attendent à une réunion potentiellement agitée, a souligné Matt Smith, de Schneider Electric. La nervosité des cambistes accentuait le rebond du dollar, considéré comme une valeur refuge face à la monnaie unique européenne notamment. Or, un renchérissement du billet vert a tendance à affaiblir les cours du brut, libellés en dollars, car ils deviennent moins intéressants pour les investisseurs munis d'autres devises. Les opérateurs ont par ailleurs ignoré une nette hausse des prix de l'essence aux Etats-Unis qui se sont appréciés de 15 cents le gallon au cours des deux dernier jours, a relevé Andy Lipow, de Lipow Oil Associates. Or, quand on observe un gros mouvement à la hausse sur l'essence, sans que cela ne provoque de réaction sur les prix du brut, c'est généralement un signe que le marché est bien approvisionné sur le front du brut, a noté Phil Flynn, de Price Futures Group. En Asie, le pétrole était mitigé dans les échanges matinaux, tiraillé entre les chiffres décevants sur la croissance en Europe et des données encourageantes sur l'emploi aux Etats-Unis. Le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en mars prenait 3 cents, à 97,34 dollars, tandis que le baril de Brent de la mer du Nord, échéance avril, cédait 3 cents à 117,97 dollars.