Carla Del Ponte a appelé, avant-hier, le Conseil de sécurité de l'ONU à agir "d'urgence" et à saisir la Cour pénale internationale (CPI) pour les crimes de guerre commis en Syrie. Au même moment, le président Bachar al-Assad s'est dit sûr de la victoire de ses troupes sur les rebelles. "Nous avons suffisamment de preuves. C'est le moment de saisir la justice internationale", a déclaré la Tessinoise au nom de la commission d'enquête de l'ONU sur les crimes commis en Syrie, lors d'une conférence de presse à Genève. Selon elle, "il est incroyable que le Conseil de sécurité n'ait pris aucune décision". "Des crimes continuent à être perpétrés, le nombre de victimes augmente chaque jour, justice doit être rendue", a-t-elle insisté, soulignant que seul le Conseil de sécurité peut décider de saisir la CPI dans le cas de la Syrie. Dans son rapport, qui doit être examiné le 11 mars par le Conseil des droits de l'homme, la commission présidée par le Brésilien Paulo Pinheiro dénonce une violence et une indifférence croissantes à l'égard de la vie humaine de la part de tous les belligérants, ainsi que la radicalisation et la militarisation du conflit. Des responsables de haut niveau du côté gouvernemental ont été identifiés parmi les suspects de crimes contre l'humanité et de crimes de guerre en Syrie, a indiqué Carla del Ponte. Leurs noms seront conservés de manière confidentielle jusqu'à ce qu'un tribunal lance une enquête.Mme Del Ponte a regretté que Damas n'ait pas répondu à ses demandes d'accéder au territoire syrien. Elle a aussi relevé que la commission peine à documenter les abus commis par les opposants au régime du président Assad. M. Assad, lui, se montre tout aussi inflexible qu'au début de la crise. Il a ainsi affirmé avoir la "certitude" de pouvoir gagner la guerre. L'armée syrienne, elle, a affirmé qu'elle se préparait à "nettoyer" dans les prochaines 48 heures la zone tenue par les insurgés, tandis que des combats se poursuivaient dans le secteur.